L’Australie affaiblit la sécurité des données

Mickaël Bazoge |

La sécurité et la confidentialité des données sont en péril en Australie, où le Parlement a voté en faveur d’une loi sur l’accès aux données chiffrées. Le texte est présenté par le législateur comme indispensable pour la sécurité nationale, et comme un outil « vital » pour les forces de l’ordre dans leur lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement australien a insisté sur le fait que la loi n’exige pas l’installation de portes dérobées dans les services de messagerie et de communication. Dans les faits, la loi Assistance and Access permet aux policiers, à la justice et à plusieurs agences de sécurité d’obtenir l’assistance technique « volontaire » des constructeurs et des éditeurs.

Parmi les cas décrits dans le texte, on en trouve tout de même un qui pourrait jeter les bases de la création de portes dérobées : un juge peut ainsi demander à une entreprise de « concevoir de nouvelles capacités » pour déchiffrer des communications. La loi intègre tout de même un garde-fou : cette demande de la justice ne peut inclure de système « retirant une protection électronique, comme le chiffrement ».

Tout cela est donc sujet à interprétation et annonce de nouvelles empoignades entre les constructeurs et le gouvernement australien. Dans une déclaration, le lobby DIGI, qui compte en son sein Facebook, Amazon, Google et d’autres, regrette que ce texte mette en danger la sécurité des applications et des systèmes utilisés par des millions d’Australiens chaque jour.

Apple n’est pas membre de DIGI, mais a eu l’occasion de s’exprimer durant l’élaboration de la loi : « Il serait malheureux d’affaiblir la sécurité pour des millions de clients respectueux de la loi pour enquêter sur les quelques personnes qui représentent une menace ». Le constructeur californien dénonçait également un projet « dangereusement ambigu ».

L’Australie fait partie de l’alliance pour la surveillance et la sécurité Five Eyes, qui compte dans ses rangs les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Ce texte pourrait servir de base à des projets de loi similaires dans ces pays…

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