L'architecture ARM ne peut encore remplacer l'x86, regrette Linus Torvalds

Florian Innocente |

L’architecture ARM n’est pas encore en mesure de prendre la place de l’architecture x86 d’Intel. C’est le constat qu’a dressé Linus Torvalds alors qu’on l’interrogeait sur celle qui avait sa préférence.

Le développeur et créateur du noyau Linux intervenait il y a quelques jours à la conférence Linaro Connect de Las Vegas (son propos arrive vers la 21e minute de la vidéo).

Depuis un certain temps déjà, des indices laissent à penser qu’Apple pourrait à nouveau changer de cheval. Abandonner Intel et faire pour le Mac ce qu’elle a fait pour ses iPhone et iPad : prendre en main le destin de ses processeurs, ne plus dépendre du calendrier d’Intel et de ses aléas, pour développer ses puces sur la base des designs imaginés par ARM.

Torvald a une véritable affection pour cette autre architecture qu’il a pratiqué à la fin des années 1980. Après s’être fait la main sur la famille 68000 de Motorola et le processeur 6502 en particulier, il a tenté l’aventure avec l’Archimedes d’Acorn.

Archimedes A410, crédit nightfallcrew — Cliquer pour agrandir

Cette famille d’ordinateurs avait cela d’inédit qu’elle s’appuyait sur un processeur ARM de type RISC (à l’instar des PowerPC plus tard). C’est cette puce qui donnera naissance en 1990 à la société britannique ARM, constituée par Acorn Computer, VLSI Technology et Apple (en vue d’équiper son Newton).

Les Archimedes, bien que novateurs et puissants, n’ont pas connu un très grand succès en dehors des écoles britanniques et d’un cercle de passionnés. Torvalds est alors passé sur le QL de Sinclair — famille de processeurs 68000 — mais ce fut un autre échec commercial.

Linus Torvalds en est ressorti vacciné et en a tiré une leçon : « Ne jamais, ô grand jamais, investir dans quelque chose qui n’a pas derrière lui le soutien d’une infrastructure ». Ce n’est pas tant une histoire de jeu d’instruction meilleur qu’un autre, dit-il, mais de l’existence d’un « écosystème » solide autour.

30 ans après la disparition des ordinateurs d’Acorn, il n’existe toujours pas de plateforme de développement basée sur une architecture ARM, se désole Torvalds : « J’adore le concept ARM et cela me déçoit profondément ».

Aujourd’hui, les développeurs conçoivent toujours leurs applications sur des ordinateurs basés à processeurs x86. Tout en louant les vertus pédagogiques pour les jeunes de ce « jouet » qu’est le Raspberry Pi — construit avec un processeur ARM — il observe que là aussi il faut un PC x86 pour développer dessus.

« C’est un gros, gros problème et ARM ne pourra pas gagner tant qu’il ne lèvera pas cet obstacle » avant de conclure en riant « Et j’ai toujours raison ».

Apple, à ce titre, est bien placée pour tenter de répondre à ce challenge. Elle s’appuie sur des designs ARM pour ses Ax et conçoit en parallèle les ordinateurs utilisés pour développer des apps iOS. En décidant un jour de basculer ses Macintosh sur une architecture ARM elle serait en mesure, peut-être, d’exaucer enfin le vœu de Torvalds…

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