Californian way of life : télécoms et iPhone Upgrade Program, une histoire de crédit

Guillaume Dubeaux |

Depuis son installation en Californie il y a un an, Guillaume Dubeaux vit son rêve américain. Ce passionné de high-tech partage son quotidien technologique dans une série de chroniques estivales. Après un tour en voiture, Guillaume nous parle des télécoms et de l'iPhone Upgrade Program.

Qui dit nouveau pays dit nouvel opérateur mobile. Je m’étais pourtant préparé à l’avance, mais la note me reste en travers de la gorge : ma femme et moi payons environ 200 $ par mois pour un bundle comprenant deux forfaits cellulaires AT&T accompagnés d’un forfait à internet fixe.

Certes, un forfait Free Mobile m’aurait permis de tenir les premières semaines après mon arrivée aux USA, mais il faut aussi savoir lâcher du lest et essayer de vivre pleinement comme un américain : l’expatriation vécue à moitié ne fait pas partie du deal !

Prenons un peu de recul : le marché des télécoms est très différent de ce côté de l’Atlantique. Souvenez-vous de l’avant Free Mobile en France, les prix n’étaient pas les mêmes.

Aux USA, il n’y a pas d’équivalent à Free parmi les quatre gros opérateurs que sont AT&T, Verizon, Sprint et T-Mobile (ces deux derniers vont d’ailleurs fusionner). Souvent T-Mobile est cité comme se rapprochant de l’entreprise fondée par Xavier Niel, mais il n’en est rien dans les chiffres.

Les offres « illimitées » commercialisées par les quatre principaux opérateurs. Tableau de Sprint.

Certes T-Mobile propose généralement davantage pour moins cher, mais pour une couverture réseau franchement pas terrible et surtout sans aucune proposition pour l’internet à la maison. Le marché fixe est archi-dominé par AT&T (et Verizon pour la fibre).

Cela fait donc maintenant plusieurs mois que j’utilise AT&T tous les jours. Mon avis tient en trois mots : rigide, lent et cher. Très cher…

Quitte à y aller à fond, j’ai pris l’un des forfaits les plus chers d’AT&T (AT&T Unlimited Choice Multi Line). Malgré cela, je dois encore payer certaines options comme la TV ou l’itinérance. Ce n’est pas comme si je voulais à tout prix ces options, mais les inclure aurait été commerçant.

La cerise sur le gâteau est que nous risquons une baisse du débit si nous consommons plus de 22 Go par mois chacun sur nos appareils. Cela n’est toujours pas arrivé, mais c’est un peu le pompon… Pour faire une petite comparaison, dans la même gamme de prix en France, le forfait Jet 100 Go d’Orange à 60 € par mois me donnerait 100 Go de data (débit réduit au-delà) ainsi que les appels/SMS/MMS illimités et 60 Go en Europe, DOM, Suisse/Andorre, USA et Canada.

De plus, la 4G d’Orange est bien plus puissante que celle d’AT&T : trois tests de débits descendants chez Orange m’ont donné une moyenne de 35 Mbit/s, alors qu’AT&T frôle juste les 5 Mbit/s. C’est identique pour la box à la maison car nous ne sommes toujours pas fibrés. Ma box Orange me manque…

T-Mobile est souvent décrit comme le Free américain… mais les prix n’ont rien à voir.

L’offre est également rigide. Nous n’avons pas le droit au partage de connexion entre nos différents appareils, notamment. La création de hotspots personnels n’est pas autorisée, y compris dans le forfait haut de gamme de l’opérateur américain. Pourquoi ?

Peut-être parce que vous pouvez très facilement ajouter un nouvel appareil à votre consommation de data, et ce, pour la modique somme de 20 $ par mois ! Avec ma nouvelle Apple Watch Series 3 Cellular, je rajoute 10 $ par mois à ma facture. Du vol ? On n'en est pas loin. Si je prenais ces options pour ma femme et moi, notre facture commune pour le mobile uniquement grimperait à presque 200 $ par mois. Le prix à payer pour rester connecté ? Clairement pas selon moi. Seul point positif du forfait, HBO est intégré.

Bilan, je pense que nous allons voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Plus que tout, c’est la qualité du réseau qui n’est pas à la hauteur du prix. Ne pas atteindre un débit 4G de 20 ou 30 Mbit/s minimum est inadmissible lorsqu’on est en plein centre-ville… Et puis la récente fusion annoncée entre T-Mobile et Sprint donne de l’espoir sur le papier.

Niveau téléphone, j’utilise un iPhone 8 Plus. J’adore l’iPhone X sur le papier, mais j’ai opté pour un 8 Plus pour différentes raisons : ratio de l’écran, maturité des iPhone 5,5", temps d’adaptation des apps au nouvel écran… Ceci étant, je passerai en septembre prochain à l’iPhone X Plus, si ce modèle se confirme.

Si vous suivez l’actualité d’Apple depuis quelques années (ce que j’imagine, vu que vous lisez MacG), vous avez dû voir que la marque à la pomme propose une formule de leasing pour l’iPhone depuis septembre 2015 aux USA. Cette offre, appelée iPhone Upgrade Program, permet de changer son iPhone (qui est couvert par l’AppleCare+) tous les ans, et de le payer mensuellement plutôt qu’en une fois. Autant dire que j’étais plutôt intéressé par cette offre, mais elle n’est pas aussi accessible qu’on pourrait le croire.

Aux USA, les banques se fichent de combien vous touchez, elles préfèrent savoir à quel point vous savez rembourser vos dettes. Weird isn’t it ? C’est le système du credit history.

Vous vous en doutez, en arrivant dans un nouveau pays, il est rare d’avoir des antécédents financiers avec celui-ci — qu’ils soient bons comme mauvais. Sauf qu’aux USA, cela équivaut à ne pas pouvoir négocier de prêt ou ne pas avoir de carte de crédit (ne pas confondre avec carte de débit). Or, pour faire progresser son credit history, il faut une carte de crédit : c’est un peu le serpent qui se mord la queue…

Afin d’obtenir une carte de crédit, il faut d’abord obtenir un numéro de sécurité sociale (social security number ou SSN pour les intimes). Pas très compliqué pour un individu détenteur d’un visa de travail ou d’une green card. Cependant, mon visa post-doctoral (J–1) permet uniquement d’avoir un SSN pour le travail. Il m’était donc plus difficile de réclamer une carte de crédit, car je suis censé rester aux USA pour un certain temps uniquement.

Ayant flairé le coup, nous avons transféré nos comptes dans une banque internationale il y a quelques années, et grand bien nous en a pris. Connaissant notre historique français positif, la filiale américaine a consenti à nous délivrer une carte de crédit américaine.

Sauf que cela ne suffit pas. En effet, pour souscrire à l’iPhone Upgrade Program, il faut également un credit history décent. Mais comment construire celui-ci ? La réponse est simple : dépenser (le plus, le mieux) et surtout rembourser (en temps et en heure). Bienvenue aux USA, pays de la consommation par excellence, où les cartes de crédit sont légion — un de mes collègues en a pas moins de 13 !

Même après quelques mois de credit history sain (j’ai toujours remboursé ce que je devais en temps et en heure et j’ai franchement pas mal dépensé depuis mon arrivée, entre autres pour notre installation), je n’ai toujours pas pu débloquer le fameux sésame. J’ai donc acheté mon iPhone 8 Plus plein pot. Mon credit history sera-t-il enfin suffisant en septembre pour obtenir l’iPhone X Plus dans le cadre de l’Upgrade Program ?

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