Pour Steve Jobs, Google faisait trop de choses

Mickaël Bazoge |

La mission que s'est assignée Google, à savoir l'organisation et l'accessibilité de toute l'information disponible dans le monde, est dépassée, estime son patron Larry Page. Le cofondateur du moteur de recherche réfléchit actuellement au changement de ce mantra. Il faut dire que Google s'est depuis longtemps aventuré au delà des seuls résultats de recherche, et grâce à la vache à lait de la publicité en ligne, investit tous azimuts dans des domaines très éloignés de son cœur de métier, qu'il s'agisse par exemple de la robotique ou de la santé (lire : La folle aventure intérieure du labo santé de Google X).

« Nous sommes dans un territoire inconnu », explique-t-il au Financial Times quand on évoque le trésor de guerre de Google (62 milliards de dollars au dernier pointage), mais cette petite phrase peut également s'appliquer à la volonté de l'entreprise de s'immiscer dans des secteurs où on ne l'attend pas. La question autour de laquelle tourne Page et ses équipes est de savoir comment Google pourrait avoir un impact plus positif sur le monde. Avec de telles ressources, la société basée à Mountain View a les mains libres pour (s')investir où elle le souhaite.

Larry Page prend l'exemple d'une start-up qu'il a récemment visitée, qui planche sur la fusion nucléaire : une technologie de rupture à même de réduire fortement le coût de l'énergie si elle parvient à atteindre son but. Ou encore cette autre jeune pousse capable de « lire » l'esprit humain en utilisant un système d'imagerie. De son côté, Google développe une voiture autonome, des lunettes connectées ou encore le moyen de rallonger l'espérance de vie au travers de Calico.

Larry Page est aussi revenu sur ses relations avec Steve Jobs, avec qui il a pu s'entretenir à plusieurs reprises des limites de ce qu'une entreprise peut réaliser : « Il me disait toujours, "Vous faites trop de choses". Je serais plutôt du genre à me dire qu'on n'en fait pas assez ». À la réflexion de Jobs, Page opposait qu'il y avait d'un côté cette insatisfaction d'être si présent dans la vie des gens, et de l'autre ces milliards « que l'on devrait investir pour rendre la vie de ces personnes meilleure. Si nous faisons les mêmes choses que nous faisions avant sans rien développer de nouveau, ça ressemble à un crime pour moi ».

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