iCloud : pour faire oublier MobileMe

Christophe Laporte |
En bon vieux routier de l'informatique, Kevin Fox tente d'imaginer ce qu'Apple est en train de préparer derrière son nuage. L'homme qui a participé au développement du Newton avant de poursuivre sa carrière chez Yahoo, Google, puis au sein de la fondation Mozilla, estime qu'Apple ne fera pas dans la demi-mesure.

Qualifiant MobileMe "d'échec complet sur la dernière décennie", la firme de Cupertino ne peut revenir à la charge qu'en présentant quelque chose d'incroyable. En bon connaisseur, il se risque même à l'analogie suivante : "iCloud sera à MobileMe ce que l'iPhone était au Newton". Selon lui, Apple n'a pu que tirer les leçons de ses précédents échecs et repartir de zéro

Précisant qu'il n'a aucune info sur ce que mijote Apple, il revient sur le rapport que la marque à la pomme entretient avec Internet. Fox rappelle qu'Apple a mis du temps à prendre en compte Internet dans les années 90. Et que même aujourd'hui, son approche est encore relativement basique dans un sens, elle se résume à un navigateur web, un outil (quasiment abandonné) pour créer des pages web et des boutiques en ligne.

Avec iCloud, Apple va selon lui nous entraîner dans un nouveau paradigme, modifier la manière dont nous utilisons internet et accédons à nos données. Le précurseur de cette "révolution" d'après lui, c'est l'iPhone, car il est toujours connecté.

S'il a été beaucoup question de la musique au sujet d'iCloud, cela serait réducteur selon lui. Voilà ce qu'il imagine que Steve Jobs pourrait annoncer lundi :

- La synchronisation complète et transparente du dossier documents qui serait accessible depuis n'importe quel terminal. À ce sujet, il se murmurait qu'avec Mac OS X 10.7, Apple travaillait sur un dropbox killer (lire : Apple : rumeur d'un "Dropbox-killer").

- Un identifiant universel vous permettant sur n'importe quel ordinateur d'accéder à vos données et à votre environnement de travail (applications téléchargées sur le Mac App Store, documents…). Mac OS X disposerait d'un accès invité rendant la chose possible, en toute sécurité bien entendu.

- La synchronisation continue de vos terminaux iOS sans que vous ayez besoin de les connecter à votre Mac (lire : iOS 5 : fuite d'une option de mise à jour automatique).

- Une utilisation temps réel : vous travaillez sur un document avec Numbers sur votre ordinateur. Celui-ci s'ouvre automatiquement et au même point où vous l'avez laissé, lorsque vous lancez Numbers sur votre iPad.

- Un App Store unifié offrant la possibilité d'acheter des logiciels universels tournant à la fois sur sur iOS et Mac OS X.

Kevin Fox émet d'autres hypothèses comme la possibilité de rapprocher iOS avec Mac OS X en permettant notamment de faire fonctionner les applications iPhone sous forme de widgets.



En attendant, certains points avancés par Kevin Fox sont totalement conformes à la vision de Steve Jobs concernant le réseau. En 1997, pour sa première WWDC (depuis son retour), le cofondateur d'Apple avait suite à une question d'un développeur, expliqué à quel point le (très) haut débit avait modifié ses habitudes depuis quelques années.

Grâce à NFS (un protocole développé par Sun Microsystems qui permet à un ordinateur d'accéder à des fichiers via un réseau), ses données personnelles sont stockées sur un serveur distant. Et il y accède sans le moindre problème qu'il soit chez Apple, NeXT, Pixar ou encore depuis chez lui. Avec une très bonne connexion et un serveur performant, l'accès à ses données est explique-t-il plus rapide parfois que via un disque dur.


L'explication de Steve Jobs démarré à treizième minute. Son propos avec le recul est très intéréssant. Il explique ensuite pourquoi c'est un avantage pour Apple de maîtriser à la fois le développement du logiciel et du matériel.


Jobs explique que cette façon de travailler présente bien des avantages : il n'a jamais perdu des données, il n'a jamais eu à se soucier de sauvegarder ses données, et cela est complètement transparent. Et de poursuivre en affirmant que celui qui parviendra à démocratiser cette approche de l'informatique touchera le gros lot. Pour lui en 1997, cela faisait partie des trois ou quatre opportunités qui devaient permettre à Apple de reprendre sa marche en avant !

On rappellera qu'à l'époque le concept du Network Computer cher à son camarade Larry Ellison était particulièrement en vogue. Le discours qui consiste à dire que "le serveur est mon disque local", Apple a déjà essayé de l'appliquer sans succès avec iDisk. Est-ce qu'elle y parviendra avec iCloud ? C'est toute la question.

Sur le même sujet :
- Tribune : iCloud, Steve Jobs prépare la radio du 21ème siècle
Accédez aux commentaires de l'article