Apple accusée de fermer les yeux sur des violations de règles de travail en Chine

Stéphane Moussie |

Apple est accusée de ne pas avoir tenu compte sciemment d'une loi sur les règles de travail en Chine. Fait notable, l'accusation ne vient pas d'une ONG, comme c'est généralement le cas, mais d'anciens employés, dont les propos sont étayés par des documents internes.

Ce sont trois anciens membres de l'équipe d'Apple dédiée à la responsabilité des fournisseurs ainsi qu'un ancien cadre au fait des opérations de production en Chine qui se sont confiés à The Information.

Capture d'écran du site d'Apple

L'affaire porte sur une loi introduite en 2014 qui dispose que la part des intérimaires ne doit pas excéder 10 % de l'effectif total, ceux-ci étant plus précaires que les autres. Un délai de deux ans avait été mis en place pour que les entreprises se conforment à cette loi.

Durant ce délai, Apple a interrogé 362 de ses sous-traitants et a découvert que près de la moitié d'entre eux dépassaient ce quota, d'après un document interne consulté par The Information. La Pomme a alors demandé à ces sous-traitants de se mettre en conformité d'ici le mois de mars 2016.

Le problème, c'est que, selon les ex-employés d'Apple, les fournisseurs ne sont pas tous rentrés dans le rang une fois le dernier délai passé et qu'Apple n'a pas pris d'action forte contre ceux-ci, alors qu'elle était au courant de la situation.

Apple a déjà été épinglée sur le sujet l'année dernière : l'ONG China Labor Watch avait déterminé que les intérimaires et stagiaires avaient représenté en août 2019 environ 50 % de la main-d'œuvre chinoise de Foxconn, le principal assembleur des iPhone. Apple avait alors reconnu que « le pourcentage d'employés temporaires dépassait [ses] normes » et indiquait travailler « en étroite collaboration avec Foxconn pour résoudre ce problème. »

D'après les quatre anciens employés d'Apple qui étaient au contact des fournisseurs, c'est en fait un problème profond, car lié à la stratégie globale. Pour éviter les fuites, Apple retarde autant que possible la production de ses produits, ce qui influe directement sur l'embauche de main-d'œuvre temporaire.

« Notre modèle commercial basé sur "la surprise et le plaisir" requiert une grande quantité de main-d'œuvre sur une courte période lors des lancements de produits. Il est compliqué pour nos fournisseurs de se conformer à la loi dans une telle situation, car le quota de 10 % de travailleurs temporaires n'est tout simplement pas suffisant lors des lancements », est-il écrit dans une présentation interne d'Apple datant de 2015.

Apple a répondu aux révélations de The Information en déclarant que son code de conduite était « le plus strict de l'industrie. » « Les usines emploient occasionnellement de la main d'œuvre temporaire et nous surveillons cela de près pour nous assurer du respect de notre code. Là où nous trouvons des problèmes, nous collaborons étroitement avec le fournisseur sur des mesures correctives », ajoute l'entreprise.

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