Les milliards d'Apple agitent des actionnaires

Florian Innocente |
45,8 milliards de dollars (31,1 milliards d'euros) c'est le montant actuel des liquidités d'Apple. Une somme ébouriffante qui ne cesse de prendre de l’ampleur chaque trimestre. Ce qui fait dire à un analyste, Toni Sacconaghi de Bernstein Research, que l'heure est venue pour Apple d'en faire profiter ses investisseurs, ou tout au moins de leur dire ce qu’elle compte en faire.

Depuis la toute fin 1995, Apple ne verse plus aucun dividende à ses actionnaires.

Dans une lettre ouverte adressée à Steve Jobs ainsi qu'au conseil d'administration de la société, Toni Sacconaghi souligne le travail extraordinaire accompli pour créer de la valeur pour les actionnaires. Cependant il juge que ce montant de trésorerie est devenu « excessif », sa valeur étant « supérieure à la capitalisation boursière des 500 entreprises de l'index boursier Standard & Poor's, moins 49 d'entre elles »

Il estime que la politique d'Apple vis-à-vis de la gestion de cette fortune, ou plutôt « l'absence de politique » est un problème important pour les actionnaires et qu'il doit être pris en considération par le conseil d'administration.

Certains commenceraient à être frustrés par l'absence de versements de dividendes ainsi que par le refus opposé par Apple à toute discussion sur l'usage prévu de cet argent. Selon Sacconaghi, des actionnaires lui auraient dit leur préférence pour un versement régulier de dividendes, de l'ordre par exemple de 4% par an. Ce qui laisserait à Apple de quoi conduire sans problème ses opérations.

En février dernier, Steve Jobs avait abordé cette question à l'occasion d'une présentation de résultats. On en était alors à environ 40 milliards de dollars… Jobs avait d'abord répondu que cet argent représentait une forme de sécurité pour Apple. Ensuite, qu'il était mis de côté pour le moment où il s'agira de miser gros sur des rachats ambitieux. Une politique qu'il préfère à celle consistant à verser des dividendes aux actionnaires ou de s'engager dans un programme de rachat d'actions.

Apple a parfois consenti de lourds investissements, par exemple pour son nouveau data center estimé à 1 milliard de dollars ou lorsqu'elle préempte des stocks de mémoire flash chez Samsung pour ses baladeurs ou des écrans (500 millions de dollars sur cinq ans avec LG Display l'an dernier ou encore 240 millions avec un autre pour les dalles de l'iPad).

En revanche les rachats récents d'entreprises ont été faits sur des sociétés de petite taille, pas à même de détacher une très grosse part de son gâteau. Peter Oppenheimer, le directeur financier d'Apple l'avait encore expliqué il y a peu, la priorité est de « préserver le capital » et de préférer de petits investissements, mais à forte valeur ajoutée.
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