Ron Johnson quitte son poste de vice-président d'Apple en charge du commerce de détail pour devenir PDG de JC Penney, une chaîne de grande distribution. L'annonce a été officialisée par voie de communiqué de presse, et Johnson prendra ses fonctions le 1er novembre prochain. Il est logiquement nommé au conseil d'administration de la société, nomination qui prendra effet le 1er août prochain.
Le cours de l'action de JC Penny explose suite à la fuite de cette information, qui fait déjà l'effet d'une bombe : Ron Johnson est un des principaux artisans de la réussite d'Apple ces dix dernières années. Apple perd ainsi un deuxième cadre d'envergure en l'espace de quelques mois, après le départ de Bertrand Serlet, le patron de Mac OS X (lire : Le patron de Mac OS X quitte Apple). Ces deux départs présentent des traits communs : ces architectes d'un pan complet de la réussite d'Apple partent avec le sentiment du travail accompli. Serlet a ainsi quitté Apple après avoir achevé la transformation de NEXTSTEP en OS X en liquidant peu à peu l'héritage de Mac OS, tandis que Johnson quitte la firme de Cupertino après avoir construit un réseau de boutiques dont le succès n'est plus à démontrer.
Une interview de Ron Johnson
Ron Johnson revient là à ses premières amours : avant de façonner le réseau des Apple Store, il avait grimpé tous les échelons chez Dayton Hudson, jusqu'à la renommer Target, aujourd'hui la deuxième chaîne de grande distribution aux États-Unis. Son embauche par Apple en janvier 2000 se fait dans la discrétion la plus totale : à l'époque, personne n'imagine qu'un fabricant informatique ne puisse se lancer dans la distribution directe dans des boutiques en dur, au moment même où Gateway envisage de fermer sa propre chaîne de magasins (lire : Apple : le jeu de cadres).
Dix ans et plus de 300 boutiques plus tard, le succès des Apple Store n'est plus à démontrer : les boutiques d'Apple ont généré en 2010 plus de 9 milliards de dollars de chiffre d'affaires et vendu plus de 2,85 millions de Mac (lire : Apple Store : 10 ans). Vitrines pour les produits Apple, ces boutiques sont conçues au millimètre près, et respirent une méthode mise au point par Johnson lui-même (Ron Johnson : la méthode Apple), méthode parfois décriée.
Ron Johnson intervient dans cette vidéo sur la stratégie commerciale d'Apple.
En partant pour JC Penney alors qu'Apple étend sa présence commerciale en Chine, le marché sur lequel elle est en plus forte croissance, Ron Johnson se prépare à diriger une société de 1 100 magasins qui connaît une très forte concurrence dans son segment entre BHV et Printemps. Malgré les coups de boutoir de Macy ou de Kohl, les résultats de JC Penney sont en hausse, mais sont encore inférieurs à ceux de la période ayant précédé la crise financière de 2009. Le désormais ex-vice-président d'Apple voit cette nomination comme une étape logique dans sa carrière : « j'ai toujours rêvé d'être à la tête d'une société en tant que PDG, et je suis enthousiaste à l'idée de saisir cette occasion ».
Ron Johnson va investir 50 millions de dollars de ses fonds personnels dans JC Penney, ce qui l'engage pour au moins six ans. Un temps nécessaire pour redéfinir les contours de la société, rétablir l'image de marque de JC Penney, et lui faire retrouver une véritable croissance. Apple indique chercher « activement » un remplaçant à Ron Johnson, formulation qui laisse entendre qu'il pourrait venir de l'extérieur, quand bien même Steve Cano, actuel responsable des Apple Store à l'international et pur produit de la société, tient la corde.