Everpix met fin à son service de stockage de photos

Florian Innocente |

Everpix, la petite startup auteure d'un service de stockage et de partage de photos ferme ses portes, par manque d'argent et absence de plan B pour continuer son activité. Apparue au stade du projet il y a deux ans, elle avait été cofondée par deux jeunes Français, passés par Apple, Pierre-Olivier Latour (qui avait développé ce qui devint Quartz Composer chez Apple) et Kevin Quennesson. Everpix est basée à San Francisco (voir les précédents articles sur Everpix).

L'idée de base était simple : envoyer et stocker dans le nuage l'intégralité de ses photos, au moyen d'un logiciel sur Mac/PC qui fonctionnait tout seul en tâche de fond. On était alors sûr, en toute occasion, de pouvoir retrouver et partager une photo, qui avec son navigateur web, qui avec l'application iOS. A l'inverse d'un Flickr par exemple où l'on sélectionne davantage ce que l'on met en ligne.

Latour au centre, Quennesson à droite, crédit : The Verge

Le service s'est ensuite étoffé de nouvelles fonctions, l'interface était soignée et le tout fonctionnait assez bien. Mais jamais la petite équipe n'a su transformer l'essai et vendre suffisamment d'abonnements. Un tort pointé par leurs différents soutiens financiers qui se sont inquiétés au fil du temps de voir Everpix réussir à jouer des coudes et trouver sa place face aux solutions gratuites des Google, Apple et autre Instagram. D'autant plus qu'il est compliqué pour une jeune pousse, sortie de nulle part, de convaincre des utilisateurs de lui confier toutes leurs précieuses photos. Parmi ces investisseurs, on trouvait un autre Français, Bertrand Serlet, l'ancien patron du logiciel chez Apple.

En mars dernier, la start-up ne comptait que 19 000 inscrits et le 1,8 million de dollars prêté par des investisseurs avait été dépensé quasi-intégralement. Soucieux de fignoler leur produit, les développeurs ont mis (trop) longtemps à le lancer véritablement. Il n'a profité d'aucun marketing, fonctionnant par bouche à oreille et quelques articles sur les sites spécialisés.

Dans un long et intéressant sujet publié chez The Verge, sur la vie et la mort de cette petite boîte, il est expliqué que la recherche de nouveaux financements s'est aussi faite à une période où les gros chèques étaient difficiles à obtenir. Everpix cherchait 5 millions de dollars, alors que le maximum proposé par les uns et les autres aurait plutôt oscillé autour des 100 000 dollars.

Initialement, Everpix avait refusé de se vendre auprès de sociétés comme Dropbox ou Facebook qui avaient fait quelques approches. L'équipe préférait construire seule son avenir. Et le vent ayant tourné, avec le temps, ces sociétés n'étaient maintenant plus intéressées. Quelque chose faillit se nouer avec le réseau social Path, mais lui-même est dans une passe délicate.

Everpix est en train de fermer son service et de faire en sorte que les abonnés payants puissent être remboursés et qu'ils récupèrent leurs images en totalité. Latour, lui, se montre philosophe « Si vous regardez tous les problèmes auxquels nous avons fait face, ce n'est pas grand-chose. J'ai plus de respect pour quelqu'un qui met toutes ses économies dans un restaurant que pour ce que j'ai fait. Nous avons tout de même de la chance. Nous sommes dans un environnement, la Silicon Valley, qui offre un certain filet de sécurité ».

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