Nouvelle salve de la Commission européenne contre Amazon

Mickaël Bazoge |

La Commission européenne a lancé non pas une, mais deux salves contre Amazon aujourd'hui. La première, c'est une « communication de griefs » concernant l'exploitation systématique par Amazon des données commerciales non publiques des vendeurs indépendants de la place de marché d'Amazon. Cette pratique bénéficie à l'activité de détail d'Amazon, en concurrence directe avec les vendeurs tiers.

Crédit : Amazon.

Bruxelles reproche au géant du commerce en ligne de piocher dans ces informations non publiques — nombre d'unités commandées et expédiées, « recettes » des vendeurs, nombre de visites… — pour « calibrer les offres de détail d'Amazon et ses décisions commerciales stratégiques au détriment des autres vendeurs de la place de marché ».

Avec de telles informations à sa disposition, Amazon évite les risques de la concurrence sur le marché de détail et tire parti de sa position dominante sur sa place de marché en France et en Allemagne, souligne la Commission européenne. Le régulateur précise qu'une communication de griefs ne préjuge pas de l'issue d'une enquête.

La deuxième salve concerne le service « Expédié par Amazon » et le label Prime. La Commission va enquêter sur les pratiques commerciales du groupe qui pourraient favoriser artificiellement ses propres offres de vente au détail et les offres des vendeurs sur sa place de marché. Bruxelles s'intéresse tout particulièrement aux critères fixés par Amazon pour sélectionner le vainqueur de la « boîte d'achat » : le produit apparait alors de manière bien visible sur le site, avec une étiquette permettant aux clients d'ajouter rapidement l'article dans son panier.

Cette boîte d'achat génère « la grande majorité de toutes les ventes », relève la Commission. Qui s'intéresse aussi à l'accès aux clients Prime par les vendeurs tiers. « Il est important pour les vendeurs d'atteindre ces consommateurs parce que le nombre d'utilisateurs Prime ne cesse de croître et que ceux-ci ont tendance à générer plus de ventes sur les places de marché d'Amazon que les autres utilisateurs ».

La Commission européenne n'est pas le seul régulateur à vouloir des explications d'Amazon sur ses pratiques. Aux États-Unis aussi, l'entreprise de Jeff Bezos est sur le grill. Et a priori, la future administration Biden sera au moins aussi exigeante que la précédente.

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