Combien Apple reçoit-elle de Google pour faire de celui-ci son moteur de recherche par défaut dans Safari ? Les estimations vont bon train et si la valeur exacte reste inconnue, le risque est grand pour les deux groupes en cas de condamnation de Google à l'issue du procès intenté par le Département américain de la Justice.

Depuis 21 ans, Apple et Google — adversaires autant que partenaires — sont liés par l'Information Services Agreement (ISA). Un accord qui fait de Google le moteur de recherche par défaut dans Safari et, après une brève interruption au profit de Bing, pour les questions posées à Siri.

Au fil du temps, alors que les iPhone ont commencé à se vendre par millions puis par dizaines puis par centaines de millions, la porte d'entrée qu'ils représentent vers les pages remplies de publicité de Google est devenue incontournable.

Combien Google paye-t-il Apple pour cette place de premier choix ? C'est le grand mystère. Il a été publiquement admis que la somme se calculait en milliards de dollars.

Lors du procès entamé contre Google par le Département américain de la justice, John Giannandrea, ex-responsable de la division recherche et intelligence artificielle chez Google, maintenant à la tête de l'IA chez Apple, a déclaré qu'il était « globalement exact de dire que Google [payait] Apple plusieurs milliards ».

Le principe étant admis, reste le montant ou du moins l'évaluation de celui-ci. Là, ce ne sont plus des fourchettes, mais des fourches qui sont utilisées. À l'ouverture du procès, le représentant du ministère de la Justice a parlé de 10 milliards versés annuellement aux partenaires de Google (Samsung est aussi sous contrat, tout comme Mozilla) dont 4 à 7 milliards à destination unique d'Apple. Les avocats de la Pomme ont contesté ces affirmations, au prétexte qu'il s'agissait de données externes aux entreprises citées.

La firme de conseils Bernstein, qui accompagne des investisseurs, a calculé pour sa part, en se basant sur les informations financières des deux protagonistes, que le montant annuel transitant entre Google et Apple serait de 18 à 20 milliards de dollars.

Google reverserait à ses partenaires, qui envoient leurs utilisateurs sur ses pages de résultats, 22 % de son chiffre d'affaires généré par la publicité en ligne. L'autre estimation est qu'Apple s'arroge environ 40 % de ce montant. Cette activité dépendant de Google pèserait au final entre 14 et 16 % du bénéfice opérationnel annuel d'Apple (ce dernier s'était élevé à 119 milliards de dollars pour 2022).

Si Google perd son procès, où il est accusé de pratiques anticoncurrentielles pour maintenir le monopole de son moteur de recherche, les conséquences seraient sévères, explique Bernstein, cité par The Register. Avec comme perspective, pour Google, de perdre son baquet dans Safari et, pour Apple, de voir cette rente possiblement très diminuée. S'il y avait cette obligation de casser le contrat avec Apple, cela provoquerait aussi un effet domino sur les autres accords.

Contrairement à ce qui s'est passé pour Google Maps, Apple ne semble pas avoir de plan B visant à proposer sa propre solution de remplacement. Mais tout comme cela s'est passé pour Google Maps, l'irruption d'un concurrent ne devrait pas être sans douleur pour Google.