Amazon MP3 rejoint iTunes en Europe

Florian Innocente |
Amazon avait prévenu en janvier dernier : 2008 serait l'année du déploiement hors des frontières américaines d'Amazon MP3, son service de téléchargement de musique. À un cheveu de rater son rendez-vous, l'américain a finalement tenu parole. On n'en est pas encore à un élargissement massif vers l'international, mais l'Angleterre devient aujourd'hui le premier pays européen à accueillir le principal concurrent d'iTunes. Aux États-Unis, cet été, une étude attribuait 57% du marché du téléchargement payant à iTunes et 9% à Amazon, son suivant immédiat.



Du son sans DRM
C'est en septembre 2007, aux États-Unis, qu'Amazon s'est lancé dans cette activité. Un pari risqué vu le nombre de sites et de services qui se sont abîmés les uns après les autres contre les récifs de l'iTunes Store. Mais la position dominante de la boutique d'Apple sur le marché de la musique en ligne a probablement contribué à ce que les majors accordent des conditions inédites à ce nouvel acteur. Lequel, contrairement à Apple, a également le bon goût de vendre leurs CD.

Comme son nom l'indique, Amazon MP3 propose un contenu utilisant le format audio MP3, encodé en 256 Kbps, et totalement dépourvu de DRM. Les morceaux achetés sont lisibles autant sur un iPod que sur Walkman numérique, un PC sans iTunes ou sur un Zune. Ils sont aussi librement transposables sur un CD. La sélection et l'achat se font sur le site d'Amazon puis un utilitaire (compatible à partir de Mac OS X v.10.4) se charge du suivi de leur téléchargement.



En date de septembre dernier, le catalogue était fort de 6 millions de titres (contre 8 millions chez Apple). Les quatre grandes majors sont de la partie ainsi que des labels indépendants. Depuis peu cette boutique fait aussi, sur le smartphone G1 Android, le pendant à iTunes sur l'iPhone.

Des prix réduits et flexibles
Amazon MP3 pratique les prix doux et leur élasticité (une demande récurrente des majors auprès d'Apple). Au jeu de la comparaison entre l'iTunes anglais et son nouveau concurrent on relève des écarts assez nets sur les étiquettes.

Ainsi l'album de Coldplay, l'un des hits de 2008, est proposé à 3£ (3,50 euros) contre 7,99£ (9,30 euros) sur iTunes. Son morceau phare "Viva La Vida" est vendu 0,69£ (0,80 euros) contre 0,79£ (0,92 euros) chez Apple. Et aucun effet promotion ici, l'album "The Promise" du quatuor vocal Il Divo, arrivé début novembre, coûte également 3£. Différences aussi avec le vieil album live de 1984 "Alchemy" de Dire Straits proposé 10,49£ chez Amazon et 12,99£ dans la fenêtre d'à côté. Certains sont vendus moins chers encore, des singles à 0,69£ et des albums à 2,76£. Tandis que sur iTunes il faudra se tourner vers des opérations spéciales comme, en France, les albums à moins de 7 €.

C'en est donc terminé de l'exclusivité américaine de ce modèle de vente, mais rien ne dit que l'ouverture de la version anglaise soit le prélude à des lancements rapides en France et ailleurs. À bien des égards, l'Angleterre est parfois plus proche de l'Amérique que de ses voisins. Exemple chez Apple, il suffit de constater l'écart de contenus et de services autour de la vidéo proposés sur l'iTunes Store outre-Manche (longs-métrages, format HD, location) face à celui de la France, sans même parler de l'Italie ou de l'Espagne qui s'en tiennent à la seule musique.

Cependant à l'heure où l'on entend parler d'une suppression généralisée des DRM sur iTunes, l'initiative d'Amazon sonne comme un coup de semonce (voir l'article L'argent freine la fin des DRM sur iTunes). Le géant de la vente en ligne n'a pas encore annoncé officiellement l'ouverture effective de sa boutique anglaise. Peut-être en dira-t-il plus à cette occasion sur ses projets européens pour 2009. Pour l'instant, au niveau mondial, les iTunes Store mènent face à Amazon MP3 par 22 pays contre 2.
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