San Bernardino : Apple jette le trouble sur le FBI

Mickaël Bazoge |

Dans le bras de fer qui oppose Apple au FBI, chaque partie se rend coup pour coup. Alors que le Department of Justice exige du constructeur qu’il respecte l’ordre de la cour de déverrouiller l’iPhone du tueur de San Bernardino, des dirigeants d’Apple ont discuté avec plusieurs journalistes pour défendre l’entreprise et remettre quelques pendules à l’heure.

John Paczkowski et Chris Geidner, de BuzzFeed News, livrent un compte-rendu de cette discussion, dans laquelle ces fameux dirigeants lâchent une bombe : l’identifiant Apple du fameux iPhone du terroriste a été modifié moins de 24 heures après que les autorités s’en sont saisi. Si cela n’était pas arrivé, Apple aurait pu dénicher les informations que le FBI désirait.

Kārlis Dambrāns, CC BY — Cliquer pour agrandir

Depuis début janvier, Apple est en contact avec le gouvernement US dans cette affaire. Le constructeur a proposé quatre manières de retrouver les informations qui intéressaient les autorités, sans avoir à construire de porte dérobée. Une de ces méthodes consistait à utiliser l’iPhone sur un réseau Wi-Fi connu de l’appareil, puis lancer une sauvegarde iCloud. Celle-ci aurait pu contenir les données réclamées par le FBI (des informations stockées entre le 19 octobre et la date des faits, le 2 décembre).

Le constructeur a envoyé plusieurs de ses ingénieurs pour tenter d’exploiter cette méthode, mais ils ont fait chou blanc. En revanche, ils ont fait une découverte troublante : l’identifiant Apple ID associé avec l’iPhone avait été changé. Par qui ? Et pour quel motif ? On l’ignore, mais le FBI affirme que cette modification a été réalisée par le service de santé de San Bernardino (propriétaire de l'iPhone et employeur de l'un des terroristes qui en avait l'usage) dans les heures qui ont suivi l'événement meurtrier.

Si Apple a aidé le FBI par le passé, dans le cas présent la situation est différente : les autorités réclament du constructeur qu’il développe une toute nouvelle version d’iOS qui permettrait de désactiver les mesures de sécurité. Par ailleurs, Apple rejette l’accusation de la justice selon laquelle la volonté de l’entreprise de protéger la confidentialité ne serait qu’une grosse ficelle marketing : Apple « aime son pays » mais elle refuse de voir les libertés civiles mises de côté.

De plus, si Apple devait finalement obéir aux ordres du FBI, cela créerait un précédent que d’autres gouvernements seraient tentés d’exploiter, ont expliqué ces dirigeants. En obéissant ainsi aux États-Unis, la Pomme serait en quelque sorte forcée d’obtempérer aux exigences de la Chine et d’autres pays assez peu regardants sur la défense de la vie privée de leurs citoyens. Cependant, aucun pays n’a encore fait part d’une telle requête.

[MàJ le 20/02] : ABCNews explique, d'après les informations données par une source, que la réinitialisation de l'iPhone a été réalisée par un membre du personnel technique du Département de la Santé du comté de San Bernardino. « Les enquêteurs fédéraux ne s'en sont rendus compte qu'après que la réinitialisation avait été effectuée et l'employé du compté a agi de son propre chef, et non pas sur les ordres des autorités fédérales ».

[MàJ à 19h25] : CountyWire, le flux Twitter officiel d’informations du comté de San Bernardino, précise que les services du comté en question ont travaillé en coopération avec le FBI et plus important, que le mot de passe iCloud a été modifié à la demande du FBI.

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