iOS 10 et macOS Sierra : « de super fonctions, et la vie privée »

Anthony Nelzin-Santos |

Le menu du keynote d’introduction de la 27e WWDC, présenté à 5 000 développeurs venus de 74 pays, était copieux et varié. Un menu en quatre volets, comme les quatre plateformes d’Apple, qui « définissent leur catégorie » et « changent le monde » : macOS (oui, macOS), iOS, watchOS, et tvOS.

watchOS 3

À défaut de dévoiler les chiffres de vente de l’Apple Watch, Kevin Lynch a présenté watchOS 3. Alors que watchOS 2 n’était rien d’autre qu’un watchOS 1.1, watchOS 3 s’impose comme la première mise à jour majeure du système d’exploitation de l’Apple Watch. Promis, juré, craché : cette fois, les applications se lanceront rapidement, grâce à une combinaison de mise en mémoire et de rafraîchissement en mémoire.

Des applications qui ne sont plus écartelées entre les « coups d’œil » et l’« écran d’accueil » : watchOS hérite d’un « Dock » qui fusionne les deux concepts en permettant de voir le contenu des applications sans même les lancer. Les « coups d’œil » envolés, le geste de balayage depuis le bas convoque désormais un « centre de contrôles ».

Le cadran prend donc clairement le rôle d’un écran d’accueil, qui donne l’heure et permet de lancer ses apps favorites par le biais de leurs complications. Les cadrans les plus simples gagnent des emplacements pour les complications, le cadran Mickey gagne une variante Minnie, et deux nouveaux cadrans font leur apparition. Et il suffit de balayer latéralement pour changer de cadran.

Vous l’aurez compris : watchOS 3 doit régler les principaux problèmes fonctionnels de l’Apple Watch. Ainsi, les notifications de messages donnent directement le choix des options de réponse, et permettent même d’épeler les lettres en les dessinant. Et les applications Rappels et Localiser mes amis, étrangement manquantes au lancement, sont désormais disponibles sur le poignet.

Mais ce nouveau système poursuit aussi le travail d’Apple dans le domaine du « bien-être » et de la santé. Un appui prolongé sur le bouton latéral permet désormais d’appeler les secours en cas de problème. Activité s’enrichit d’un composant social et prend mieux en compte les mouvements des utilisateurs de fauteuils roulants. Et la nouvelle application Breathe doit vous aider à vous relaxer avec des exercices de respiration.

WWDC oblige, watchOS 3 s’accompagne aussi d’un nouveau SDK qui permet d’exploiter Apple Pay dans les apps, de faire tourner les applications de fitness en arrière-plan, et offre de plus grandes possibilités graphiques grâce à SpriteKit et SceneKit. La première developer preview de watchOS 3 est disponible dès ce soir.

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tvOS 10

Après le petit écran, le grand écran : Eddy Cue est venu présenter quelques nouveautés pour l’Apple TV. Vous perdez toujours la petite télécommande entre les coussins de votre canapé ? L’application Remote peut complètement la remplacer, y compris comme manette et comme interface à Siri.

Siri qui peut désormais chercher dans un catalogue de 650 000 films et séries TV, mais aussi sur YouTube. L’assistant virtuel est aussi capable de lancer les applications de télévision en direct… qui demandent souvent un code de connexion lors de leur premier lancement. Une fonction d’authentification unique permettra de se connecter une bonne fois pour toutes à l’ensemble des apps du genre pour éviter ce genre de désagréments.

Au rayon des frustrations, l’interface aveuglante dans le noir est désormais déclinée dans une version sombre, et le téléchargement des applications iOS déclenche automatiquement le téléchargement de leur composant tvOS. La première developer preview de cette nouvelle version de tvOS est disponible dès ce soir.

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MacOS Sierra

Ne l’appelez plus OS X : le système d’exploitation des Mac s’appelle désormais macOS. Apple continue toutefois de lui adjoindre le nom d’un haut-lieu californien, cette année Sierra, en référence à la Sierra Nevada. Craig Federighi a enchaîné les nouveautés à une cadence soutenue, en commençant par de nouvelles fonctions de Continuité, le système qui intègre macOS et iOS à travers iCloud.

Vous avez une Apple Watch ? Vous n’aurez plus besoin d’entrer votre mot de passe pour sortir votre Mac de veille, la montre servant de vecteur d’authentification. Vous avez commencé à travailler sur iPad ? Votre presse-papier est synchronisé avec iCloud, et ce que vous avez copié sur un appareil peut être collé sur un autre.

De manière générale d’ailleurs, iCloud est beaucoup plus intégré dans macOS. iCloud Drive étend désormais votre disque dur : les anciens fichiers sont supprimés du stockage local pour laisser de la place aux nouveaux, mais conservés dans le nuage. MacOS se fait plus agressif sur la gestion de l’espace disque, offrant même un panneau de gestion des caches et autres fichiers superflus. Mieux : le Bureau peut désormais être synchronisé entre vos différents appareils avec iCloud Drive.

Deux fonctions d’iOS font leur apparition dans Safari. La première est Apple Pay : il ne s’agit évidemment pas de payer en magasin avec son MacBook, mais de payer en ligne sans devoir entrer son numéro de carte bancaire. En attendant que les Mac intègrent (peut-être) un capteur Touch ID, l’authentification passe par un iPhone ou une Apple Watch par le biais de Continuité. Bonne nouvelle : Apple a confirmé le lancement prochain de son système de paiement en France et en Suisse.

La deuxième est le PIP : vous pouvez désormais envoyer une vidéo dans une fenêtre séparée dans le coin de l’écran. À l’inverse, des fonctions de Safari sont étendues au reste du système. C’est notamment le cas des onglets : intégrés au Finder il y a quelques années, ils sont désormais disponibles dans toutes les apps. Non, toutes : cette fonction est activée dans les applications tierces sans même que les développeurs ne doivent la prendre en charge.

Enfin (enfin !) et comme prévu, Siri fait son apparition sur Mac. L’assistant virtuel prend place dans le Dock et dans la barre de menus, et apparaît sous la forme d’une bulle dans le coin supérieur droit de l’écran. Aux fonctions que l’on connaît s’ajoutent de nouvelles possibilités uniques au Mac, comme l’intégration à Spotlight qui permet de rechercher des fichiers à la voix, ou le glisser-déposer des résultats d’une recherche d’image sur le web vers une application.

La première developer preview de macOS Sierra est disponible dès ce soir. La bêta publique sera ouverte en juillet, pour une finalisation à l’automne. Notez que la première fois depuis des années, Apple laisse quelques Mac sur le carreau : alors que des machines de 2007 pouvaient tourner sous El Capitan, Sierra demandera un Mac d’au moins 2009.

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iOS 10

Mac OS abandonne le « dix » juste au moment où iOS l’adopte. Surprise : Apple a repris l’interface du système de l’iPhone et de l’iPad, quoique par petites touches. Les éléments ont été arrondis et adoucis, d’une manière qui rappelle parfois webOS, et les sections des applications sont soulignés par des titres en gras, d’une manière qui rappelle carrément Windows Mobile.

L’ensemble est sans doute plus clair et plus lisible : iOS 10 veut améliorer l’expérience de l’utilisateur. Ainsi, il suffit de prendre l’iPhone en main pour allumer son écran, sans avoir besoin d’appuyer sur un bouton. Si des notifications apparaissent, une pression 3D Touch permet de consulter leur contenu et d’afficher des options.

Dans le Centre de notifications d’ailleurs, 3D Touch permet d’effacer toutes les notifications d’un coup. De l’autre côté de l’écran, le Centre de contrôles comporte désormais plusieurs panneaux latéraux, dont un dédié aux contrôles du lecteur musical. Le défilement horizontal prend d’ailleurs de l’importance, comme sur l’écran d’accueil où il permet d’accéder d’un côté à l’appareil photo, de l’autre aux widgets.

Comme prévu là aussi, Siri s’ouvre aux développeurs. Les domaines d’applications sont encore limités : la messagerie (WhatsApp, Slack), les transports (Uber), la recherche de photos (Pinterest), l’activité sportive (Runtastic, RunKeeper), le paiement (Number26), ou encore les appels VoIP (Skype). Mais ce premier pas montre comment Apple s’est investie discrètement dans le domaine de l’intelligence artificielle, et comment elle entend en faire profiter les développeurs.

L’« intelligence » de Siri est par exemple mise à profit par le clavier : les suggestions seront plus fines, plus pertinentes, plus contextuelles. QuickType pourra ainsi gérer plusieurs langues à la fois, extraire les données de manière plus précises, ou répondre à une question comme « où es-tu ? » par un bouton permettant d’envoyer sa position.

Cette intelligence infuse aussi Photos : comme Google Photos, il est désormais capable de reconnaître non seulement les visages, mais aussi les objets et les situations. Il peut ainsi regrouper un ensemble de photos en « souvenir », des albums collectés automatiquement que le système se charge d’assembler et même de mettre en musique.

Comme Siri, Plans, Messages et Téléphone s’ouvrent aux développeurs. Plans prend désormais tout l’écran, et se fait plus « proactif » en vous proposant un itinéraire vers le bureau le matin (que vous pourrez faire en voiture Uber), ou vers quelques restaurants à midi (que vous pourrez réserver avec OpenTable). Téléphone, qui sait désormais transcrire les messages du répondeur, intégrera quant à lui les services de VoIP.

Mais c’est encore Messages qui connaît le plus grand nombre de changements : à défaut d’être disponible sur Android, il s’enrichit de nombreuses fonctions qui ont fait le succès de nombreuses applications de messagerie. L’aperçu des liens et des pièces jointes est plus riche, l’appareil photo est directement intégré au navigateur de photos, les emojis s’affichent en gros dans la discussion.

Surtout, l’apparence des discussions se veut plus personnelle qu’une avalanche de bulles bleues. Celles-ci peuvent désormais grossir ou vibrer, voire déclencher sons et lumières pour attirer l’attention sur un événement particulièrement important. Elles peuvent contenir du texte bien sûr, mais une réponse peut aussi prendre la forme d’une simple icône, ou bien d’un dessin Digital Touch. Et grâce aux développeurs, il sera bientôt possible de payer via Messages, ou de s’envoyer des stickers.

Et la liste de nouveautés ne s’arrête pas là : Apple Music et Apple News adoptent un design qui marque une nouvelle direction esthétique chez Apple, les appareils HomeKit seront plus faciles à gérer grâce à l’application Home, et certaines applications d’Apple peuvent désormais être supprimées. iOS 10 est disponible en developer preview dès ce soir, et sera disponible cet automne après quelques mois de bêta publique.

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Vie privée

Au-delà de ces nouveautés (et de la présentation de Swift 3 sur laquelle nous reviendrons), ce keynote aura surtout marqué par la manière dont les cadres d’Apple ont distillé leur vision de la vie privée à l’heure des algorithmes et de l’intelligence artificielle. Ce n’est pas un serveur qui aide Photos à organiser vos souvenirs et Quick Type à proposer des suggestions : c’est votre appareil.

Le résultat n’est pas renversant : Apple n’a rien montré que Google ou qu’Amazon ne sache pas faire. Mais ce résultat est obtenu par des moyens différents : Apple vend des appareils, et ces appareils sont plus que jamais au centre de sa vision de l’informatique. « De super fonctions et la vie privée », disait Craig Federighi : tel semble être le nouveau slogan d’Apple.

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