Californian way of life : en route !

Guillaume Dubeaux |

Depuis son installation en Californie il y a un an, Guillaume Dubeaux vit son rêve américain. Ce passionné de high-tech partage son quotidien technologique dans une série de chroniques estivales.

Ça y est, mon Boeing 777 vient d’atterrir ! Le vol n’a pas été de tout repos, mais c'est un nouveau départ pour ma femme et moi. En tant que fan de high-tech, et plus particulièrement d'Apple, la Californie m’a toujours attiré, et lorsque nous avons eu tous les deux des opportunités professionnelles dans cette région, nous n’avons pas hésité bien longtemps ! Mais stoppons ici les digressions.

Je viens d’atterrir à la cité des anges, Los Angeles. Notre lieu de résidence étant à San Diego, à 200 km de là, d’aucuns auraient choisi l’avion pour relier les deux villes, mais je sais d’expérience que les vols intérieurs peuvent être cauchemardesques aux USA. Alors place à la voiture. Si je commence ma série de chroniques en parlant automobile, c’est parce que ce mode de transport est prépondérant ici. J’ai mis du temps à m’habituer à l’omniprésence des quatre-roues : je viens de Paris où transport rimait plutôt avec bus, métro, tramway ou vélo. Aux USA, ce sont plutôt ces types de transports qui sont un enfer.

À San Diego, plus précisément, mis à part quelques lignes de bus, il n’y a pas d’autres moyens pour se rendre au centre-ville que la voiture. Je me suis même surpris à la prendre pour aller au centre commercial situé à 300 mètres de chez moi, car les infrastructures ne sont adaptées ni aux piétons ni aux vélos.

Ma femme étant arrivée avant moi sur le sol américain, elle a prévu de venir me chercher. Et comme nous n’avons pas encore réceptionné notre futur bolide, je vais découvrir quelle voiture la société de location a bien pu lui fournir… C’est à ma très grande surprise que je vois débouler une impressionnante Mercedes-AMG V8 bi-turbo à l’aéroport. Mercedes faisant partie des nombreuses marques à intégrer CarPlay, je pressens que je vais pouvoir faire joujou avec.

Malgré les deux heures trente de route entre Los Angeles et San Diego, nous sommes toutefois dans l’incapacité de lancer l’interface d’Apple sur l’écran de la voiture. Ce n’est que le lendemain que je me rends compte que notre modèle n’est pas compatible avec CarPlay…

Mercedes-AMG V8 bi-turbo: un bolide qui consomme pas mal d’essence et qui fait du bruit !

J’avais eu l’occasion de tester la technologie avec une précédente voiture de location. J’avais alors été impressionné par la simplicité du système. Il suffisait de brancher mon iPhone à la voiture avec un câble Lightning, et roulez jeunesse !

Cependant, l’expérience n’était pas tout à fait au niveau de mes attentes à cause de l’écran résistif du véhicule, qui demandait d’appuyer fermement sur les boutons virtuels. J’avais l’impression d’être revenu à l’époque de mon vieux HTC. À quand une voiture Apple aux finitions impeccables pour profiter pleinement de CarPlay ?

Il y a un constructeur automobile qui suit le credo d’Apple en mettant un point d’orgue à intégrer hardware et software. Je parle évidemment de Tesla. Cette marque dispose, elle aussi, d’une importante fanbase, notamment en Californie. Et, au grand dam de ma femme, il était important pour moi de vivre l’expérience américaine à fond et de prendre une Tesla en leasing afin de voir à quoi ressemblera peut-être le futur automobile.

CarPlay sur une Chevrolet Camaro : écran minuscule, résistif et de mauvaise facture…

Le lendemain de mon arrivée, nous troquons donc la Mercedes de location contre une Tesla Model S 75D. Nous avons opté pour le pack d’extensions premium, qui comprend un système audio haut de gamme, le volant et les sièges chauffants, et le système de filtration d’air HEPA pour couronner le tout avec son fameux mode de défense contre les armes biologiques !

Nous avons pris ce pack pour que la livraison aille plus vite, car obtenir une Tesla demande toujours pas mal de patience. Il faut un à trois mois pour avoir une Model S ou X sortant d’usine. Nous avons donc choisi un modèle de présentation, avec une jolie remise en contrepartie.

Tesla Model S 75D (extérieur bleu profond métallisé et intérieur en cuir blanc)

Je sais que je vais certainement en choquer plus d’un en disant cela, mais c’est mon avis bien personnel : la Mercedes-AMG n’arrive pas à la cheville de la Model S. Laissez-moi étayer cet avis avant de me lyncher :

  • L’accélération de la Tesla est bien plus impressionnante que celle de la Mercedes, et l’absence de bruit de moteur a tendance à accentuer cette différence, étonnamment. Et je trouve le « bruit » de l’électrique incomparable. Ceux qui sont déjà montés dans une hybride en mode électrique en ville savent de quoi je parle.
  • Le système numérique embarqué de la voiture électrique renvoie la planche de bord de l’Allemande au néolithique.
  • Il est difficile de comparer les gabarits, mais il est incroyable de constater qu’une berline soit capable de si belles performances face à une voiture clairement orientée « sport ».

Pour résumer : plus de place, plus rapide et plus orientée technologie. Mon choix est fait !

Pour revenir sur un des points mentionnés plus haut, difficile de louper la tablette tactile de 17" qui trône au milieu de la console centrale (capable de passer en mode sombre quand la lumière faiblit, drôlement pratique). Mais celle-ci n’est que la partie visible de l’iceberg car la technologie est présente à tous les niveaux dans cette voiture.

Écran central en mode jour (à gauche) et mode nuit (à droite) pendant une supercharge.

Le tableau de bord derrière le volant s’adapte complètement à la situation. Si vous avez lancé la navigation, une carte avec indications (flèches de signalisation pour les voies à suivre notamment) apparait à gauche. À mon sens, les nombreuses options qui sont disponibles pour personnaliser cet écran derrière le volant permettent d’éviter de regarder la tablette centrale.

Impossible de parler de technologie sans évoquer l’autopilot qui est la killer feature de Tesla (quoiqu’en dise Woz) ! Le pilotage automatique est très certainement ce qui fait du Model S une voiture du futur. L’option peut être enclenchée partout pourvu que les lignes au sol soient suffisamment bien définies. Et bien que très souvent, on puisse activer l’autopilot en ville, Tesla le déconseille vivement car l’on doit pouvoir rester maître de son véhicule en tout temps. Mais sur l’autoroute, cette option est incroyable et l’activer, c’est l’adopter !

La voiture reste ainsi au centre de la voie (il convient de rester vigilant évidemment) et tient la vitesse qu’on lui demande. Si la voiture de devant vient à freiner, la Tesla fait de même tout en conservant ses distances de sécurité. Sans parler du trafic dense aux USA, ce pilotage automatique est mon meilleur allié dans les bouchons. Dans les faits, je conduis rarement sur l’autoroute, la Tesla le fait pour moi.

Bon, on ne va pas se mentir, le Model S a aussi des inconvénients. Les fanatiques de bolides auront des regrets sur l’absence de vrombissements mais la puissance de cette voiture a tout de suite effacé ce sentiment pour ma part. Mes critiques s’adressent surtout au système d’exploitation embarqué.

Le GPS est satisfaisant, Google Maps est intégré avec une surcouche Tesla pour les superchargers notamment, mais vous ne pouvez pas choisir un autre service comme Waze, et c’est franchement dommage.

L’iPhone est par ailleurs assez mal intégré à la voiture. N’imaginez pas pouvoir choisir votre musique sur l’écran tactile, cela serait trop facile. Certains connaisseurs diront que Spotify est pris en charge : pas aux USA mes chers amis ! La seule chose présente est une gestion des radios du monde entier et des playlists à la sauce Tesla qui sont ridicules. Si vous voulez écouter un morceau en particulier, il faudra passer par la commande vocale ou le clavier sur l’écran tactile. Beaucoup se plaignent de Siri, mais sachez que l’assistant vocal d’Apple est réellement extraordinaire en comparaison du système de Tesla…

Il y a une application mobile qui permet de contrôler la voiture. Le plus impressionnant réside dans la possibilité de localiser le véhicule en temps réel et même de démarrer sans clé. La Model S dispose aussi du mode summon qui permet de la piloter (en avant et en arrière uniquement) pour la sortir du garage par exemple. Cette fonction est bluffante : j’étais un grand fan de voitures télécommandées quand j’étais petit, je le suis toujours avec ma Model S, même si ce mode est très limité.

Récemment, je suis passé par une des nouvelles stations-service Tesla. La marque est en train de bâtir de nouveaux superchargers entourés d’un café, d’une zone de repos et surtout de toilettes — jusque-là il n’y avait que des bornes de recharge. Pour entrer dans le bâtiment, il faut brancher sa Tesla à une borne et un pop-up apparait sur l’écran de la voiture, avec un code d’accès. Même James Bond n’a pas ce genre de gadgets sur son Aston Martin.

La station met en avant les différents produits de Tesla. Le café est du même calibre que celui du Visitor Center de l’Apple Park : extrêmement cher et pas si extraordinaire que ça. Pour faire bref, la station-service made by Tesla est en tout point similaire aux plus traditionnelles. Mais il fallait le faire, c’est important de développer ce type de réseau pour les voitures électriques.

Station-service de Tesla à Kettleman City : pas moins de 40 stations de recharge avec un café, un endroit pour se reposer et de quoi aller au petit coin.

Les véhicules électriques sont clairement en train de s’imposer à l’échelle californienne. Au quotidien, je ne me sens pas du tout handicapé par la Tesla. Mais si la Californie est en avance sur le sujet, l’avènement de l’automobile électrique n’est pas encore arrivé. C’est un phénomène qui ne fait que poindre le bout de son nez. Peut-être que la Model 3 permettra d’inverser la tendance… Ou le Projet Titan d'Apple qui sait ?

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