Apple-Adobe : 1984, mais à l'envers

Anthony Nelzin-Santos |
La guéguerre de communication entre Adobe et Apple n'en finit plus, et c'est à nouveau le directeur technique d'Adobe, Kevin Lynch, qui s'en est pris à Apple, faisant de Steve Jobs le Big Brother de nos temps lors de la Web 2.0 Expo.

Revenant une nouvelle fois sur la clause 3.3.1 qui empêche les applications iPhone crées par le biais de l'interpréteur de Flash CS5 d'entrer sur l'App Store, Kevin Lynch préfère ignorer l'argumentaire de Jobs sur les applications multiplateformes, préférant mettre en avant la qualité de Flash : « Le problème qu'a Apple avec nous n'est pas Flash ne fonctionne pas sur iPhone, mais bien qu'il fonctionne. Vous pouvez faire d'excellentes applications Flash qui tournent sur plusieurs systèmes, et c'est ce [qu'Apple] n'aime pas. »

Lynch a indiqué qu'Adobe ne favorisera pas la communauté jailbreak, qui pourrait très bien s'emparer de Flash CS5 pour créer des applications et les distribuer par le biais de Cydia ou les autres boutiques alternatives. Puisqu'Apple ne veut pas de Flash sur iPhone, de Flash il n'y aura pas du tout : « on ne va pas jouer à un jeu technologique quand Apple joue à un jeu juridique ». L'interpréteur intégré dans Flash CS5 ne sera ainsi plus développé, comme on le savait déjà.



C'est à ce point de la discussion que les propos commencent à se faire plus durs. Reprenant son idée selon laquelle Adobe favorise la liberté de choix sur le Web, Lynch dénonce le fait qu'Apple veuille dresser des murs compartimentant Internet : « Apple [veut] créer un jardin clos autour des applications ». Il ajoute que « ce n'est pas le rôle d'une société que d'exercer un jugement sur ce que les gens créent. C'est le rôle de la société et de la loi ». Une référence à peine voilée au rôle que l'on prête à Adobe dans l'enquête que pourraient lancer les autorités anti-concurrentielles américaines à l'encontre d'Apple (lire : Le cas Apple étudié par la justice américaine et la FTC).

L'explosion du marché des smartphones, et le mouvement actuel vers les tablettes et l'ultra-mobilité en général, est, selon Kevin Lynch, un mouvement aussi important que le mouvement du mainframe vers l'ordinateur personnel. Apple avait joué son rôle avec le Macintosh, l'a joué avec l'iPhone, et compte bien faire de même avec l'iPad, ce qui visiblement inspire le directeur technique d'Adobe : « nous sommes au début du jeu, pas à la fin. C'est comme 1984. » L'année du Mac, de la pub Apple, le titre du livre d'Orwell. Mais à l'envers, donc, avec Steve Jobs dans le rôle de Big Brother.
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