HP Stream x360 : que vaut un netbook en 2015 ?

Anthony Nelzin-Santos |

On croyait le netbook mort et enterré, mais Google l’a ressuscité avec Chrome OS. Rien ne dit que cette deuxième vague connaîtra un plus grand succès que la première, mais Microsoft et Intel comptent cette fois ne pas louper le coche. Le premier propose une version gratuite de Windows et le deuxième de nouvelles puces low-cost, qui permettent aux fabricants de vendre des portables à très bas coût. C’est par exemple le cas de HP, dont le nouveau Stream x360 est vendu moins de 300 € avec Office 365 et 1 To de stockage OneDrive. Une bonne affaire, ou un énième ordinateur jetable ? La réponse dans notre test !

Pour 289 €, on a quelque chose

Avec son processeur Intel Celeron et ses 32 Go de stockage, le HP Stream x360 rappelle l’Asus eeePC… de manière très lointaine. Qu’un ordinateur ne vale pas cher ne veut plus dire qu’il ne vaut rien : le Stream x360 ne rivalise évidemment pas avec les ultrabooks les plus cossus, mais il est étonnamment supportable au quotidien.

D’abord parce qu’il possède un format similaire à celui du MacBook Air 11 pouces : son écran 11,6 pouces est certes entouré de bordures assez épaisses, mais son clavier et son trackpad sont de taille standard. La frappe est aussi agréable qu’elle puisse l’être sur un clavier chicklet, et l’on peut difficilement se plaindre de l’absence de rétroéclairage à ce prix. Le trackpad est passable — c’est un compliment !

HP appelle ce coloris « bleu horizon ». On vous laissera seul juge du motif à points. Le Stream x360 mesure 30,8 x 21,51 x 2,19 cm pour un poids raisonnable de 1,55 kg. Il possède un clavier au « format 97 % » aussi confortable que tout autre clavier chicklet. Le trackpad HP Imagepad est passable — les nouveaux trackpads Microsoft ou Synaptics sont bien meilleurs, même si les trackpads Apple dominent toujours.

Entre l’écran et le clavier, la charnière frappée du nouveau logo « Hewlett-Packard » est imposante et solide. C’est que la plupart des netbooks de nouvelle génération sont aussi des convertibles. Le mode « tente » est toujours aussi efficace, lui qui permet par exemple de regarder un film dans son lit sans obstruer les aérations. Le mode tablette est moins convaincant : l’écran tactile est précis et réactif, mais le x360 est trop épais.

Son plastique bleu mat n’est d’ailleurs pas particulièrement agréable au toucher : si les assemblages sont de bonne qualité, on sent les vides à l’intérieur de la machine. L’intégration n’est clairement pas aussi poussée que sur les ordinateurs les plus fins et les plus luxueux… mais cela n’a pas que des inconvénients. Car HP a de la place pour caser de nombreux ports, et surtout une batterie 43,5 Wh offrant près de dix heures d’autonomie en utilisation web et bureautique (avec la fonction d’économie d’énergie PRISM activée).

La charnière semble solide, et n'est ni trop ferme ni trop souple. Elle porte le nouveau logo Hewlett-Packard que l'on retrouve sur le nettop Pavilion Mini et sur l'ultrabook Spectre x360.

Reste que le fabricant ne fait pas de miracles, et le Stream x360 doit se contenter de composants d’entrée de gamme. Un seul de ses trois ports USB est compatible avec le standard USB 3.0. Son écran 11,6 pouces possède une définition très honorable de 1366 x 768 px, mais sa colorimétrie est hasardeuse et ses angles de vision très restreints. Il embarque 2 Go de RAM seulement, mais se rattrape avec son vaillant petit processeur Intel Celeron N2840 bicœur à 2,16 GHz.

« Vaillant », car ses performances approchent celles des Core i3 de la génération précédente : pas de quoi faire du montage vidéo ou de la modélisation 3D, mais cela suffit largement au quotidien. La puce vidéo Intel HD Graphics est trop faiblarde pour que l’on imagine aller plus loin ; et même si elle était plus puissante, on serait bien vite limité par les 32 Go de stockage. L’eeePC était vendu avec une clef 3G, les connexions à internet sont aujourd’hui presque omniprésentes : le Stream x360 est fait pour être connecté.

Mais il y a un mais

Le portable de HP est fourni avec une édition spécifique de Windows : gratuite pour le fabricant, elle impose l’utilisation du moteur de recherche Bing, offre 1 To de stockage OneDrive pendant douze mois, et propose un abonnement d’un an à Office 365. On peut changer le moteur de recherche par défaut, mais nombre d’utilisateurs ne le feront pas… et certains paieront pour renouveler un stockage dans le nuage d’autant plus nécessaire que le stockage local est entamé par un tas de crapwares.

Le Stream x360 dispose d'une sélection de ports à faire pâlir un MacBook Air : un port HDMI, trois ports USB dont un USB 3.0, un port Ethernet, un lecteur SD et une entrée/sortie audio combinée.

HP installe une demi-douzaine d’apps, dont la plupart font doublon avec les apps du système. HP Connected Music par exemple, est censée proposer « le meilleur catalogue de musique du monde »… mais n’est en fait qu’une webradio éditée par Universal Music. Que Skype et 7Zip soient fournis, passe encore ; les applications de la Fnac et de TripAdvisor passent plus mal. Elles ne sont toutefois qu’une goutte dans l’océan de balourdise qu’est McAfee LiveSafe, plus apte à interrompre l’utilisateur qu’à réellement le protéger.

Le Stream x360 serait-il rentable si HP n’était pas payée pour installer ces pourriciels ? Probablement pas. Dans sa course à l’échalote face à Google, Microsoft a relégué son programme Signature aux oubliettes : l’utilisateur n’est qu’une oie gavée au crapware produisant des euros gras. Qu’importe l’image de marque, pourvu qu’on ait les parts de marché. C’est un jeu dangereux, et un jeu que Microsoft est en train de perdre — la dégradation de Windows n’empêche pas la percée de Google, et renforce les arguments d’Apple.

Vous avez peut-être remarqué, sur les clichés précédents, le clavier QWERTY : nous avons testé un modèle de pré-production venu des États-Unis.

Et c’est dommage : débarrassé de ces crapwares, Windows n’est pas un si mauvais système que cela. Encore faut-il pouvoir l’en débarrasser, ce qui relève du tour de force façon douze travaux d’Héraclès. Mais cela fait, le Stream x360 gagne en fluidité et en autonomie, ce qui ne fait qu’augmenter son intérêt. Et Windows 8 se découvre, avec toutes ses faiblesses certes (la dichotomie écran d’accueil/bureau), mais aussi toutes ses forces (sa logithèque, la suite Office, les excellentes quoique lentes applications Bing).

L’informatique kleenex

Le Stream x360 prouve que l’on peut vendre un ordinateur tout à fait vivable à 289 €. Son processeur est suffisant, son écran décent, et son autonomie satisfaisante : il fait une machine à écrire connectée confortable et une boîte à Netflix sympathique. Mais le Stream x360 prouve aussi que l’on ne peut pas fabriquer un ordinateur tout à fait vivable pour moins de 289 €. Il n’est pas rentable à court terme sans son lot de crapwares, et à long terme sans son stockage OneDrive vite nécessaire et son abonnement McAfee passablement superflu.

Le fait est que le marché des netbooks n’est toujours pas viable économiquement, du moins pas sans des mécaniques hostiles. Imaginons que l’utilisateur décide d’être aussi hostile envers le fabricant que le fabricant l’est envers l’utilisateur, et lui nie toute possibilité de rentabiliser un jour sa machine. Il faut moins d’une heure pour installer une distribution GNU/Linux sur le Stream x360 : quelques minutes pour lever les restrictions dans le BIOS, un quart d’heure pour télécharger le système, une dizaine de minutes pour créer une clef d’installation avec l’un des nombreux utilitaires disponibles, le reste pour remplacer Windows.

Mint tourne comme un charme, mais Ubuntu prend mieux en charge l’écran tactile ; Fedora est plus capricieuse. Toutes sont plus légères que Windows, et convoquent « l’esprit » du premier netbook, avec sa distribution GNU/Linux spécifique. À ce prix, on peut s’amuser et expérimenter, et c’est sans doute ce qui est le plus intéressant dans cette machine. Au diable HP et ses apps, Windows et ses crapwares : le Stream x360 est un joujou en plastique bleu avec un écran contorsionniste. Qui vaut bien 289 balles.

Note

Les plus :

  • Raisonnablement puissant
  • Bonne finition pour le prix
  • Très bonne autonomie

Les moins :

  • Crapwares difficiles à désinstaller
  • Espace disponible très faible une fois Office installé
6
10

Prix :

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