Nouvelle polémique autour du coût des réparations pratiquées par Apple

Mickaël Bazoge |

Ce ne sera une surprise pour personne : les coûts des réparations chez Apple sont élevés (hors garantie AppleCare). Le réseau canadien CBC a pu s’en rendre compte avec une séquence réalisée caméra cachée dans un Apple Store de Toronto, durant laquelle un utilisateur de MacBook Pro cherche à faire réparer son ordinateur.

Après avoir ouvert la machine, le Genius a de bien mauvaises nouvelles : le témoin d’humidité à l’intérieur de l’ordinateur a viré au rouge, ce qui signifie qu’il faut remplacer une bonne partie des composants. La facture est de 1 200 $, et s’il faut remplacer l’écran, il en coûtera 780 $ de plus. Autant acheter un nouveau MacBook…

Mais voilà, pour retrouver un ordinateur fonctionnel, il suffisait de rétablir un contact dans un câble. Une réparation « bout de ficelle » réalisée par Louis Rossmann, un réparateur de New York bien connu pour ses vidéos sur YouTube. Cette opération, qui lui a pris une poignée de minutes, n’est pas facturée au client car il s’agit d’une solution à court terme.

Si le client veut une réparation pérenne, il lui faudra dépenser entre 75 et 150 $. On est loin des 1 200 $ demandés par Apple… Le documentaire de la CBC se poursuit avec l’intervention de Kyle Wiens, fondateur et patron d’iFixit qui milite pour le droit à la réparation. Une avocate à l’origine d’une class action liée aux batteries qui dégradent les performances des iPhone, est aussi interrogée.

Ce reportage peut sembler quelque peu à charge, mais comme d’habitude avec ce type de sujets, Apple donne le bâton pour se faire battre. Le constructeur a refusé de participer, se retranchant derrière une déclaration selon laquelle les réparations effectuées dans ses magasins sont réalisées par des experts utilisant des composants certifiés.

Il aurait pourtant été bon de la part d’Apple de rappeler que si certaines réparations doivent être réalisées par des opérateurs certifiés, c’est aussi pour une question de sécurité. Contrairement à ce que Kyle Wiens donne à penser dans le reportage, Apple ne fait pas que remplacer le bouton d’accueil de l’iPhone : c’est tout le barda derrière, et notamment le capteur d’empreintes Touch ID, qui est changé.

Néanmoins, le constructeur n’hésite pas à multiplier les obstacles pour les réparateurs non agréés ; la puce T2 est ainsi en mesure de bloquer toute opération de réparation sur les iMac Pro et les MacBook Pro (Apple n’a pas activé cette possibilité). Apple est également fortement engagée contre les lois sur le droit à la réparation qui fleurissent un peu partout aux États-Unis.

Et il a fallu un boucan infernal pour qu’Apple reconnaisse sa responsabilité dans l’affaire des performances dégradées en raison des batteries (lire : Batteries d'iPhone : Tim Cook a la mémoire bien sélective). La Pomme n’aime pas qu’on trifouille dans ses appareils et elle ne veut pas que n’importe qui puisse remplacer des composants par des pièces non certifiées et potentiellement dangereuses pour l’utilisateur.

Le constructeur a clairement placé le curseur très loin en matière de verrouillage de ses appareils. On peut évidemment ne pas être d’accord avec ces pratiques, mais celles-ci (au moins une partie) peuvent s’expliquer. Mais en l’absence de communication ad hoc de la part d’Apple, il est certain que ce type de reportages conservera une part de sensationnalisme propre à alimenter la théorie du complot.

Accédez aux commentaires de l'article