Test du Netgear Orbi RBK50, un système Wi-Fi maillé performant

Anthony Nelzin-Santos |

Certains font en sorte de partir dans des zones blanches pour déconnecter pendant les vacances. Pas vous : les zones blanches, vous les subissez toute l’année dans votre domicile, qui n’est pas parfaitement couvert par la box fournie par votre opérateur. Il y a quelques années, on vous aurait conseillé d’acheter le point d’accès Wi-Fi le plus performant que vous pouvez trouver.

Mais la mode n’est plus aux énormes routeurs : elle est maintenant aux petits points d’accès disséminés aux quatre coins de la maison pour former un réseau Wi-Fi maillé. Représentant historique du marché des « vaisseaux spatiaux Wi-Fi » avec ses routeurs Nighthawk, Netgear a créé une nouvelle marque pour investir celui des réseaux maillés, Orbi.

Alors que Plume vend ses minuscules points d’accès à la demi-douzaine et que le « système » d’Eero est formé de trois petits points d’accès, le « kit de démarrage » Orbi RBK50 est composé de deux gros boîtiers blancs. Dans les trois cas, on parle d’une addition autour des 400 €, 429,95 € dans le cas d’Orbi. Est-ce que ça vaut le coup (et le coût) ? La réponse dans notre test.

Un réseau Wi-Fi maillé, pour quoi faire ?

Mais au fait, à quoi ça sert, un réseau Wi-Fi maillé ? La puissance d’un point d’accès Wi-Fi, aussi perfectionné soit-il, est limitée par la réglementation. Le Nighthawk X10 à près de 500 € porte un peu plus loin que le Nighthawk X8 à 350 €, mais pas beaucoup plus, et n’offre pas des débits bien meilleurs à 10 mètres ou derrière un mur très épais. En multipliant les points d’accès, on peut contourner les obstacles et se rapprocher au plus près des appareils, et donc couvrir tout le domicile avec un réseau fiable et rapide.

« Je le fais déjà avec deux bornes AirPort Extreme », diront certains d’entre vous. C’est tout à fait vrai, et c’est d’ailleurs la configuration « de référence » à laquelle nous comparerons toutes les solutions à réseau maillé que nous testerons. Mais cette nouvelle génération de produits utilise des protocoles spécifiques et des algorithmes spécialisés, notamment pour la communication entre les points d’accès et la gestion des connexions, afin d’offrir de meilleures performances.

Ces appareils sont mieux adaptés au streaming HD et surtout 4K, ainsi qu’aux nombreuses connexions des appareils mobiles et domotiques. Ces produits peuvent d’ailleurs être configurés avec une application mobile plutôt qu’une interface web. Autrement dit, cette nouvelle approche n’est pas une révolution, mais une évolution plus adaptée aux besoins des particuliers connectés, et souvent plus facile à mettre en place. Voyons comment cela s’applique à l’Orbi.

Une configuration simple

Le « système » Orbi RBK50 est composé d’un routeur RBR50 et d’un satellite RBS50, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, à ceci près que le routeur est surmonté d’un couvercle bleu. Le routeur doit être placé près de la box, puisqu’il y puise sa connexion à internet, alors que le satellite peut être placé n’importe où… ou presque. S’il est placé trop loin du routeur, il ne pourra peut-être pas s’y connecter, auquel cas il émettra une lumière de couleur magenta.

Le routeur et le satellite communiquent exclusivement par le biais d’un réseau sans-fil dédié, et ne peuvent pas communiquer par le biais d’un réseau câblé, une fonction qui faciliterait la couverture des grands logements récents et surtout des locaux professionnels. Alors que certains concurrents prennent en charge cette fonction de backhaul Ethernet, Netgear explique avoir voulu étendre sa gamme de produits avant de s’attaquer à cette question.

Pour vous donner une idée de la taille du routeur (et du satellite).

Si le satellite est placé trop près du routeur, leurs zones de couverture se superposeront, et l’efficacité du système sera limitée. Comme il n’est pas toujours possible de déplacer la box, et donc le routeur, il ne faut pas hésiter à tester deux ou trois positions du satellite avant de se décider, en utilisant une application comme nPerf pour observer l’effet sur les débits.

Mais avant cela, il faudra configurer le système. Netgear est plus souple que ses concurrentes : elle propose une application iOS, mais ne l’impose pas, comme elle n’impose pas la création d’un compte et l’utilisation d’un service « dans le nuage ». Inconvénient de l’avantage : l’application iOS est à ce point facultative qu’une interface web est nécessaire aux réglages avancés, et ni l’une ni l’autre ne sont disponibles à distance.

La configuration est extrêmement simple : le routeur et le satellite étant appariés à l’usine, le plus dur est de choisir un nom de réseau Wi-Fi, et le plus long est d’attendre les éventuelles mises à jour du firmware. L’application iOS est fruste (elle pourrait aider au bon positionnement du satellite, ou permettre d’activer rapidement certaines options comme le réseau Wi-Fi invité), mais au moins l’interface web est-elle plutôt bien organisée.

La panoplie des options est complète :

  • séparation des réseaux 2,4 et 5 GHz ;
  • création d’un réseau invité ;
  • configuration du WPS ;
  • contrôle parental ;
  • DNS dynamique ;
  • redirection de port ;
  • passthrough VPN…

Un système Wi-Fi rapide et fiable…

Maintenant que le système Orbi est configuré, il est grand temps de le mettre à l’épreuve. C’est un système tribande offrant un débit maximal combiné de 3 000 Mb/s :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en 802.11ac ;
  • et une bande 5 GHz réservée à la communication entre le routeur et le(s) satellite(s) capable d’atteindre 1 733 Mb/s.

On comprend mieux que Netgear n’ait pas travaillé sur un backhaul Ethernet : le backhaul Wi-Fi 4x4 est plus rapide que ne le serait une connexion filaire gigabit (même si, encore une fois, un backhaul Ethernet permettrait de tirer parti d’un câblage préexistant). Disons que la connexion entre le routeur et le satellite est irréprochable, comme le montrent les résultats des mesures réalisées dans nos locaux.

Comparaisons des débits offerts par le système Orbi et par une paire d’AirPort Extreme, moyenne de dix mesures par emplacement. Cliquer pour agrandir

Le routeur est installé dans le « Bureau 1 », et le satellite dans le « Bureau 2 », deux salles séparées par un mur épais contenant des armatures et des plaques métalliques. Dans cette configuration, le système Orbi permet de gagner 100 à 150 Mb/s en download par rapport à une paire de bornes AirPort Extreme. La couverture des 80 m² est parfaitement uniforme et les résultats constants, alors que les débits peuvent varier de 75 à 100 Mb/s d’une mesure à l’autre avec les AirPort Extreme.

Les bornes d’Apple se défendent toutefois en upload, surtout lorsque l’on s’éloigne : le système Orbi marque le pas dans les mesures réalisées à une dizaine de mètres (« Jardin »). Mais le réseau Orbi porte finalement plus loin que le réseau AirPort, avec encore plus de 150 Mb/s à 15 mètres et derrière deux murs, preuve qu’il peut tout à fait couvrir une maison de plus de 225 m². Au-delà, la connexion passe en 802.11n sur la bande des 2,4 GHz, avec des débits plus réduits.

Dans tous les cas, il tient parfaitement la charge de dizaines de connexions, jusqu’à 50 dans nos conditions de test. Le système Orbi prend en charge le MU-MIMO, qui permet de communiquer avec plusieurs appareils en même temps et donc de réduire la latence pour chaque appareil, mais seuls les appareils compatibles peuvent en profiter pleinement. Les appareils actuels peuvent au moins bénéficier du beamforming, cette « sculpture » du signal en fonction des conditions spatiales.

À l’arrière du routeur. L’arrière du satellite est similaire, à ceci près que le port WAN est remplacé par un quatrième port LAN.

Dernier point : le satellite comporte quatre ports Ethernet. Il sera toujours plus simple de brancher un NAS au routeur, mais les débits ne seront pas beaucoup moins élevés s’il est branché au satellite, preuve de la robustesse de la connexion entre le routeur et le satellite. On peut donc imaginer faire de la place autour du routeur et déporter certains accessoires moins stratégiques sur le satellite, ou connecter en Ethernet certains appareils qu’il fallait connecter en Wi-Fi par manque de ports, et donc augmenter la bande passante disponible pour les autres appareils.

…mais presque surdimensionné

Dans cette version RBK50, le système Orbi est sans doute surdimensionné pour les logements de taille moyenne. Il couvre sans peine une surface de 225 m², à l’intérieur de laquelle il offre des débits irréprochables, identiques voire supérieurs à ceux offerts par les meilleurs routeurs Wi-Fi, qui portent beaucoup moins loin. Netgear parle même de 350 m² — il faut pour cela prendre en compte la bande des 2,4 GHz en 802.11n, beaucoup moins rapide, mais un réseau lent vaut sans doute mieux qu’un réseau absent.

Depuis quelques semaines, Netgear propose deux autres systèmes Orbi : le système RBK40, une version miniaturisée du système RBK50 (349,99 €), et le système RBK30, dont le satellite prend la forme d’une prise murale gigogne (329,95 €). Plus abordables, ils sont moins performants (backhaul 2x2 à 867 Mb/s, débit maximum combiné de 2 200 Mb/s), mais peut-être plus adaptés aux appartements et aux connexions internet à moins de 500 Mb/s.

Reste que le système RBK50 tient toutes ses promesses. On peut regretter que l’application iOS n’en fasse pas plus, que le contrôle parental de Netgear soit un peu simpliste, et que l’on ne puisse pas intégrer Orbi à un réseau câblé. Mais on peut difficilement faire la fine bouche devant ses excellentes performances, et surtout sa capacité à encaisser des dizaines de connexions sans broncher, de quoi convenir aux maisons les plus connectées, voire aux PME à la recherche d’une solution prosumer.

Note

Les plus :

  • Performances irréprochables
  • Capable d’encaisser la connexion de plusieurs dizaines d’appareils
  • Rapidité et fiabilité de la connexion entre routeur et satellite…

Les moins :

  • … mais pas de backhaul Ethernet
  • Interface web nécessaire à la plupart des options de configuration
8.5
10

Prix :

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