Google s’attaque au marché du cloud professionnel

Anthony Nelzin-Santos |

Comme Apple et Microsoft, Google héberge des centaines de millions de fichiers « dans le nuage ». Mais Drive, Gmail, Photos et YouTube ont d’abord et avant tout été conçus comme des services pour les particuliers — s’ils peuvent aider à développer une entreprise, ils ne permettent pas de concevoir la prochaine « licorne ». Voilà pourquoi la nomination de Diane Green à la tête d’une nouvelle division dédiée aux professionnels est importante : elle signale l’ambition de Google dans la fourniture d’infrastructures aux entreprises.

Image Google.

Qui est Diane Green ? Diplômée du MIT et de Stanford, elle a cofondé rien de moins que VMWare en 1998. Après avoir traversé le krach de la « bulle internet » et développé le marché des logiciels de virtualisation, elle vend la société à EMC pour 635 millions de dollars. Cinq ans plus tard, en 2008, elle est évincée de la direction sur fond de désaccords sur la stratégie de développement de la société. Le jour de l’annonce de son limogeage, le cours de l’action VMWare perd 24 %, une anecdote qui montre à quel point elle est appréciée et respectée.

Elle fait partie depuis 2006 du conseil d’administration d’Intuit, sous la direction de Bill Campbell, qui a longtemps dirigé le conseil d’administration d’Apple. Elle a aussi rejoint le conseil d’administration de Google en 2010, prenant la place d’Arthur D. Levinson, actuel président d’Apple. Un CV qui ne serait pas complet si l’on oubliait de mentionner Bebop Technologies, start-up fondée en 2012 et qui appartient désormais à Google, qui se félicite de son approche « unique et ambitieuse » du développement de logiciels aidant à la conception d’applicatifs dans le nuage.

Google s’attaque donc clairement au marché des infrastructures cloud défriché par Microsoft, Amazon, ou encore Salesforce. Mais c’est sans doute IBM, qui a misé gros sur l’analyse de données et l’intelligence artificielle, qui a le plus à craindre de la concurrence de Google, qui s’annonce frontale. Or IBM développe les solutions dans le nuage nécessaires à l’implantation durable d’Apple dans le monde de l’entreprise, que la firme de Cupertino refuse d’investir directement. L’annonce de Google, la première d’ampleur depuis la promotion de Sundar Pichai au poste de CEO, promet donc d’avoir des conséquences importantes et sans doute passionnantes. Un mot que l’on ne prononce pas tous les jours en parlant de cloud d’entreprise.

Accédez aux commentaires de l'article