Discrimination : sous pression, les États américains commencent à reculer

Mickaël Bazoge |

La pression des entreprises commence à payer dans le combat mené aux États-Unis contre les lois légalisant en quelque sorte la discrimination. Alors que l’Arkansas avait voté, dans la foulée d’une vingtaine d’autres États US, une loi dite RFRA (Religious Freedom Restauration Act), le gouverneur de l’État a ordonné le vote d’un nouveau texte qui ne laisserait place à aucune ambiguïté. Un mouvement national d’ampleur a commencé à émerger pour réclamer l’abrogation de ces textes afin de défendre les droits de la communauté homosexuelle — elle n’est pas explicitement visée par ces lois, mais ces textes ouvrent la porte à la discrimination de cette population.

Little Rock, capitale de l’Arkansas, au centre du débat national américain.

Le principe de base des lois RFRA est simple : une entreprise peut invoquer une sorte de « clause de conscience religieuse » qui l’autorise à ne pas servir de clients dont la sensibilité ou les opinions sont contraires à ses croyances. Les puissants milieux religieux et conservateurs ont fait pression sur les législateurs de ces États, en se basant sur les cas d’attaques en justice par des consommateurs s’estimant victimes de discrimination. Un exemple fameux relaté par le Figaro est celui de de cette boulangère de l’Oregon qui a refusé de réaliser un gâteau de mariage à un couple de femmes, jugeant cette union comme « une abomination devant Dieu ». Le couple en question a porté plainte et remporté la partie devant la justice ; la commerçante a depuis baissé le rideau.

Les cas de l’Indiana et de l’Arkansas sont particulièrement emblématiques, puisque c’est dans ces États que les lois RFRA sont les plus restrictives. Cela a même poussé Tim Cook à s’impliquer personnellement dans ce combat : le CEO d’Apple a signé un éditorial dans le Washington Post pour peser dans le débat national sur le sujet. Il a pu dire tout le mal qu’il pensait de ces lois jugées « dangereuses » qui vont à l’encontre des « principes de la nation » (lire : Tim Cook s'engage fermement contre les lois autorisant la discrimination).

Mais Apple n’était pas seule dans cette bataille. De nombreuses autres grandes entreprises ont orchestré des mouvements de boycott dans les États ayant voté ces législations. Wal-Mart, dont le siège est en Arkansas, Salesforce.com (2 000 employés dans l’Indiana), Twitter, Yelp et d’autres encore se sont à des degrés divers impliqués avec parfois des gestes forts. Certaines villes (San Diego, San Francisco…) ont ainsi interdit à leurs employés de se rendre dans ces États pour affaires. Les actions de ce genre risquent de se multiplier et devant les conséquences économiques (un risque aussi agité par Tim Cook), il est probable que les législateurs reviennent sur les textes controversés.

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