Test du TP-Link Deco M5, un système Wi-Fi maillé pour les grands appartements

Anthony Nelzin-Santos |

Loin de se laisser impressionner par le succès des produits Eero ou de la solution Google Wifi, Netgear et TP Link sont rapidement montés au créneau et proposent de nouveaux systèmes Wi-Fi domestiques. Comme Netgear avec la marque Orbi, TP-Link avance le visage masqué derrière la marque Deco. Mais contrairement à Netgear, qui a fait le choix d’un système « en étoile » plutôt conventionnel, TP-Link a fait le choix d’un véritable système maillé, et veut concurrencer Google. Ce que cela donne ? La réponse dans notre test du système Deco M5.

Un véritable réseau maillé

Contrairement à ce que son nom semble indiquer, le système Deco M5 est composé de… trois appareils. Trois appareils strictement identiques : tous les membres d’un réseau maillé sont placés sur un pied d’égalité, aucun n’étant plus important que les autres, à la différence des composants d’un réseau étendu (cas des bornes AirPort) ou « en étoile » avec un backhaul dédié (cas du système Orbi). Même si l’on configure un premier appareil avant d’ajouter les autres au réseau, ce n’est pas le « routeur » et les autres des « satellites ».

Ce sont tous des « points d’accès », qui prennent la forme d’un petit palet blanc, plus compacts encore que ceux composant le système Google Wifi. Chacun d’entre eux possède deux ports Ethernet Gigabit, et peut donc faire office de « switch sans fil », et un port USB-C, pour l’alimentation avec un chargeur 5W. Après avoir branché le premier point d’accès près de votre routeur, vous devrez répartir les autres dans votre domicile, ni trop près ni trop loin les uns des autres.

Les points d’accès possèdent une forme très caractéristique — on croirait qu’une extrusion s’est arrêtée en cours de route. C’est un gimmick, que l’on retrouve dans le « e » du logo et dans l’icône de l’application iOS, mais on ne reprochera pas à TP-Link d’enfin s’intéresser au design.

L’optimisation du placement est le point le plus important de la configuration d’un réseau maillé, un trop grand chevauchement des couvertures, ou au contraire un trop grand éloignement des points d’accès, compromettant les performances. Comme Google, TP-Link n’accompagne pas suffisamment cette étape de la configuration, au-delà de quelques conseils basiques.

Et comme Google, TP-Link exige la création d’un compte dès la première étape de la configuration du système Deco, alors qu’elle devrait être réservée à la seule administration à distance. TP-Link a suivi l’exemple de Google jusqu’à la présentation de son indispensable application iOS, qui ne dépareillera pas sur Android, mais n’est pas aussi claire et organisée qu’elle pourrait l’être.

Quelques écrans de l’application iOS, indispensable à la configuration et la gestion du système, plutôt jolie, mais pas toujours très bien organisée. TP-Link propose un contrôle parental (par catégories d’âge et avec un mécanisme de « pause internet »), un système de gestion de la qualité de service (avec priorité à certains usages : streaming, jeu vidéo…, mais pas à certains appareils), et un antivirus (payant, après trois ans offerts, fourni par Trend Micro).

Trois points d’accès, mais deux bandes

Les trois points d’accès configurés, le système Deco est censé couvrir jusqu’à 400 m2. Le système ART, pour adaptive routing technology, adapte la connexion aux conditions d’utilisation pour fournir les meilleurs débits dans la zone couverte. En fonction des besoins, la connexion d’un boîtier à l’autre pourra utiliser le protocole 802.11n plutôt que le protocole 802.11ac (pour libérer un maximum de bande passante aux appareils connectés) voire passer en 2,4 GHz plutôt que 5 GHz (avec un débit réduit, mais une meilleure portée).

Mieux, ce système peut tirer parti d’une connexion câblée existante. Les points d’accès pourront alors communiquer en Ethernet : leur position ne sera plus limitée par leur portée en Wi-Fi, et les appareils connectés disposeront d’une plus grande bande passante. En somme, ART vise à faire oublier que le Deco n’est qu’un système bibande, pour un débit maximal combiné de 1 200 Mb/s :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • et une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en 802.11ac.

Mais il n’y parvient pas : ART ou pas, les points d’accès communiquent sur la même bande que les appareils connectés, au détriment des débits. Comme d’habitude lors de nos tests d’installations sans fil, un point d’accès était installé dans le « Bureau 1 », l’autre dans le « Bureau 2 », deux salles séparées par un mur épais contenant des armatures et des plaques métalliques. Après 50 mesures, le système de TP-Link marque clairement le pas sur celui de Google, et peine à fournir plus de 260 Mb/s.

Comparaison des débits offerts par le système Deco M5 et le système Google Wifi. Consultez notre test du système Orbi RBK50 pour comparer avec un réseau AirPort étendu.

Tout n’est pas perdu : la connexion est un peu plus rapide et surtout beaucoup plus stable dans le jardin, preuve que l’ART de TP-Link est plus efficace que le Network Assist de Google. Et n’oubliez pas que le système Deco M5 contient trois points d’accès ! Installé dans notre salle de réunion, le troisième point d’accès permet de relever Twitter à plus de 100 Mb/s aux toilettes, un avantage incontestable sur le système Google Wifi.

La tortue des réseaux maillés

Notre bon vieux réseau étendu avec deux bornes AirPort Extreme reste plus rapide, mais il est moins régulier (l’amplitude des variations d’une mesure à l’autre est plus grande) et moins stable (les performances se dégradent à mesure que l’on ajoute des appareils). Le système Deco M5 exploite des technologies plus modernes, comme le beamforming pour « sculpter » le signal en fonction des conditions spatiales et le MU-MIMO pour communiquer avec plusieurs appareils en même temps, et se révèle donc plus adapté aux usages modernes des réseaux sans fil.

Au total, vous auriez tort de disqualifier le système de TP-Link à la seule vue de ses performances relativement médiocres. Il possède un argument de poids : le prix. À 249 €, le système Deco M5 à trois points d’accès vaut le même prix que le système Google Wifi à deux points d’accès, incapable de couvrir la même surface. Passez à trois points d’accès chez Google, et la facture grimpe à 359 €. Si votre connexion à internet ne dépasse pas 200 Mb/s, et que vous devez couvrir une pièce lointaine ou un étage à moindres frais, considérez donc le système Deco M5.

Note

Les plus :

  • Prix du pack à trois points d’accès
  • Application iOS assez agréable
  • Bonne couverture…

Les moins :

  • …mais performances très moyennes
6
10

Prix :

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