Tim Cook explique comment Apple aide à "changer le monde"

Florian Innocente |

"Apple change le monde", c'est une vieille antienne chez les responsables de l'entreprise, de Jobs à Cook. Interviewé par Fortune, Tim Cook a expliqué en quoi une société de produits informatiques et électroniques comme la sienne, qui pratique des tarifs pas toujours parmi les plus abordables, pouvait apporter une pierre à l'édifice d'une société meilleure et aider les gens partout dans le monde.

  • l'interview a été réalisée avant la péripétie de ce week-end, qui a levé le voile sur nombre de surprises du prochain keynote. Aucune question n'y a trait.
crédit : Spencer Lowell, Fortune

Cette contribution s'opère de plusieurs manières mais toutes convergent in fine vers les produits que conçoit et fabrique Apple, dit Cook. Ces produits sont d'abord des outils dont s'emparent les gens pour conduire des tâches qu'ils ne pourraient faire sans cela.

Ensuite, il y a la carte environnementale, la manière dont Apple s'affranchit peu à peu de l'utilisation d'énergies non renouvelables, dans plus en plus de ses installations.

« Nous participons à la défense des droits de l'homme » poursuit Cook « parce qu'Apple a toujours eu comme objectif de faire des produits pour tout le monde. Et si l'on commence à traiter des gens comme des citoyens de seconde zone dans quelque endroit du monde, alors il devient assez difficile d'y parvenir ». Fortune n'aborde pas des situations sujettes à débats, comme la Chine, où Apple s'accommode de politiques qui vont à rebours des valeurs qu'elle défend, au titre qu'elle ne fait que respecter la loi de chaque pays.

L'éducation est une autre valeur que veut défendre Apple et cela passe actuellement par ses efforts pour développer l'apprentissage de Swift : « Il nous apparaît que le développement informatique peut être une sorte de seconde langue pour tous à travers le monde, peu importe son appétence pour la technologie, qui ne doit pas être d'ailleurs un pré-requis ». L'Apple II, le Mac, à l'époque de Steve Jobs, étaient vus comme des moyens de donner des outils nouveaux aux étudiants dans leur apprentissage. L'iPad a suivi, avec sa capacité que voulait Jobs, de pouvoir remplacer les cartables surchargés. Maintenant c'est au tour de l'apprentissage du code.

Enfin, Cook cite le respect de la vie et des données privées, et tout ce qui a trait à la sécurité des logiciels et matériels. « La première façon pour nous de changer le monde se fait au travers de nos produits. Parce que l'on touche énormément de gens par ce biais ». Plus loin, il estime que peu d'entreprises en font autant qu'Apple dans ce domaine.

Mais quid du prix de ces produits qui ne les rend pas accessibles à tous, loin s'en faut. Cook réfute l'idée qu'Apple raisonne en termes de marges, quand bien même elle est toujours élevée : « Nous fixons nos prix en fonction de la qualité de nos produits ». Il y a des iPad et des iPhone autour de 300 $, preuve à ses yeux qu'« ils ne sont pas pour les riches ». Autre critère avec lequel il réfute cet argument de produits destinés à la minorité aisée, le milliard et plus d'utilisateurs actifs de produits iOS et macOS à travers le monde.

Pourquoi ne pas avoir créé de fondation Apple, comme d'autres grandes entreprises, demande ensuite Fortune ? Cook a sérieusement envisagé la question au début 2012, dit-il (il était devenu le CEO d'Apple depuis l'automne précédent) avant de rejeter l'idée.

Créer une fondation cela revenait en quelque sorte à externaliser toutes les questions qu'elle aurait à aborder —  sociétales, environnementales — au lieu d'en faire une politique intrinsèque à Apple, à tout ce qu'elle fait et à tous ses salariés.

Une fondation c'est un autre conseil d'administration et une équipe de peut-être quelques dizaines de personnes seulement qui vont travailler en dehors des murs : « Ce n'est pas de cela dont je veux pour Apple. Je veux que tout le monde soit impliqué. Parce que je pense que la force de ce que nous apportons, les choses que nous pouvons faire, c'est parce que nous sommes plus forts, c'est grâce à notre cohésion. C'est lorsque nous sommes tous impliqués. »

Peu importe si parmi les gens qui le conseillaient il y avait un consensus pour qu'Apple lance sa propre fondation. Même la carotte fiscale ne l'a pas fait changer d'avis : « Mon avis est que l'on peut faire beaucoup plus de bonnes choses avec le poids de 120 000 personnes que si l'on en confiait la responsabilité à 12 personnes dans un coin. Je ne critique pas ceux qui le font. Peut-être ont-il trouvé une méthode et peut-être que ça marche très bien. Mais ça ne serait pas la manière de faire d'Apple ».

Cook parle également santé, un secteur économique immense dans la plupart des pays, et de l'opportunité qui s'est offerte à Apple lorsqu'elle a travaillé sur sa montre. Il y a avait moyen, par son entremise, de proposer un petit moniteur cardiaque auprès d'un large public qui n'en était pas doté.

Dans plus de cas qu'on ne l'imagine, assure Cook, cette capacité à suivre régulièrement sa fréquence cardiaque et à observer soudainement des anomalies a permis à des utilisateurs de consulter leur médecin et parfois d'éviter le pire. ResearchKit a permis également à des médecins de conduire des analyses médicales au moyen d'apps iPhone sur un nombre beaucoup plus large d'individus que cela n'était possible auparavant (lire aussi ResearchKit, CareKit : quoi de neuf docteur Apple ?).

Tout cela participe d'une volonté d'apporter des solutions utiles au plus grand nombre, répète Cook « Il n'y a aucun modèle économique dans tout cela. Honnêtement, on ne gagne pas d'argent à le faire. Mais c'est quelque chose qui nous apparaissait bénéfique pour la société, alors on s'y est mis. Est-ce qu'au final ça va nous emmener quelque part ? On verra. Je n'ai pas la réponse aujourd'hui ».

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