La BD fait des bulles dans l'iPhone

Florian Innocente |
L'équipe française d'Aquafadas travaille sur un nouveau projet - AVE!Comics - avec comme ambition pas moins que d'amener sur l'iPhone et l'iPod touch des bandes dessinées numériques.

Il s'agit pour ces développeurs, basés à Montpellier, déjà auteurs d'applications multimédias (PulpMotion, iDive…) de mettre en place un équivalent, dans le principe tout au moins, de l'iTunes Store.

Une plateforme complète
Cette initiative passe par la création d'outils de numérisation des planches (avec un éventuel enrichissement par des sons et des animations), d'une plateforme de vente en ligne, d'une application sur Mac et PC et d'un lecteur multimédia pour l'iPhone et le touch.

L'application Mac/PC est écrite avec AIR qu'Aquafadas évalue depuis presque un an, une technologie d'Adobe reposant sur Flash (lire l'article La nouvelle ère d’Adobe). Son compagnon mobile est lui réalisé avec le tout nouveau kit de développement pour iPhone d'Apple.

Démonstrations publiques
Des prototypes avaient été déjà mis au point ces derniers mois. Ils firent leur première sortie publique en janvier dernier lors du salon de la bande dessinée d'Angoulême et furent auscultés à la fois par des lecteurs et par les éditeurs (à voir un reportage télévisé qui en fait la présentation).

Loin d'être méfiants, les éditeurs se seraient au contraire montrés très intéressés par le concept selon Claudia Zimmer, co-fondatrice d'Aquafadas "notre première motivation c'est de pousser les éditeurs à aller vers le numérique en leur proposant une véritable solution, avant que le marché ne s'organise de lui-même et à leurs dépends" (ndr : comme la musique et la vidéo les BD "piratées", scannées, s'échangent allègrement sur Internet).

Claudia Zimmer ajoute "On aimerait aussi permettre la création d'une communauté plus large autour de la bande dessinée, entrer dans une librairie c'est parfois comme pousser la porte d'un musée, on arrive sur un terrain de spécialistes." Les mangas sont cités chez Aquafadas comme une bonne base de départ, ils sont populaires et visent un public jeune, le même que ces baladeurs. Mais il ne s'agit à que d'un exemple et la volonté de l'équipe de Montpelier est de proposer des ouvrages les plus variés possible, en France comme à l'étranger.

L'accueil par les lecteurs a également été positif, trois pôles de démonstrations avaient été placés dans le salon avec des iPod touch à disposition. La lecture sur écran tactile (qui au passage reprend le geste de feuilleter les pages…) n'a apparemment pas décontenancé les visiteurs "on arrive après la musique et la vidéo sur baladeurs, les gens ont maintenant l'habitude de ces appareils" constate Claudia Zimmer.

Editeurs et auteurs au même plan
Tel qu'il est énoncé aujourd'hui, le projet consisterait à fournir à des éditeurs, mais aussi à des auteurs indépendants, une application pour transformer leurs ouvrages en un format numérique adapté à une lecture confortable sur l'iPhone et l'iPod touch.



Ces deux appareils embarqueraient un player capable également d'acheter et de télécharger les BD sans passer par l'ordinateur, comme le propose l'iTunes Wi-Fi Music Store. À défaut, car la faisabilité technique est encore à vérifier, l'acquisition des bandes dessinées pourrait se faire depuis l'ordinateur. Ce qui pourrait obliger à la création d'un logiciel de synchronisation dédié. Puisqu'Apple garde la haute main sur ce qui entre dans ses baladeurs au moyen d'iTunes.



Pour la distribution et la vente des ouvrages numérisés, Aquafadas envisage deux schémas complémentaires. Dans le premier, c'est elle qui gère une plateforme alimentée par les éditeurs et qui prélève des royalties sur chacune des ventes. Dans le second, elle met à disposition d'auteurs en panne d'éditeurs, les outils nécessaires pour vendre eux-mêmes leurs ouvrages sur leur propre site.

Un complément au papier
Une troisième piste, mais qui est encore du domaine de la réflexion, serait de voir cette plateforme de vente proposée en marque blanche. On imagine des Alapage, Amazon et autre Fnac ajouter des BD numériques aux côtés de leurs cousins papier sur leurs rayons virtuels. Et tout comme des films sur DVD commencent aujourd'hui à être vendus avec leur équivalent au format vidéo de l'iPod, pourquoi ne pas imaginer un duo papier + numérique ?

La question de la protection de ces ouvrages numériques va aussi se poser "On peut proposer des DRM explique Claudia Zimmer mais est-ce pour autant souhaitable ? On voit bien la tendance prise par la musique…" La question du prix n'est pas non plus tranchée "On voudrait jouer la carte de la flexibilité sur les tarifs, avec aussi des formules d'abonnement avec téléchargement à volonté ou des achats par chapitres."

Un éditeur a mis en place ce principe du feuilleton pour l'un de ses titres. Tous les mois, les Editions Paquet mettent en librairie un chapitre d'une histoire "Cité 14" qui en compte 12 au total. Chaque épisode est vendu 1 euro tout rond. Pourquoi pas là aussi une formule identique en numérique ?

Le projet AVE!Comics en est pour l'instant à ses débuts même s'il a reçu le soutien du Centre National de la Cinematographie et même si ses développements logiciels sont déjà avancés. Reste l'essentiel, créer un nouveau mode de distribution et de lecture de la bande dessinée pour les lecteurs de la génération iPod…

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