Craig Federighi admet que le Mac a un problème de malware

Mickaël Bazoge |

Après Phil Schiller, c'est au tour de Craig Federighi d'être interrogé dans le cadre du procès opposant Epic Games à Apple. Le vice-président en charge de l'ingénierie logicielle s'est attaché à défendre le « jardin fermé » d'iOS. En dégommant au passage Android… et le Mac.

Pour Apple, l'iPhone et iOS ont représenté une opportunité unique de repenser la sécurité informatique. « Les utilisateurs d'iPhone sont plus prompts à télécharger des applications que les utilisateurs de Mac ou de PC », soutient-il. La mentalité « il y a une app pour ça » se traduit par une hausse des vecteurs d'attaque, ce d'autant qu'iOS représente une cible très populaire.

« Le Mac est un produit à succès et je l'aime énormément, mais il y a dix fois moins d'utilisateurs Mac que d'utilisateurs iOS », révèle Federighi. Ce qui donne à la louche une centaine de millions de Mac dans le monde. Pour les malandrins, iOS est donc un marché très attractif…

Avec iOS, Apple a voulu créer quelque chose de beaucoup plus sécurisé qu'Android, qui en prend d'ailleurs pour son rhume : « Dans la communauté de la sécurité informatique, il est reconnu qu'Android a un problème de malware qu'iOS est parvenu jusqu'à présent à éviter ». iOS est aussi mieux sécurisé que macOS, à lire entre les lignes de la déposition de Federighi : « Aujourd'hui, nous avons un niveau de malware sur Mac que nous ne trouvons pas acceptable ».

« Malheureusement, nous avons un problème de malware significativement plus important sur Mac », ajoute-t-il en s'appuyant sur des données internes d'Apple. Est-ce à dire qu'il faut s'attendre à ce que le constructeur serre encore plus la vis sécuritaire de macOS, après Gatekeeper, la signature des logiciels, la notarisation ?

Cette menace logicielle explique la position d'Apple sur les boutiques alternatives (interdites) dans iOS et l'installation d'apps en dehors du canal officiel (sideloading). Une telle ouverture mettrait les utilisateurs iOS dans une « très très mauvaise situation », assure-t-il. Federighi file la métaphore automobile :

« Le Mac, c'est comme une voiture avec laquelle vous pouvez faire du hors piste et conduire où vous voulez. Si vous conduisez correctement et si vous obéissez au code de la route et si vous êtes très prudent, oui [un Mac c'est très bien]. Mais sinon, je connais des membres de ma famille qui ont eu des malwares sur leur Mac ».

Cette déclaration concernant la sécurité (toute relative si on comprend bien ?) du Mac risque de hanter Apple pendant longtemps. « Dans l'ensemble, je pense que le Mac peut être utilisé en toute sécurité », tente de rassurer Federighi. Avec l'iPhone et iOS, c'est différent. « Nous avons été capable de créer quelque chose que même les enfants sont capables d'utiliser en toute sécurité. C'est vraiment un produit différent ». On pourrait rétorquer que beaucoup d'utilisateurs iOS ne sont pas des enfants et qu'il ne serait pas hors de propos de leur laisser un peu plus de liberté, en toute connaissance de cause bien sûr.

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