Le kit de développement ARM d'Ampere est l'anti-Mac Pro

Pierre Dandumont |

Récemment, Ampere — un développeur de puces ARM qui cible les serveurs — a annoncé l'Ampere Altra Developer Platform. Et cette plateforme de développement qui se présente sous la forme d'une tour contenant jusqu'à 128 cœurs est probablement tout ce que le Mac Pro Apple Silicon ne sera pas… au grand dam de certains.

La tour d'Ampere (pas très Mac Pro).

Probablement l'anti-Mac Pro

L'Ampere Altra Developer Platform (AADP dans la suite) est une tour de PC assez classique, avec des loupiotes RGB (c'est à la mode). Et les choix d'Ampere sont intéressants : la carte mère propose un emplacement pour un CPU qui peut être remplacé, six emplacements pour de la DDR4 et plusieurs connecteurs PCI-Express (trois emplacements 16x, deux emplacements 4x). Elle est aussi équipée de deux emplacements M.2 standards et d'une puce de gestion avec une sortie VGA1. Pour le CPU, Ampere propose des puces avec 32 cœurs (à une fréquence de 1,7 GHz), 64 cœurs (2,2 GHz) ou 80 et 128 cœurs (2,6 GHz). Pour la carte graphique, Ampere se repose sur les cartes des fabricants de PC : comme la machine fonctionne sur Ubuntu par défaut, il est possible d'installer une GeForce RTX ou une AMD Radeon.

L'ensemble est séduisant si vous avez adoré le Mac Pro 2010. Mais Apple devrait aller dans une direction diamétralement opposée pour le Mac Pro Apple Silicon, et dans certains cas pour de bonnes raisons. Le premier point qui peut être bloquant avec la solution d'Ampere vient des performances : le cœur Neoverse N1 dérive du Cortex A76, vu dans le Snapdragon 855 qui équipait les smartphones de 2019. Et ses performances restent assez faibles : les tests de Jeff Geerling sur un modèle avec 96 cœurs à 2,8 GHz montrent que les performances en single core sont environ deux fois plus faibles que celle d'un Apple M1, avec 807 points sur Geekbench. Sur les 96 cœurs, le score peut impressionner — un peu plus de 30 000 — mais ce n'est pas extraordinaire dans l'absolu. En effet, c'est un score environ 50 % plus élevé qu'un M1 Ultra, alors que la machine contient pratiquement cinq fois plus de cœurs.

La carte mère.

De même, la bande passante maximale de la mémoire est nettement en retrait de ce qu'Apple peut proposer (dans le meilleur des cas aux alentours de 150 Go/s, contre 800 Go/s avec le M1 Ultra). Qui plus est, le rapport performances/consommation reste meilleur que celui des puces x86, mais encore en deçà de celui des Apple M1 ou M2.

Pour le Mac Pro, toutes les rumeurs actuelles tendent vers une solution très intégrée et donc très différente de ce que l'AADP propose : des cœurs Apple M2, une mémoire intégrée sur un bus mémoire très large et un GPU intégré. En l'état, la question du PCI-Express reste en suspens : il n'y a pas de limite particulière qui empêche Apple de proposer des connecteurs standards, mais l'absence de pilotes rend la solution caduque pour les GPU, par exemple.

Notons pour terminer qu'Ampere et Apple sont d'accord sur au moins une chose : le prix. La version de base de l'AADP — équipée de 32 cœurs, de 32 Go de RAM et d'un SSD de 128 Go — vaut 3 250 $ sans carte graphique. Pour la version 128 cœurs, avec 128 Go de RAM et un SSD de 512 Go, il faut débourser 5 658 $, là aussi sans GPU. Les amateurs pourront aussi se tourner vers la carte mère, vendue avec le CPU 32 cœurs pour 2 003 $. Bien évidemment, les prix élevés viennent en partie du fait que la solution vise les développeurs, un marché de niche à l'échelle d'Ampere.


  1. Bienvenue en 1987.  ↩︎

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