Le gouvernement américain part à la chasse de Google

Mickaël Bazoge |

Google est la cible du Department of Justice (DoJ), qui a officiellement porté plainte contre l'entreprise pour des pratiques jugées anticoncurrentielles sur son cœur de métier : la recherche et la publicité en ligne. Google est accusé d'avoir maintenu son monopole grâce à des « pratiques d'exclusion nuisibles ». Pour le ministère américain de la Justice, le seul moyen de retrouver une concurrence qui profite aux consommateurs est la réponse juridique : si le gouvernement n'applique pas les lois antitrust, la « prochaine vague d'innovation » pourrait passer sous le nez des Américains, estime le DoJ.

Parmi les pratiques délictueuses reprochées à Google, celle qui consiste à déverser des milliards de dollars sur l'industrie de la téléphonie (opérateurs, navigateurs, éditeur de système d'exploitation) pour s'imposer comme le moteur de recherche par défaut. Apple est ici en première ligne : une bonne partie du chiffre d'affaires de l'activité des services provient de la poche de Google, qui paie très cher la Pomme pour être le moteur par défaut de Safari.

Selon le DoJ, la facture annuelle est comprise entre 8 et 12 milliards de dollars ! Et même si Google doit signer un gros chèque, c'est indispensable : quasiment la moitié du trafic provenant d'une recherche Google est généré par des produits d'Apple, expose la plainte.

Dans ce domaine, la concurrence ne peut pas s'aligner et ne peut donc pas profiter d'un trafic capté par Google. Autre pratique, l'insistance de Google à imposer son moteur de recherche au sein d'Android en empêchant des concurrents d'être pré-installés. DuckDuckGo a d'ailleurs fait rapidement part de sa satisfaction de voir le DoJ s'intéresser à ce dossier.

Google n'a pas tardé à réagir non plus. Dans un billet, l'entreprise estime que la plainte du DoJ est « profondément vicié » et que la procédure ne fera rien pour aider les consommateurs. En ce qui concerne Apple, Google explique que Bing et Yahoo paient aussi pour être présents dans iOS et macOS, et qu'il est facile de modifier le moteur de recherche par défaut.

Google pointe aussi le fait que Windows est fourni avec le navigateur Edge et que le moteur de recherche par défaut est Bing. Sur Android, Google a des accords avec des constructeurs pour intégrer des services maison, dans le but de continuer à proposer l'OS « gratuitement ». Néanmoins, les fabricants peuvent proposer d'autres services, comme Samsung qui intègre les outils de Microsoft.

Le groupe s'érige en faux contre la plainte qui indique que les Américains ne seraient pas suffisamment « sophistiqués » pour changer les services et apps installés par défaut : ils ont téléchargé l'an dernier 204 milliards d'applications et les plus populaires ne sont pas pré-installées (Facebook, Amazon, Instagram, Snapchat…).

Google assure aussi que la concurrence existe avec les autres moteurs de recherche, mais aussi avec d'autres sources d'informations. Les internautes se servent d'Expedia pour en savoir plus sur les vols, OpenTable pour réserver un restaurant, Instagram et Pinterest pour se tenir au courant des dernières modes… L'entreprise mise sur la justice pour jeter cette plainte au panier.

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