Apple a-t-elle voulu s'offrir Nest ?

Florian Innocente |

Nest, achetée par Google, aurait-elle pu l'être par Apple ? Et cette dernière a-t-elle fait une offre ? C'est l'une des questions qui ont suivi l'annonce de cette acquisition de 3,2 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros). Il y a une certaine logique à se la poser. D'abord, les deux fondateurs de Nest viennent d'Apple, où ils ont participé à la conception de l'iPod. Et ce ne sont que les noms les plus connus. Ils ont entrainé à leur suite, bien d'autres cadres. Le directeur du marketing produit de Nest, par exemple, Maxime Veron, est aussi un ex-d'Apple (d'Apple France d'ailleurs à ses débuts).

Ensuite, les produits Nest reposent sur les mêmes qualités que ceux d'Apple : innovations techniques et design. Et pour parachever le tout, ils sont bien intégrés dans l'écosystème iOS (et Android). Pour autant, cela ne suffisait pas automatiquement à faire de la startup une proie potentielle pour Apple.

La Pomme n'a jamais, à ce jour, montré d'appétence pour investir les foyers autrement qu'avec des produits directement issus du domaine informatique et à la lisière de l'électronique de divertissement avec l'Apple TV. Apple ne rime pas (encore ?) avec domotique.

À la question de savoir si Apple a fait partie des sociétés que Nest intéressait, Tony Fadell a botté en touche dans plusieurs interviews. Il a répondu que Google représentait la meilleure opportunité de croissance pour sa société, à défaut d'être autorisé à dire si le moteur de recherche était le seul prétendant sous le balcon. De ce flou naissent par conséquent quelques interrogations.

[MàJ] : TechCrunch dit avoir appris qu'Apple avait été intéressée par Nest il y a un mois. Mais rien ne permet de qualifier l'importance qu'avait cette attention.

Leander Kahney, auteur d'un ouvrage paru récemment sur Jonathan Ive, lance l'idée que le patron du design d'Apple aurait pu bloquer le retour de Fadell. Les deux hommes ne s'entendaient guère, tout comme Ive cohabitait mal avec Jon Rubinstein et Scott Forstall, tous membres éminents et partis d'Apple.

Fadell, Rubinstein, Ive, Jobs et Schiller

Rien ne permet de donner plus de chair à cette théorie. Si Apple avait jugé absolument stratégique une acquisition de Nest, on voit mal l'opération enterrée au seul titre d'un conflit de personnalités. Philip Elmer-Dewitt, chez Fortune, offre un regard plus pragmatique sur la question, en comparant la nature des dizaines d'acquisitions d'entreprises rendues publiques par Apple et Google ces douze derniers mois, 13 pour le premier et 20 pour le second.

Lui aussi observe que le marché de la domotique n'est pas, a priori, celui vers lequel Apple déploie le plus d'effort, du moins si elle le fait c'est dans le plus grand secret. Sur ses dernières acquisitions, la Pomme a plutôt fait ses courses dans les secteurs de la cartographie, de la recherche et des semi-conducteurs. Alors que Google a signé beaucoup de chèques dans la robotique, avec pas moins de 7 acquisitions dans ce domaine en décembre. Autre donnée, les 10 acquisitions les plus onéreuses d'Apple n'atteignent pas la somme dépensée uniquement pour Nest…

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