Keynote : des emojis, mais pas de système de fichiers

Christophe Laporte |

Cette année, le keynote de la WWDC a duré deux heures. C’est trente minutes de moins que l’édition 2015, mais c’est déjà très long. Il faut cependant bien cela pour faire le tour d’iOS 10, de macOS Sierra, de watchOS et de tvOS.

Et en deux heures, Apple n’a pas le temps de faire le tour des nouveautés. La preuve, 48 heures après, on en découvre encore. On aura d’ailleurs l’occasion d’en reparler, mais c’est assez impressionnant de voir Apple parvenir à faire progresser de front ces quatre plates-formes logicielles. Certes, elles ont des points communs, mais cela reste un tour de force. Surtout quand on sait que ce n’est que la partie visible de l’iceberg, et qu’elle concentre apparemment une grande partie de son énergie sur certains projets.

C’est sans doute cette multitude d’annonces logicielles qui pousse Apple à éviter le plus possible de présenter des nouveautés matérielles à cette occasion. Par contre, n’en déplaise au Californien, les annonces logicielles de cette semaine et les découvertes faites ici ou là au coeur de ses systèmes donnent un avant-goût de ce qui nous attend à la rentrée.

On ne serait pas étonné que l’iPhone 7 soit en mesure de prendre des photos en RAW (lire : iOS 10 prend en charge le format RAW pour la photo), ce serait une bonne manière de pousser les utilisateurs à opter pour le modèle 256 Go. On ne serait pas surpris non plus que les prochains MacBook Pro embarquent un capteur Touch ID et disposent d’un ruban tactile LED. Ces découvertes logicielles ne font que confirmer les rumeurs qui circulent autour des prochains portables Apple. D’autre part, cela semble se confirmer que 2016 sera une bonne année pour AMD en ce qui concerne sa présence sur les nouveaux Mac. On finira ce tour d’horizon en se demandant ce qu’Apple prépare avec sa toquante en ce qui concerne la gestion du sommeil, vu que cette notion prend de l’importance dans iOS 10 (lire : iOS 10 : quand s'éveille la fonction Réveil) .

Pour en revenir au keynote en lui-même, Apple a beau avoir un savoir indéniable en matière de présentation, il faut faire des choix. Et beaucoup ont été surpris que l’on découvre peu de temps après la fin du keynote, l’existence d’un tout nouveau système de fichiers. A ne pas en douter, APFS est l’une des nouveautés majeures de cette WWDC 2016. Cela fait des années que les développeurs et observateurs attendent un successeur au vieillissant HFS+, qui avait l’année dernière reçu les louanges de Linus Torvalds. Le père de Linux l’avait traité de pire système de fichiers jamais créé.

Rien que pour cela, APFS aurait sans doute mérité un petit chapitre au keynote. Mais, la conférence de la WWDC est de plus en plus suivie par un public de plus en plus large, qui n’est pas forcément sensible à ce genre de choses. Dans une interview donnée à John Gruber, Phil Schiller et Craig Federighi justifient cette décision.

« Nous travaillons toute l’année sur un nouveau système de fichiers ou quelque chose d’autre, mais à la fin les gens sont plus excités par l’apparition de nouveaux emojis ». Partant de ce (triste ?) constat, ils ont donc décidé de lourdement insister sur l’expérience d’utilisation de Messages, qui est il est vrai peut-être l’un des services les plus sous-estimés d’Apple.

HFS+ est apparu en 1998 avec Mac OS 8.1

Reste que la WWDC ne se limite pas à une conférence. Et APFS a eu le droit à sa petite présentation dans State of the union, l’autre conférence phare de la WWDC. Enfin, sachant qu’APFS est également synonyme de changements assez importants (FileVault, Time Machine pour ne citer que deux technologies au coeur de macOS) dans les systèmes qu’il occupera à partir de l’année prochaine, Apple n’avait pas forcément intérêt à trop insister dessus.

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