Orange veut exploiter les données pour mesurer l'efficacité des mesures de confinement

Mickaël Bazoge |

Les mesures de confinement vont être renforcées, a annoncé aujourd'hui Christophe Castaner. Le ministre de l'Intérieur a demandé un renforcement des contrôles dans les gares et les aéroports, et promet des sanctions pour ceux qui participeront à des rassemblements dans des espaces publics. Il n'est pas (encore ?) question de couvre-feu national, bien que des initiatives locales se mettent en place comme à Nice.

Stéphane Richard, le patron d'Orange, travaille de son côté avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pour « voir comment les données [des opérateurs télécoms] peuvent être utiles pour gérer la propagation de l’épidémie ». Dans une interview au Figaro, le dirigeant décrit ce « chantier du futur » qui permettra aux épidémiologistes de « modéliser la propagation de la maladie ».

En d'autres termes, il s'agit de mettre à profit les données recueillies par les opérateurs pour mesurer l'efficacité des mesures de confinement. Des informations précieuses qui permettraient aux forces de l'ordre de cibler leurs opérations de contrôle des mesures de confinement. Stéphane Richard martèle que les données en question sont « anonymisées et agrégées » : « Il ne s’agit pas de traquer les gens individuellement. Il faut au moins savoir si les gens respectent les périmètres de confinement, ou s’ils se déplacent, sans pour autant savoir qui va où » (lire aussi : Confinement : la police ne vous court pas après sur Strava).

Pour permettre cette exploitation des données, Orange a besoin d'ajustements réglementaires auprès de la Cnil : « il faudrait pouvoir garder des données sur une durée de temps longue, or actuellement nous devons les supprimer au bout d’un an, nous voudrions les garder deux ans ». Le PDG de l'opérateur historique cite en exemple l'Italie, qui mesure l'efficacité du confinement de la sorte.

En ce qui concerne l'engorgement des réseaux, il est réel : « Depuis le début du confinement, le trafic voix des opérateurs a doublé, les gens ne peuvent plus se voir, ils s’appellent ». Et les messageries instantanées sont privilégiées, à l'instar de WhatsApp dont les appels audio ont été multipliés par cinq ! Mark Zuckerberg évoquait hier un doublement des appels audio et vidéo sur la messagerie.

Pour faire face et éviter la saturation, Orange va d'ici lundi doubler les capacités pour les flux internet sur les câbles sous-marins. Stéphane Richard se veut rassurant : « Les routes que nous utilisons habituellement sont parfaitement dimensionnées pour supporter le trafic actuel ». Il demande toutefois aux utilisateurs d'être responsables : les cours en ligne, c'est « plus important que les jeux en réseau ».

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