Apple n'apporterait aucun soutien à Donald Trump

Florian Innocente |

Apple a informé en privé les leaders du Parti républicain qu’elle n’apporterait aucune forme de soutien à leur future convention présidentielle. Deux sources au fait de ces échanges, ont expliqué au quotidien Politico qu’Apple avait pris ombrage des propos de Donald Trump sur les femmes, les minorités et les immigrés.

En février dernier, Trump s’était rangé sans ambiguïté du coté du FBI dans la polémique autour de l’iPhone de San Bernardino. Contrairement à sa future adversaire Hillary Clinton, qui avait souligné la complexité du problème que posait le cas de cet iPhone verrouillé.

Trump, lui, avait manifesté son exaspération à l’endroit d’Apple : « Pour qui se prennent-ils ? Non, nous devons accéder à ce téléphone » (lire aussi Donald Trump veut boycotter Apple en tweetant depuis son iPhone).

Cette convention, qui devrait donner à Trump le statut de candidat officiel du parti pour l’élection de novembre se tiendra du 16 au 21 juillet à Cleveland.

Apple ne donnera ni argent, ni assistance technique au travers de la mise à disposition de matériels et logiciels. Ce que les entreprises high-tech ont généralement coutume de faire, sans pour autant s’engager derrière un camp en particulier. HP a également prévu de boycotter cette conférence.

D’autres, tels Microsoft, Google ou Facebook devraient à l’inverse y contribuer. Habituellement, les entreprises de ce secteur assistent les partis de manière égale. Politico rappelle qu’en 2008, Apple avait fourni à chacun des deux camps l’équivalent de 140 000 dollars en portables et autres produits.

En avril dernier, Google a déclaré qu’il assurerait la technique pour la retransmission en live de cette convention, qu’il fournirait des gadgets de réalité virtuelle et compilerait des données liées à l’événement. Au même moment, Microsoft annonçait qu’il mettrait à disposition des portables et des logiciels mais pas d’argent, aux organisateurs des deux conventions.

Tout cela alors que la perspective de voir Trump accéder au Bureau ovale a agité les figures de la Silicon Valley au début de l’année. Sans que cela débouche visiblement sur quoi que ce soit de concret, hormis ces prises de position d’Apple et d’HP (lire Une coalition de grands patrons, dont Tim Cook, contre Donald Trump).

Début juin, c’est Intel qui s’est retrouvé en plein cafouillage à propos de l’engagement supposé de son patron Brian Krzanich derrière Trump. Krzanich avait dû annuler en catastrophe une réunion de collecte de fonds (prévue pour rester discrète), après qu’elle eut été éventée par le New York Times. Intel s’était trouvé obligé de déclarer que « Brian Krzanich ne soutenait aucun des deux candidats à la présidentielle. [Nous] sommes intéressés par les deux campagnes afin d’avoir un dialogue ouvert sur les sujets importants au sein de l’industrie des technologies ». Le soutien personnel de Krzanich pour Trump aurait été également source de dissensions au sein de la direction Intel. D’aucuns se demandant si le CEO était naïf ou inconséquent.

Aucun responsable d’Apple ne s’est publiquement et directement exprimé sur Donald Trump, à une légère exception près dans le cas de Tim Cook. Lors de son récent voyage en Inde, il avait été interrogé sur le sujet et avait esquissé une critique en creux des positions du candidat républicain :

L’objectif que nous nous fixons est de faire les meilleurs produits qui enrichissent la vie des gens. Nos valeurs sont que nous sommes ouverts à tout le monde, nous croyons fermement dans la diversité et nous croyons que les meilleurs produits sont fabriqués par les gens les plus différents et nous accueillons tout le monde. C’est vers cela que nous portons… nous sommes assez bons pour nous libérer l’esprit de pas mal d’autres choses.

Il n’y a pas d’information à ce jour sur ce qu’Apple entend faire pour la convention des Démocrates qui se tiendra du 25 au 28 juillet à Philadelphie.

Accédez aux commentaires de l'article