Le Mac en proie aux malwares : Federighi « travestit la vérité » pour défendre le modèle iOS, selon la juge

Stéphane Moussie |

« Aujourd'hui, nous avons un niveau de malware sur Mac que nous ne trouvons pas acceptable. » En plein milieu du procès contre Epic, Craig Federighi créait la surprise en déclarant que le Mac était en proie aux malwares. Cette déclaration choc était-elle honnête ? Dans le verdict rendu le 10 septembre, la juge en doute très fortement.

Craig Federighi. Image Apple / MacGeneration

« Bien que l'avis de M. Federighi sur les malwares sur Mac paraisse plausible, il semble être apparu pour la première fois lors de ce procès, ce qui suggère que M. Federighi a travesti la vérité pour aller dans son sens », écrit Gonzalez Rogers. La juge considère que le responsable de l'ingénierie logicielle a dénigré sans preuve concrète la sécurité du Mac, cela dans le but de défendre le modèle de distribution centralisé d'iOS, un élément attaqué par Epic.

Craig Federighi avait affirmé qu'il y avait un « problème de malware significativement plus important sur Mac [que sur iOS] », or la juge fait remarquer que cette déclaration n'a été appuyée par aucune donnée. « Durant l'audience, [M. Federighi] a reconnu qu'Apple avait uniquement des outils de collecte de données sur les malwares pour le Mac, et pas pour iOS, ce qui interroge sur sa connaissance des statistiques en question », note-t-elle. Et d'enfoncer le clou en soulignant qu'« avant ce procès, Apple a toujours présenté le Mac comme sûr et à l'abri des malwares. » « Par conséquent, la Cour accorde peu de poids au témoignage de M. Federighi sur ce sujet », assène la juge, à qui on ne la fait pas.

Elle va même plus loin en ajoutant qu'Apple pourrait concevoir pour iOS un système de validation et de distribution des apps similaire au Mac sans nuire à la sécurité de la plateforme mobile :

Au bout du compte, la Cour trouve que la validation des applications pourrait être faite de manière relativement indépendante à la distribution de manière convaincante. Comme M. Federighi l'a confirmé lors du procès, une fois qu'une application a été validée, Apple peut la renvoyer à son développeur pour qu'elle soit distribuée directement par lui ou bien dans une autre boutique. Ainsi, même si la libre distribution des applications devait diminuer la sécurité, des modèles alternatifs pourraient facilement être mis en place pour atteindre les mêmes objectifs.

En dépit de cet avis, la juge n'a pas forcé Apple à ouvrir la porte aux boutiques tierces ou à la distribution directe des apps sur iOS. À ce jour, Apple peut toujours imposer l'App Store comme seul et unique canal de distribution sur iOS. Epic n'ayant pas eu gain de cause sur ce cheval de bataille crucial, l'éditeur a décidé de faire appel du jugement.

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