Orange va engager son plan de transition du cuivre à la fibre

Florian Innocente |

Orange s'apprête à détailler son plan de fermeture du réseau télécom en cuivre dont 21,5 millions de lignes sont encore utilisées en France. L'opérateur va se donner jusqu'à 2030 pour désactiver ce réseau, récupérer les lignes et basculer les abonnés sur la fibre optique. Plusieurs raisons sont avancées à ce démantèlement d'une infrastructure vieille d'un demi-siècle.

Raisons technologiques d'une part puisque si le cuivre a pu ouvrir la voie à un plus haut débit avec l'ADSL, il n'est plus de taille face à la fibre optique dont les capacités sont devenues cruciales pour les services en ligne et a fortiori lorsqu'ils sont partagés par toute une famille. Ensuite l'interconnexion entre l'ancienne et la nouvelle génération de réseau est complexe et coûteuse, explique Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms, dans Le Monde : « Payer pour deux réseaux est une hérésie économique ».

Raisons financières aussi pour cette technologie qui pèse pour 500 millions par an dans les charges d'exploitation d'Orange. Il y a ce coût de l'interconnexion mais aussi celui de la dépense énergétique — trois fois plus élevée pour le cuivre de l'ADSL face à la fibre — ou encore le coût foncier de milliers de centraux téléphoniques. À l'inverse, le dégroupage — facturé aux autres opérateurs — rapporte environ 2 milliards par an à Orange, bien que le montant aille en décroissant au fil de la montée en charge de la fibre (13 millions d'abonnés sur 32 millions d'habitations prêtes à la recevoir).

Le projet tel que doit le présenter aujourd'hui Orange prévoit une extinction par régions et par étapes jusqu'en 2030. Il va falloir de la pédagogie pour expliquer l'inéxorabilité de ce changement auprès de certains abonnés — et plus encore ceux dépourvus de mobiles — qui se satisfont parfaitement de leur ligne cuivre ou d'un abonnement ADSL. Sachant qu'en outre la fibre sera soumise aux risques de coupures électriques, contrairement à la vieille ligne cuivre et son téléphone au bout.

Ce pourrait être aussi l'occasion d'une compétition relancée dans les démarchages des uns et des autres pour décrocher de nouveaux abonnés à la fibre, sans parler des escroqueries que ce genre de grands changements ne manquent pas de générer.

D'autres questions restent posées, comme l'avenir du service universel des communications électroniques. Orange n'y est plus tenu depuis 2020 mais il avait prolongé cette obligation de service jusqu'en 2023. Enfin il y a le coût du démontage du réseau cuivré. Un fardeau financier dont ne veulent pas entendre parler les autres opérateurs — ça pourrait être une augmentation temporaire du tarif de dégroupage, comme l'a suggéré l'Arcep — qui estiment que le réseau appartenant à Orange, c'est à lui d'en assurer les frais d'entretien ainsi que le coût du retrait jusqu'au bout.

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