GT Advanced : un saphir de synthèse de plus en plus trouble

Mickaël Bazoge |

L'annonce de la faillite de GT Advanced, le fournisseur de saphir de synthèse pour Apple, a surpris beaucoup d'observateurs, qui prédisaient à l'entreprise un avenir doré sur tranche. Au fur et à mesure que les informations commencent à remonter à la surface, on commence à mieux comprendre certains tenants et aboutissants de cette affaire trouble.

Le Wall Street Journal avance ainsi quelques chiffres inquiétants : GT avait ainsi dépensé 248 millions de dollars au dernier trimestre, un montant conséquent qui a fait fondre les réserves financières de l'entreprise. Avec un trésor de guerre de 85 millions de dollars, GT se trouvait sous la ligne de flottaison des 125 millions sous laquelle Apple pouvait demander le règlement des 440 millions de prêts versés par le constructeur pour l'équipement de l'usine de Mesa.

Apple, qui s'était engagée à verser 578 millions de dollars à GT pour produire du saphir, a pour une raison inconnue retenu le versement de la dernière tranche de 139 millions. Le constructeur a t-il eu vent du soupçon de délit d'initié qui flotte autour du CEO de GTA Advanced ? Thomas Gutierrez a, la veille du special event du 9 septembre, vendu 9 000 actions de son entreprise. À 13,78$ l'action, il a encaissé 160 000$ — s'il l'avait fait ce lundi, où l'action s'est effondrée de 90%, cette vente ne lui aurait rapporté que… 7 200$.

Une « boule » de 115 kg de saphir de synthèse.

Quand il a été clair que ni l'iPhone 6, ni l'iPhone 6 Plus ne seraient recouverts de saphir de synthèse, l'action du groupe a commencé sa descente aux enfers. Or, on se rappelle à quel point la rumeur courait autour des nouveaux smartphones protégés par le revêtement ultra-résistant; ces bruits de couloir, non confirmés dans les faits, n'ont fait qu'augmenter la valeur de l'entreprise (l'action a été multipliée par deux sur les douze derniers mois). Gutierrez a t-il simplement fait preuve d'opportunisme ? En 2013, le CEO de GT n'avait vendu aucune de ses actions, tandis qu'il n'a cessé de le faire cette année, au point d'avoir empoché 10 millions de dollars : un pactole engrangé en grande partie sur la base de rumeurs.

Gutierrez a annoncé dans le communiqué de placement de GT sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites qu'il comptait faire repartir l'entreprise sur des bases saines. La société a fait le pari hautement risqué de changer de modèle économique, tout en ne dépendant pratiquement que d'un client. On sait à quel point Apple peut se montrer difficile avec ses fournisseurs, et le versement suspendu de 139 millions de dollars montre que quelque chose cloche actuellement dans ce partenariat.

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