Comment développer GovtOS si les ingénieurs d'Apple démissionnent ?

Mickaël Bazoge |

Si d'aventure le combat que mène actuellement Apple contre le FBI sur le chiffrement menait à une victoire des autorités américaines, Tim Cook a concédé que l'entreprise respectera la loi, bien entendu (lire : Tim Cook en Une de Time : « le chiffrement est une chose formidable »). Mais le FBI et les agences de renseignement qui viendront frapper à la porte pour avoir leur propre GovtOS pourraient se heurter à un autre problème : la mauvaise volonté des ingénieurs d'Apple.

Crédit : MacGeneration (CC BY)

Le New York Times rapporte que dans le secret de Cupertino, les ingénieurs ont déjà commencé à discuter de l'attitude à adopter en cas de victoire des autorités. Certains ont annoncé qu'ils regimberont au travail, quand d'autres préfèreront quitter leur emploi chez Apple, purement et simplement, plutôt que de saper la sécurité du logiciel qu'ils ont créé. Cela risque de poser de sérieux problèmes car le développement de GovtOS nécessite des forts en thème.

Dans la première réponse d'Apple aux exigences du FBI, le constructeur décrivait la partie technique qui nécessiterait « six à dix ingénieurs et employés d’Apple consacrant une grande partie de leur emploi du temps pendant un minimum de deux semaines, probablement quatre semaines au total ». Une petite équipe en somme, mais composée d'ingénieurs très capés ayant une parfaite connaissance d'iOS (lire : Apple refuse formellement de créer un « GovtOS »).

Cette résistance reflète aussi un des arguments qu'Apple emploiera si jamais cette affaire emmène l'entreprise jusqu'à la Cour suprême américaine : la défense de la liberté d'expression. L'entreprise ne pourrait pas, au nom du premier amendement de la Constitution US, obliger des employés à développer des choses qu'ils considèrent offensantes. On peut ajouter à cette dissidence le vieux fond de sauce contestataire qui a fait ce qu'Apple est aujourd'hui. Pour Jean-Louis Gassée, « c'est une culture indépendante et rebelle », explique-t-il au NYT. « Bon courage au gouvernement s'il tente de contraindre l'action des ingénieurs ».

Cela reste, pour le moment, un problème purement rhétorique. Mais le FBI ne serait pas le seul à souffrir d'une éventuelle fuite des cerveaux : les utilisateurs, qui auraient eux aussi à souffrir d'un développement d'iOS plus lent avec des fonctions potentiellement moins riches.

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