Des dizaines de cadres de Tesla ont pris la route pour Apple

Florian Innocente |

Apple a aspiré ces derniers mois un nombre significatif d'employés de Tesla, observe CBNC en se basant sur des témoignages directs ainsi que sur l'annuaire Linkedin.

Tesla, Model 3

Il y a quelques jours, une défection importante a remis le sujet en lumière mais c'est l'arbre qui cache la forêt (lire Apple réembauche Doug Field, le responsable ingénierie de Tesla).

Depuis la toute fin 2017, les changements de profils sur Linkedin révèlent qu'au moins 46 personnes ont quitté Tesla pour s'en aller chez Apple (huit d'entre elles étaient des ingénieurs stagiaires). Un nombre qui ne prend pas en compte ceux qui n'ont peut-être pas encore actualisé leur C.V en ligne (c'est le cas de Doug Field).

Les compétences sont très variées avec des spécialisations dans les chaînes d'assemblage, la sécurité, le logiciel, la gestion des fournisseurs. Apple a déshabillé Tesla de gens qualifiés dans les aspects matériels de ses véhicules : le système de motorisation électrique, l'ingénierie mécanique, le firmware et le contrôle qualité.

Tous ne vont pas nécessairement travailler sur le projet de véhicule d'Apple, prévient CNBC. Ces compétences, par exemple sur les batteries ou les processus de fabrications, peuvent très bien s'appliquer à d'autres produits. Un employé de Tesla, resté en contact avec d'anciens collègues désormais chez Apple, raconte que la Pomme veut notamment renforcer son contrôle de la chaîne de fabrication de ses produits et des machines et outils qu'elle utilise.

D'après les témoignages collectés, le retour de Field chez Apple a été reçu comme une douche froide chez certains employés (il avait d'abord pris congé de Tesla sans indiquer ses intentions futures). Des employés relèvent en outre que le nombre de départs volontaires s'est accru.

Une affirmation que conteste Tesla, en soulignant qu'au contraire ils ont baissé d'un tiers depuis un an. Le constructeur renvoie vers une page annonçant des recrutements de cadres en mai dernier, parmi lesquels figure un responsable d'Apple, Neeraj Manrao ex "Director Apple Audio Technical Opération" et maintenant "Director of Energy Operations".

Deux motivations à changer d'employeur sont citées : les produits d'Apple d'une part et, d'autres part, le niveau des salaires qui est estimé à une fois et demi plus élevé à Cupertino. Pour qui vit dans la baie de San Francisco ce n'est pas un argument secondaire.

La très bonne tenue de l'action Apple comparée à celle de Tesla, indexée sur les déclarations parfois aventureuses d'Elon Musk, participe à cet intérêt d'aller chercher un peu plus de stabilité.

Tesla admet volontiers qu'il ne peut retenir ses employés comme il le souhaiterait lorsqu'il évoque précisément cette question salariale dans une déclaration faite à CNBC. Apple y est décrite comme la voie de la facilité :

Nous leur souhaitons bonne chance. Tesla est le chemin difficile. Nous avons 100 fois moins d’argent qu’Apple, alors bien sûr, ils peuvent se permettre de payer plus.

Tesla se pose ensuite en une sorte de David faisant face à plusieurs Goliath, en oubliant un peu vite que si Tesla produit moins de véhicules que les autres c'est aussi parce que son patron, bravache comme il sait l'être, avait annoncé des chiffres qu'il n'a pu tenir. Et Tesla oublie aussi un peu rapidement qu'il jouit d'une couverture médiatique assez gigantesque comparativement à sa taille et que ses prix ne sont en rien un frein à l'attrait pour ses voitures :

Nous affrontons des batailles extrêmement difficiles contre des constructeurs automobiles bien établis qui, l'année dernière, ont fabriqué 100 fois plus de voitures que nous. Nous n’avons même pas d’argent pour de la publicité, pour du sponsoring ou pour offrir des rabais, et nous devons donc survivre uniquement grâce à la qualité de nos produits.

Néanmoins, nous croyons en notre mission et cela vaut la peine d'y sacrifier du temps et les vagues incessantes de critiques venant de ceux qui nous souhaitent le pire. Le monde doit aller vers les énergies durables et ce, dès maintenant.

À la fin de l'année dernière, Tesla comptait environ 37 500 employés, depuis la conception jusqu'à l'assemblage des véhicules.

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