Apple accusée de censure publicitaire dans les titres critiques sur le régime chinois

Florian Innocente |

Apple est accusée par un groupe de presse australien en langue chinoise d'avoir fait pression sur des opérateurs téléphoniques pour que ses iPhone n'apparaissent pas dans leurs publicités.

The Vision China Times est un hebdomadaire australien gratuit, doublé d'un site web, avec une circulation papier internationale de 166 000 exemplaires (41 000 en Australie). Il s'adresse à la communauté chinoise et il est rédigé dans cette langue. Il se décrit non pas comme formellement opposé au gouvernement de Pékin mais indépendant.

Le groupe de presse Vision Times

Maree Ma, General Manager du titre, a raconté à The Australian qu'aucune publicité pour l'iPhone n'était plus apparue dans l'hebdomadaire depuis deux ans. La dernière en date était celle pour l'iPhone 6s.

La dernière fois que nous avons eu une publicité de Telstra (le principal opérateur australien, ndlr) c'était en octobre 2015. Depuis, lorsque Telstra passe des pubs pour l'iPhone, ils ne le font pas chez nous. Il y a eu une campagne en 2016 que nous n'avons pas eue.

Ces opérateurs continuent de prendre des pages dans The Vision China Times, mais uniquement pour d'autres marques de téléphones. Celles pour l'iPhone passent au sein de publications ouvertement plus favorables au régime chinois.

Maree Ma n'a jamais eu d'explications franches sur cette évolution. On lui a dit qu'Apple avait été à l'origine de cette demande auprès des opérateurs, elle en déduit logiquement que la publication a été blacklistée par la Pomme. Probablement pour complaire à Pékin.

Le porte-parole d'un titre américain, Epoch Times (« source indépendante et mondiale d'informations, avec un accent mis sur l'actualité chinoise non censurée », pour reprendre sa description) a vu la campagne pour l'iPhone 6s (évaluée à 7 000 $) lui passer sous le nez au dernier moment, alors qu'il n'y avait a priori aucun désaccord avec Telstra. Là aussi, les services commerciaux du titre ont désigné Apple comme ordonnateur de cette annulation.

La Pomme n'est pas la seule dans ce cas, l'article cite un épisode avec deux banques Hong-Kongaises qui ont retiré leurs campagnes de titres jugés critiques pour Pékin.

Apple n'a pas commenté l'article de The Australian mais ce ne serait pas la première fois qu'elle louvoie, affichant de grands principes d'un coté et courbant l'échine de l'autre. En janvier 2017 elle a admis avoir retiré l'app du New York Times de sa boutique « Nous avons été informés que l’app enfreignait des législations locales », sans préciser la nature de ces infractions.

Une bonne volonté qui a peut-être aidé à la conduite de ses affaires en Chine, mais pas toujours. Depuis maintenant un an, les sections films et livres d'iTunes sont toujours interdites de fonctionnement, sur ordre de Pékin.

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