Kodak met en vente ses brevets pour ne pas se faire acheter

Anthony Nelzin-Santos |
En pleine restructuration vers la photo et l'impression numérique, Kodak utilise son imposant portefeuille de brevets comme source annexe de revenus par le biais de nombreuses poursuites judiciaires. En janvier 2010, Kodak a ainsi déposé deux plaintes à l'encontre d'Apple et de RIM, pour la violation supposée d'un brevet sur la prévisualisation des images et de leur traitement sur différentes résolutions et d'un autre sur la capacité d'un ordinateur à « demander de l'aide » à une autre application pour accomplir certaines fonctions.



Antonio Perez, le PDG de Kodak, a été très clair : le but de cette poursuite est de récupérer 1 milliard de dollars, à l'amiable ou sous forme de dommages. Auprès de l'International Trade Commission (ITC), Kodak a gagné plusieurs batailles, sans pour autant avoir encore gagné la guerre. Pendant ce temps, Kodak continue d'enregistrer des résultats en baisse, voire des pertes. Pire : ces affaires sans conclusion rapide participent à l'assèchement des finances de la société.

Le problème est aujourd'hui que la valeur de la société baisse (moins de 500 millions d'euros aujourd'hui), à tel point que le cœur de son portefeuille de brevets, fruit de décennies d'innovations, vaudrait aujourd'hui plus que Kodak elle-même. Certains charognards tournent donc autour de la société : il serait plus simple et plus économique de monter une OPA hostile (partielle ou complète) contre Kodak que de tenter d'acquérir ses brevets. On a ainsi entendu parler des projets du pas très net fonds de capital-risque Weintraub and Sterling Global Holdings, qui aurait mis sur pied une telle opération.

Kodak a décidé de prendre les devants et de mettre en vente 1 100 de ses brevets, soit environ 10 % de son portefeuille. Dans le lot, on trouve le fameux brevet relatif à la prévisualisation des images et de leur traitement sur différentes résolutions utilisé contre Apple et RIM — mais aussi contre 32 autres sociétés qui ont elles décidé de signer des accords de licence : 280 millions d'euros pour LG, 385 millions d'euros pour Samsung. Selon le Wall Street Journal, l'opération serait nette d'un point de vue comptable : Kodak peut utiliser ses pertes financières pour être exempté de taxes sur cette vente. Pour gérer le dossier, Kodak a choisi la même société qui a supervisé la vente des brevets de Nortel, Lazard. Comme dans le cas de Nortel, on devrait assister à une lutte acharnée à coup de montants faramineux.

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