Pour Stéphane Richard, Bruxelles est trop naïf avec Apple et Google

Mickaël Bazoge |

Stéphane Richard le PDG d'Orange, a sorti la grosse artillerie contre Google, Apple, Facebook et Amazon, aimablement regroupés sous l'acronyme « Gafa » par le dirigeant. Durant les 4èmes rencontres de l'Udecam (Union des entreprises de conseil et d’achat média), le rendez-vous annuel des publicitaires, il s'en est pris vertement à ces grands groupes américains qui « considèrent l'Europe comme un comptoir », dénonce-t-il. Dans la ligne de mire de Stéphane Richard, les autorités européennes, qui ouvriraient un boulevard à ces entreprises : «  La cible la plus facile, celle où ils rentrent comme dans du beurre, c’est l’Europe ».

Les Gafa ciblent un vieux continent bénéficiant d'un « bassin de clients avec un pouvoir d’achat encore assez élevé ». L'Europe est devenue « la cible numéro un », devançant même les États-Unis « où c'est plus compliqué », estime t-il. Les groupes américains qui, comme Apple, peuvent venir se servir aussi facilement sur le marché européen, profitent d'une certaine faiblesse de Bruxelles : « Les autorités européennes ont été souvent naïves par rapport aux grands géants américains, il y a une espèce de fascination », note le patron d'Orange qui en veut pour preuve « le règlement récent entre la Commission et Google » concernant le dossier sur les pratiques anticoncurrentielles... sauf que ce n'est pas le cas. Certes, la Commission a accepté la deuxième série de propositions du moteur de recherche au début de l'année, mais il faut encore convaincre les plaignants et le Wall Street Journal a annoncé cet été que l'autorité pourrait finalement demander de nouveaux efforts à Google. L'affaire est donc loin d'être réglée.

Si Apple, Facebook et Amazon sont visés par cette diatribe, c'est Google qui a concentré l'essentiel des critiques de Stéphane Richard. La domination du moteur de recherche dans son secteur (la recherche sur internet est « assuré à 90/95% dans la plupart des grands pays du monde par Google ») pose un « vrai risque » qui s'incarne notamment dans Android, considéré comme un « cheval de Troie ».

Le PDG d'Orange n'a pas oublié de défendre son propre groupe face aux pratiques d'évitement fiscal des Gafa. Il pointe une inégalité fiscale « extraordinaire » alors que l'opérateur paye beaucoup d'impôts, « 4 milliards d’euros pour Orange, contre les Américains qui n’en paient quasiment pas en Europe ». Ce discours particulièrement offensif s'est toutefois nuancé sur la fin, car il reste nécessaire, pour les opérateurs européens, de continuer à travailler et à innover avec ces sociétés américaines.

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