Témoignages : pourquoi j'adore Apple

Florian Innocente |

« J'adore Apple » c'était le sujet de notre dernier appel à témoignages, en contrepoint de celui proposant à ceux qu'Apple agace d'expliquer pour quelles raisons. Dans les quelques 60 réponses laissées dans le forum ouvert pour l'occasion, les lecteurs expliquent les raisons de cet attachement qui remontent pour certains aux tout premiers Apple II. Des utilisateurs rejoints entre temps par des déçus de Windows.

L'informatique pour tous

Pour quelles raisons adore-t-on Apple ? En général, et c'est presque un lieu commun que de le dire, parce qu'elle a su rendre l'informatique moins effrayante, grâce à un travail à la fois sur son matériel et sur son logiciel. « J'aime cette volonté de vouloir faire disparaître l'outil autant que possible — et le résultat : des appareils affinés — pour laisser place à ce qui compte : ce que l'on veut faire avec cet outil […] j'apprécie de travailler avec un ordinateur pas plus encombrant que nécessaire, d'utiliser un smartphone d'un encombrement modéré et relativement discret », écrit patrick86

Barbababar cite l'exemple de GarageBand : « C'est une application simple, accueillante et conviviale, mais qui a un potentiel monstre au point que l'on peut lorgner un moment sur Logic ou Pro Tools avant de constater que l'on a déjà suffisamment de fonctions pour avoir un bon rendu basique. Et cette application est fournie dans tous les Macs ! » Notre lecteur n'hésite pas à parler « d'œuvres d'art » en parlant des logiciels et des efforts consentis pour amener une cohérence entre eux. « C'est d'ailleurs la raison des polémiques démesurées au moindre défaut. Apple fait des appareils tellement bons qu'ils se sont placés une barre très haute pour eux même ce qui fait que le moindre bug, le moindre défaut dans la conception nous perturbent. Ça va faire un an que j'ai mon iPad, tous les jours je le regarde sous tous les angles appréciant son design, je m'extasie devant les effets de flou d'iOS7 et je me dis "Quel bon sang de miracle d'avoir atteint un truc pareil" ».

Time Machine a été cité à quelques reprises comme exemple d'un système - de sauvegarde dans le cas présent - qu'Apple a débarrassé de toute sa complexité pour le rendre utilisable sans effort par tout un chacun. « Côté iOS, c'est toute la plateforme qui peut être citée en exemple, à tel point qu'elle a entraîné de la "copie" à grande échelle un peu partout, y compris par ces grands visionnaires qui l'avaient déclarée mort-née », estime jbendayan.

« J'adore le fait de pouvoir piloter iTunes depuis l'Apple Remote sur l'iPhone, pour envoyer la musique en AirPlay sur mon DAC Pioneer… C'est cette symbiose entre les deux OS et aussi le matériel, que j'adore avec Apple », explique jujuv71.

Simbouesse décèle dans la manière dont Apple fait évoluer technologiquement ses produits un autre avantage pour le client. Plutôt qu'une course effrénée vers l'adoption des dernières tendances, Apple soupèserait davantage ses choix. « À La différence de leurs concurrents qui se pressent pour inclure une technologie ou un matériel ultra récent dans leurs appareils, sans vraiment avoir pris le temps de comprendre comment cela pourrait aider le consommateur dans sa vie de tous les jours, Apple prépare soigneusement son terrain avant de lancer une nouveauté. » Exemple concret, si la NFC n'est jamais entrée dans les produits iOS c'est qu'elle est dépourvue de cette valeur ajoutée « J'ai l'impression qu'à la question : "Et si on mettait tel ou tel truc nouveau dans l'iPhone", ils se posent une autre question : "Pourquoi ? Qu'est-ce que cela apporterait VRAIMENT à nos clients ?" et si la réponse est seulement "Parce que c'est mieux" alors c'est "NON". » Le bénéfice, poursuit Simbouesse, c'est que les matériels d'Apple sont « inégalables dans leur synergie et utilisation » même s'ils ne sont pas forcément toujours au sommet de l'art en matière de composants.

Cette attraction pour Apple est aussi attribuée à des critères esthétiques. « Pourquoi j'aime Apple ? Parce que c'est beau, simplement. Quand on passe comme moi l'essentiel de sa journée sur un écran et en manipulant des outils comme le MacBook Air et l'iPhone, je pense que l'on a besoin d'avoir quelque chose de beau sous les yeux, autant pour le matériel que le logiciel », écrit Sion qui a été sur Mac, puis sur PC et est revenu chez Apple.

Tant qu'Apple reste à ce niveau de qualité sur ses produits, qu'elle ne descend pas en gamme, jujuv71 conserve sa fidélité à la marque : « J'ai toujours aimé Apple pour la finition de ses produits, la qualité irréprochable de la conception, qu'elle soit électronique ou bien mécanique (boitier…). Et c'est ce qui me fait vraiment acheter Apple : les produits sont beaux et solides. Ils dégagent une certaine classe avec ce trait de sobriété qui fait qu'ils s'intègrent parfaitement dans le décor d'une maison ou d'un appartement. Ils ne font pas tache ! Pour moi, ce sont des objets d'art. J'achète déjà un produit avec les yeux et si ni la finition ni la qualité ne sont là, je me dis que le reste à l'intérieur, c'est du même topo . »

Prison dorée

Cette symbiose entre le matériel et le logiciel est critiquée chez beaucoup en cela qu'elle contribue à créer un environnement décrit comme fermé. Ce qui est perçu comme un défaut par certains est souligné comme une qualité par ces témoins, comme Bruno de Malaisie. « Ce que j'aime chez Apple ? Leur système FERMÉ parce que tout fonctionne parfaitement, sans avoir à mettre les mains dans le cambouis… Et aussi l'intégration via iCloud. Bien entendu, c'est cher, mais j'ai la chance de vivre dans le pays où les produits Apple sont les moins chers. »

« Apple a toujours su faire les bons choix en adaptant le logiciel et le matériel l'un à l'autre, écrit Sion. Bien sûr, pour atteindre cette simplicité Apple fait certains choix qu'elle impose parfois à ses utilisateurs ». Cela a toutefois une contrepartie - une forme de dépendance - mais qui pour l'heure ne gêne pas encore trop Sly54. « De façon pragmatique, la force de l'habitude : je suis habitué à mon OS, j'ai payé mes applications et changer de crémerie me demanderait du temps et me couterait de l'argent. Donc pour l'instant, je reste encore dans le monde pommé… Mais je suis beaucoup plus critique envers Apple que je ne pouvais l'être il y a 5 ans et également moins confiant dans la société ».

Prix élevés, mais prestations aussi

ArchiArchibald s'est lancé dans une longue explication de ce qu'Apple offre de supérieur, allant du logiciel au matériel en passant par les services. « Apple, comme une évidence 1/ d'abord, parce qu'elle suit son chemin envers et contre tout, quitte à s'aliéner des clients potentiels. Par exemple, n'avait-elle pas choisi d'éliminer le lecteur de disquettes avant tous les autres ? L'histoire lui a donné raison. Ceux qui critiquent la suppression du lecteur optique sont de purs conservateurs qui ne voient qu'aujourd'hui quand, lors d'un achat d'ordinateur, il faut voir le lendemain. » Il cite aussi le sort de Flash sur iPhone réglé rapidement par Steve Jobs.

Apple Store Grand Central Station

Pour notre lecteur, cette « fermeture » souvent décriée est au contraire l'assurance d'un environnement mieux maîtrisé au bénéfice de l'utilisateur « Ce que certains appellent "fermeture" n'est en fait que l'intégration, tant recherchée par Apple. Oui, cela implique certaines contraintes. Mais la simplicité, l'expérience utilisateur et le design ne valent-ils pas quelques sacrifices ? Comme un appartement bien meublé et décoré, un OS propre se doit d'être lavé des fonctions superflues, inutiles à 90% des utilisateurs. Pour satisfaire les grincheux, Apple doit-elle, au risque de se trahir, proposer une version "enrichie" de son application Réglages destinée aux utilisateurs avancés ? »

Hufton Crow

Il poursuit sur les Apple Store et le SAV qu'il décrit comme « Toujours accueillants, proposant une prise en charge optimale de l'utilisateur déboussolé par un dysfonctionnement de son appareil. […] Je suis régulièrement client de marques de luxe et/ou haut de gamme, et je puis vous dire que Mont Blanc et ses stylos à 3000€, que Dolce Gabana et ses pulls à 1000€, que Kenzo et Boss avec leurs chemises à 200€, n'arrivent pourtant pas à la cheville d'Apple en matière de SAV, ni même d'ailleurs en qualité de fabrication, si tant est que l'on puisse comparer ces différents secteurs. Quand certains râlent sur la qualité des accessoires, les Apple Store vous les changeront sans rechigner : en obtiendrez-vous autant ailleurs ? » Et de conclure par un sursaut à l'évocation d'une qualité égale entre iOS et Android : « Mais bon sang, qu'ont-ils dans les yeux ? Sous Galaxy S4, la réactivité est lente, le design fait affreusement bas de gamme, l'ensemble donne une affreuse impression de fouillis absolue… Sans même parler de l'inquiétante domination de Google ! (non, Apple ne vit pas de la vente des donnés de ses utilisateurs, ceux qui prétendent le contraire n'ont rien compris). »

Investissement pérenne

Autre qualité plusieurs fois répétée, les matériels tiennent dans le temps, ils passent de main en main au fil des renouvellements et, au besoin, se revendent bien. « Les produits Apple ont souvent une longévité remarquable. On double facilement la durée de vie de 3 ans qui était celle de l'amortissement d'un PC. Avant de passer sur Mac mini, j'ai eu pendant 13 longues années un Mac Pro qui me rendait encore service il y a peu (et je le garde au cas où). Du coup, le Mac s'en sort très bien en terme de comparaison de prix », constate Claude Pelletier.

« Je n'ai jamais eu de Mac ou d'iPhone en panne, je les ai toujours revendus à bon prix en changeant ma machine, zéro déchet pour moi », apprécie Maldavée.

Les matériels Apple peuvent durer dans le temps, mais la marque n'hésite pas à prendre régulièrement de grands virages technologiques. Pour jbendayan, ces brusques changements de voie contribuent à l'intérêt de cette marque : « J'aime beaucoup de choses chez Apple, notamment sa façon de s'inscrire en rupture pour "créer" des marchés de masse au bon moment (même s'il y a eu quelques gros ratages) ».

Une opinion partagée par Debione : « Être prêt à tout moment de tout foutre à la poubelle (y compris notre expérience acquise) parce que de nouvelles donnes technologiques apparaissent. J'aime cela, car cela me ressemble, un jour balancer au loin les 50% de ce que l'on a pour faire de la place à de nouvelles choses, car si on ne jette pas il n'y a pas de place pour de nouveaux acquis… Le propre de la jeunesse est une soif, une capacité et une volonté de changement, le propre de la vieillesse est de vouloir faire comme on a toujours fait... J'espère qu'Apple restera toujours jeune (moi aussi), et que demain ils m'obligent à nouveau à m'adapter, à rester jeune. »

Le mot de la fin pour SMDL avec "Apple" comme "Âme".

Fidèle aux conceptions bouddhistes de son créateur, Apple ne considère pas ses produits comme étant séparables, individualisables. On ne doit pas s'attacher à son iPhone, mais à L'IPhone, et plus largement Apple qui imprègne tous ses produits de son unicité. Sa politique SAV de remplacement est difficilement transposable tant l'attachement aux objets personnels est universel, atavique. Cette dématérialisation du rapport que l'on entretient naturellement avec eux est d'ailleurs troublante quand on pense aux affects que charrie la Pomme. L'entreprise impose son anima et assure sa propre métempsycose (transvasement d'une âme dans un autre corps, ndr) dans sa chaîne de produits mobiles. Il y a peu de place alors pour le cadeau. On n'échange pas, on ne jette pas un présent. Ici, c'est l'âme de l'iPhone ou de l'iPad qui se transmettent dorénavant par les ondes et iCloud. Les nuages dans le ciel, quasiment une représentation religieuse. C'est un exemple qui montre une nouvelle fois combien l'entité Apple est un objet extraordinaire d'étude, tant ses codes sont la projection des préoccupations d'un homme, et de la relation inextricable qu'il a entretenue avec les objets nés de cette projection. Pour qui s'est intéressé à Steve Jobs, sa vie bien sûr, mais également ses obsessions matérielles et métaphysiques, il est clair qu'Apple, quels que soient le nombre et la qualité de ses collaborateurs et employés, est Steve Jobs. Et peu importe qu'il n'ait pas inventé les technologies ou qu'il ait eu la chance de rencontrer Wozniak puis les autres : ce qui a créé Apple, c'est la conflagration de ces obsessions avec la technologie et ses acteurs. Se promener avec un micro-ordinateur multimédia radio baladeur connecté et communiquant, équipé de vidéophonie, d'une télévision, d'un accès à la Bibliothèque Universelle, à l'Encyclopédie, à un atlas que nul géographe n'aurait pensé possible, à des planétariums auxquels les plus grands astronomes du XXe siècle n'auraient osé rêver, et de pléthore d'outils, de calculateurs, de jeux, de didacticiels, d'écoles virtuelles et j'en passe tant il faudrait mille pages, se promener donc avec cet objet dans la poche est inouï. On peut critiquer, argumenter comme Baudrillard et d'autres, le prix métaphysique d'une telle révolution. Mais ceux qui sont juste blasés n'entendent pas grand-chose à ce que représente cet aboutissement technologique, et l'histoire des sciences qui ont permis sa réalisation. Apple est un laboratoire de produits holistique(s). Globaux, mentaux, esthétechniques. Espérons qu'elle le demeure encore un certain nombre d'années. Ce type d'entreprise est rare.

L'intégralité des réponses est à retrouver dans ce forum. Certains des contributeurs ont également laissé leurs griefs à l'égard d'Apple dans celui qui abordait la question sous l'angle opposé : Appel à témoins Apple m'agace ! dont nous avions fait la synthèse.

Photo de couverture par DominÖ CC BY-SA

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