Samsung : c'est pas moi qui ai copié, c'est Apple

Anthony Nelzin-Santos |

Dans le procès opposant les deux sociétés en Californie, Samsung essaye de prouver que le brevet crucial d'Apple sur le rebondissement en fin de défilement est invalide. Il s'agit notamment de prouver qu'il n'est ni nouveau ni inventif, c'est-à-dire qu'il ne présente pas une solution unique et non évidente à un problème donné. Et donc à échapper aux accusations de violation de ce brevet.





Ben Bederson, a ainsi présenté ses travaux sur LaunchTile, un concept d'interface présenté en 2004 sur un HP iPAQ. Développé par l'Université du Maryland-College Park dont il est professeur et par Microsoft Research, il détaille un système de zoom sémantique tel qu'on pourra le retrouver dans Windows 8 et donc un point important est le mécanisme de « snap-back ».





Lorsque l'on veut passer d'un écran à l'autre, il faut dépasser un certain seuil ; si on ne le dépasse pas, l'écran en cours revient à sa position initiale avec une transition. Un effet inverse au rebondissement en fin de défilement d'iOS, comme l'ont remarqué les avocats d'Apple, puisqu'il n'y pas ici de butée, mais un défilement libre. LaunchTile n'affiche donc pas une texture d'arrière-plan lorsque l'on arrive en bordure du contenu, point qui est pourtant au centre du brevet d'Apple sur la question.



LaunchTile a aussi été utilisé pour contester le brevet #7,844,915, qui couvre les opérations de défilement dans iOS. Il sera cette fois assez dur pour Samsung de faire pencher la balance en sa faveur, ce brevet s'inscrivant au terme de 11 ans de recherche dans le domaine par Apple.



Adam Bogue a quant à lui présenté la table DiamondTouch, une surface tactile sur laquelle les éléments sont projetés. Elle a été développée dès 2001, comme le système similaire de Microsoft, PixelSense. Le fondateur de Circle 12, qui dirigeait à l'époque les laboratoires de recherche de Mitsubishi Electronic d'où provient cette table, a détaillé le fonctionnement de la fonction Tablecloth.



Ironie du sort, le site d'Apple est utilisé dans cette démonstration. La table de Mitsubishi, qui date de 2001, est loin d'être la première à utiliser le multipoint : Microsoft travaillait sur un concept similaire à la même période. Les travaux de FingerWorks remontent à 1998 et ont donné les premiers produits commerciaux utilisant cette technologie, comme le Touchstream Keyboard, l'iGesture Pad et… l'iPhone, puisqu'Apple a acquis cette société en 2005. Dans la littérature scientifique, on retrouve des mentions du multipoint dès les années 1970.



Il s'agit d'une fonction permettant de déplacer une image, une copie visuelle apparaissant toujours à l'emplacement d'origine. Lorsqu'on relâche l'image, elle revient à sa place originale avec une transition élastique. La table DiamondTouch était exposée publiquement chez Mitsubishi, et Bogue en a fait une démonstration à Apple en 2003. Là encore néanmoins, on peut déceler des différences majeures avec le brevet #7,469,381, qui s'applique d'abord et avant tout au défilement des listes, même s'il mentionne la translation d'éléments.



La firme coréenne a néanmoins été contrecarrée dans ses efforts pour prouver l'invalidité du brevet sur le pincer-pour-zoomer en convoquant là aussi la table Diamond Touch. La fonction, baptisée Fractal Zoom chez Mitsubishi, a été développée après la démonstration de 2003. Le brevet #7,812,826, qui couvre la détection de deux points ou plus sur un écran tactile et les mouvements de zoom ou rotation est assez limité dans son interprétation, mais a toujours été considéré comme crucial par Apple et notamment Steve Jobs.



La stratégie de Samsung peut néanmoins suffire à instiller le doute chez les jurés, la liste des références liées au brevet '381 étant par ailleurs très longue (sans mentionner ni LaunchTile ni Diamond Touch). On remarquera néanmoins que ce brevet a été licencié à Nokia et IBM, et qu'Apple en avait proposé une licence à Samsung.

Accédez aux commentaires de l'article