La France et l’Allemagne veulent affaiblir le chiffrement

Mickaël Bazoge |

Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a rencontré ce mardi son homologue allemand, Thomas de Maizière pour discuter de l’initiative franco-allemande contre le chiffrement des messageries. « Il ne s'agit pas de remettre en cause le principe du chiffrement de certains échanges », a assuré Cazeneuve, mais tout de même : « Les échanges opérés via des applications comme Telegram doivent pouvoir être identifiés et utilisés dans le cadre des procédures judiciaires ».

Les deux dirigeants ont appelé la Commission européenne à rapprocher les droits et obligations de tous les acteurs, éditeurs de messageries comme opérateurs, « pour les obliger à retirer des contenus illicites ou déchiffrer des messages dans le cadre d'enquêtes, que leur siège soit en Europe ou non ». Cette exigence ne coûte pas cher : l’exécutif bruxellois est précisément en train de plancher sur le sujet, comme on l’a appris la semaine dernière (lire : Publicité, confidentialité : les opérateurs et les services web sur un même pied d'égalité ?).

Le problème, pour les autorités, reste entier : faut-il obliger Apple, Google, Facebook et les autres à intégrer des portes dérobées dans leurs messageries, en sachant que la clé pourra être utilisée par n’importe quel hacker mal intentionné ? L’actualité nous l’a d’ailleurs rappelé il y a quelques jours (lire : La fuite de logiciels de la NSA conforte la position d'Apple face au FBI).

Après tout, le chiffrement protège aussi des informations sensibles comme les données bancaires ou des secrets commerciaux. Durant la conférence de presse, Bernard Cazeneuve en a d’ailleurs convenu : « Que les choses soient bien claires pour éviter toute polémique inutile : il n’a bien sûr jamais été question de remettre en cause le principe du chiffrement des échanges : le chiffrement permet de sécuriser les communications, y compris des États. À titre d’exemple, il permet au quotidien de protéger les transactions financières ». Mais existe-t-il une solution médiane entre le chiffrement et la porte dérobée ?

La CNIL et le CNNum ont aussi dit toutes leurs inquiétudes concernant cette obsession des politiques contre le chiffrement, qui « protège des milliards d’individus contre des cybermenaces ». Les propositions franco-allemandes seront discutées durant le prochain sommet des chefs des États membres de l’UE, le 16 septembre.

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