Travailler pour Apple n'est pas comme travailler chez Apple

Florian Innocente |

Travailler pour Apple mais pas chez Apple, la nuance est subtile mais concrète pour des salariés que Bloomberg a rencontrés. Ces (souvent) jeunes employés sont recrutés par Apex Systems, une entreprise qui fournit à ses clients une main d'œuvre plus ou moins spécialisée pour des contrats à durée limitée.

Hammerwood Avenue, une zone industrielle au nord de Cupertino où travaillent des équipes d'Apple et celles d'un sous-traitant, à l'amélioration de Plans

Dans le cas présent, ces recrues travaillent en Californie, sur le contenu de l'application Plans. Ils vérifient et corrigent des erreurs qui ont été signalées sur les cartes d'Apple (lire : Apple Plans : le dessous des cartes).

Ils ont un pied chez la Pomme mais il n'en tirent pas véritablement de bénéfices. D'autres font le même travail à Austin (Texas), à Londres, en Inde ou en République tchèque (dans ce dernier pays, Apple compte également sur son sous-traitant Pegatron pour le SAV des iPhone en Europe, ou pour soulager ses équipes lors des remplacements de batteries). Des "Black sites" pour reprendre l'expression employée dans l'article.

La rémunération (25 $ de l'heure) est supérieure à la moyenne nationale (20 $) mais inférieure à celle en Californie (30 $), où la vie est chère. Certaines des personnes interrogées racontent avoir été embauchées sans être préalablement prévenues qu'une phase de test précèderait la signature du contrat. En cas d'échec sur la période d'essai, c'est la porte et tant pis si un appartement avait été loué à prix d'or dans la région.

D'autres parlent de surveillance exacerbée (les managers peuvent être alertés lorsqu'un poste reste en veille trop longtemps). Il y a ceux qui sont venus avec la perspective d'une embauche par Apple. C'était une carotte tendue par les recruteurs. Seulement, l'été dernier, consigne fut donnée de supprimer des profils Linkedin toute mention d'Apple, pour le remplacer par un phrasé plus anonyme : « A Major Tech Company Via Apex Systems ».

Des avantages en moins (pas d'accès à la salle de gym), une séparation d'avec les employés d'Apple travaillant sur le même site (jusqu'aux toilettes, distinctes aussi), ce sont deux univers sous un même toit mais qui ne se fréquentent pas. Ces salariés, interchangeables, se retrouvent souvent à occuper par la suite des postes similaires dans les services de cartes de Facebook, Uber ou de Google.

Plus près de nous, Apple fait aussi appel à des sociétés tierces pour épauler ses équipes internes. Lorsque ses techniciens ont été débordés par l'opération de remplacement des batteries d'iPhone, elle a envoyé des téléphones chez Pegatron en République tchèque (Pegatron est l'un des gros assembleurs d'iPhone avec Foxconn). Ce contrat de SAV se poursuit aujourd'hui.

Il y a ensuite le cas d'AppleCare. En Irlande, Apple a ses propres spécialistes mais elle se repose en plus sur des équipes gérées par des tiers, comme en France, où les conditions de travail ont été parfois dénoncées par les premiers intéressés (lire Nouvelle grève dans l'équipe AppleCare de Conduent en Ardèche).

Apple a mené un audit surprise sur les lieux cités par Bloomberg. Les conditions de travail y ont été jugées conformes à ce qui se pratique ailleurs, mais des discussions vont avoir lieu avec Apex sur les procédures d'embauche et de fin de contrat, a précisé la Pomme.

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