La crise pourrait faciliter l'avènement de l'Apple Car

Christophe Laporte |

Il en est moins question ces temps-ci, mais Apple n’a semble-t-il pas tiré un trait sur ses ambitions dans le domaine de l’automobile. Les rumeurs restent vagues et même un analyste comme Ming-Chi Kuo ne s’attend à rien avant l’horizon 2023-2025.

Le sujet est toutefois de retour sur la table de certains analystes. Katy Huberty insiste sur le fait que la puissance financière d’Apple et par conséquent les sommes qu’elle peut allouer à sa R&D sont sans commune mesure avec ce qui se fait dans l’industrie automobile. Le budget recherche et développement d’Apple pour l’ensemble de ses activités devrait flirter avec les 19 milliards de dollars. À titre de comparaison, celui de l’ensemble de l’industrie automobile avoisinera sur la même période les 80/100 milliards de dollars.

Le changement de business modèle opéré par Tim Cook depuis quelques années déjà ouvre également des perspectives à Apple dans ce domaine. Lorsqu’Apple travaillait d’arrache-pied sur son projet Titan, beaucoup se demandaient comment Apple allait parvenir à tirer son épingle du jeu. Habituée à faire 40 % de marge sur ses produits, une voiture Apple rapporterait dans le meilleur des cas quelques points de marge.

La nouvelle Apple a montré qu’elle pouvait aborder les choses de manière bien différente, si le jeu en valait la chandelle. Son service de vidéo à la demande, Apple TV+, est au coeur de ses produits, mais également sur un grand nombre de téléviseurs de tierce partie. Si vous avez acheté récemment un récepteur Sony, Samsung ou LG, vous pouvez regarder les dernières séries Apple ou diffuser une vidéo depuis votre iPhone, le tout sans posséder une Apple TV. Voilà qui était impensable il y a quelques années.

Au final, pour mettre un premier pied dans le domaine de l’automobile, Apple a fait de même en signant des accords avec de nombreux constructeurs pour intégrer CarPlay, qui au passage est l’une des belles réussites d’Apple ces dernières années. Les utilisateurs s’habituent à avoir une expérience Apple dans leurs voitures. Son copilote (Apple le présente ainsi) agit comme un cheval de Troie. La difficulté pour Apple consiste à passer à l’étape suivante. Comment passer du CarPlay co-pilote à une plate-forme complète qui contrôlerait entièrement ou presque la voiture et la faire payer aux constructeurs et/ou aux clients sous forme d’abonnement ?

Mais tout est une histoire de contexte et pour Apple, ainsi que pour les GAFA de manière générale, celui-ci est porteur. L’industrie automobile s’apprête à vivre des moments difficiles et pourrait ainsi être sujette à des alliances que l’on pensait il y a peu difficiles, voire impossibles.

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