Qui a dit qu'il n'y avait jamais d'annonces matérielles à la WWDC ?

Florian Innocente |

Une légende tenace veut que les WWDC d'Apple soient des rendez-vous où l'on cogite exclusivement sur les dernières versions des plateformes logicielles. Rien n'est plus faux. Oui, les OS et le soft sont à l'avant scène. Mais ces réunions annuelles pour 5 000 développeurs ont presque toujours été le théâtre d'annonces matérielles. Au fil des éditions, les iPhone y sont venus et en sont repartis. Les plannings de lancement fluctuants d'Intel ont probablement aussi obligé Apple à s'adapter, tantôt il y avait des Mac, tantôt non.

Sans présager de ce que la Pomme a sous le coude pour sa conférence de juin 2015, voici les matériels qui furent lancés ces dix dernières années à ce moment précis de l'année. On y a vu du beau monde.

Qu'y avait-il sous cette bâche noire de la WWDC 2006 ? La réponse en fin d'article — crédit FI

2014

L'année dernière, Apple a fait en sorte de nous contredire. Du matériel, il y a eu cet été là, mais il ne méritait pas les projecteurs de ce rendez-vous très médiatisé. 15 jours après la WWDC, Apple ajoutait un iMac 21,5" d'entrée de gamme sur son Store ainsi qu'un iPod touch 16 Go qui retrouvait sa caméra (lire aussi WWDC 2014 : le débriefing des rumeurs). Du menu fretin vite oublié en cette période de vacances.

2013

« On ne sait plus innover ? Mon cul ! ». Avec un art consommé de la formule (*), Phil Schiller dévoila un Mac Pro dont personne n'avait imaginé qu'il prendrait la forme d'une poub… d'un cylindre ! Un secret remarquablement bien gardé. Ces derniers temps il n'y a eu que l'Apple Watch dont on a ignoré les lignes jusqu'au dernier moment. Le futur Apple TV garde encore tous ses mystères tandis que le MacBook a fuité chez 9to5mac quelques semaines avant d'être révélé.

Le petit Mac Pro n'était pas venu seul, il était accompagné des MacBook Air équipés des puces "Haswell" d'Intel. Pas beaucoup de puissance dans le moteur mais une résistance de chameau pour les longs périples loin d'une prise de courant. Il y en eut aussi pour les périphériques : rappelez-vous les bornes AirPort mises à jour pour le 802.11ac et surtout habillées d'un design inédit, tout vertical, comme un presse-papiers.

2012

Pas de nouveau matériel aux WWDC, vraiment ? Ah bon… Pour l'édition 2012 nos porte-monnaies ont été mis à rude épreuve : le premier MacBook Pro Retina et des MacBook Air rafraîchis sur leurs processeurs, puce graphique et ports USB passés en version 3. Si l'on n'avait pas trop de sous, on pouvait se rabattre sur la toute nouvelle AirPort Express qui reprenait le design de l'Apple TV mais peinte en blanc.

2011

Cette année, les ingénieurs matériels ont regardé ce keynote les orteils en éventail. Il n'y en a eu que pour OS X Lion, iOS 5, iCloud et le petit nouveau : iTunes Match. C'est le mois suivant, en juillet, qu'Apple a tiré un autre feu d'artifice sous le signe du Thunderbolt. On en trouvait sur l'écran 27", des Mac mini et des MacBook Air qui récupéraient aussi un trackpad multitouch en verre ainsi qu'un clavier rétro-éclairé. Ce fut la dernière WWDC de Steve Jobs. Le patron d'Apple annonçait sa démission à la fin août. Il devait disparaître en octobre, au lendemain de la présentation de l'iPhone 4S par Tim Cook.

Steve Jobs et son épouse — Crédit : Léa Suzuki

2010

Pas de Mac flambant neuf mais un grand téléphone : l'iPhone 4. Probablement l'un des plus beaux smartphones modernes jamais dessinés. Un téléphone équipé du premier écran "Retina" et un modèle qui fut à l'origine de l'une des plus fameuses fuites de l'industrie high-tech, lorsque Gizmodo en montra les premières photos au mois d'avril. Cet iPhone devait aussi sortir en blanc. Mais après avoir été repoussé à juillet ce n'est qu'en mai 2011 qu'il fut enfin commercialisé et testé. Détail, c'est depuis cette WWDC que l'on ne dit plus iPhone OS mais iOS.

2009

Une pincée d'iPhone, une pincée de Mac, il y en a eu pour tout le monde cette année là. Des MacBook Pro 13" (ex MacBook) et 15" équipés d'une batterie non amovible, comme le 17" avant eux. Les MacBook Air furent aussi améliorés à cette occasion. Si l'on était plutôt téléphone, on pouvait s'offrir l'iPhone 3Gs avec iPhone OS 3 dont deux des nouveautés étaient assez incroyables à l'époque : couper/copier/coller et gestion des MMS.

2008

C'était l'année d'iPhone 2.0 qui suivait la sortie toute récente d'un SDK pour créer des apps enfin natives.

Cette WWDC accueillait l'iPhone 3G, capable d'accrocher des réseaux plus rapides, de prendre des photos et d'orienter l'utilisateur avec un GPS. Son design avait changé, plus arrondi et tout plastique. « Deux fois plus puissant pour moitié moins cher », ainsi l'annonçait Apple.

crédit : RoughlyDrafted

2007

La migration vers Intel avait été couronnée de succès. Steve Jobs avait invité son homologue Paul Otellini à venir sur scène pour lui remettre un disque commémoratif, réalisé par Jonathan Ive. Ce fut la seule évocation du Mac, à l'exception de la présentation de Leopard. Le One More Thing fut pour l'iPhone dont le premier modèle allait être commercialisé 18 jours plus tard, le 29 juin.

Apple et Intel réunis — crédit : Ben Stanfield

Steve Jobs annonça aux développeurs qu'ils allaient pouvoir concevoir, pour cette nouvelle plateforme mobile, des apps… web. Grâce au moteur de Safari intégré au système. Redonnons l'explication donnée alors par le patron d'Apple, pour le plaisir et pour rappeler à quel point tout a changé depuis :

Vous pouvez développer d'incroyables applications Web 2.0 et AJAX qui ressemblent et se comportent exactement comme les applications livrées avec l'iPhone. Et ces applications peuvent parfaitement s'intégrer avec les services de l'iPhone. Elles peuvent passer un appel, consulter les emails, regarder un emplacement sur Google Maps… Ne vous inquiétez pas pour leur distribution, mettez-les simplement sur un serveur internet. Elles seront faciles à mettre à jour, il suffit de les mettre à jour sur votre serveur. Elles seront en sécurité et fonctionneront de manière sécurisée, sandboxées sur l'iPhone. Et devinez quoi, il n'y a pas de SDK, vous n'en avez pas besoin ! Vous avez déjà tout ce qu'il vous faut, dès lors que vous savez écrire des applications web modernes…

La blague…

2006

Petite exception au calendrier, cette WWDC se déroula en plein milieu du mois d'août. Le Mac avait déjà bien entamé sa transition vers Intel annoncée lors de la WWDC 2005. Phil Schiller envoya donc le Power Mac G5 à la retraite, remplacé par le premier Mac Pro (caché sous cette bâche, en début d'article). Même design massif en aluminium mais des processeurs Xeon d'Intel à l'intérieur, allant jusqu'à 3 GHz. Une fréquence dont ne pouvaient que rêver les PowerPC. Les Xserve sur Xeon furent aussi de la partie et les Cinema Display 30, 23 et 20" baissèrent de prix.

Sans la bâche noire

Concluons sur quelques brefs exemples. Le Cinema HD 30" de la WWDC 2004, un écran de 2560 x 1600 vendu 3 299 $. Il était entouré par les plus petits modèles en 20 et 23". La WWDC 2003 fut celle du PowerPC G5 fabriqué avec IBM et logé dans un Power Mac au tout nouveau châssis, lequel fut gardé jusqu'en 2013. En somme, bien peu de WWDC ne firent pas une petite place à du matériel.

(*) On nous a raconté il y a quelques temps que Phil Schiller avait prévenu ses camarades de la direction d'Apple qu'il allait se fendre de cette exclamation très fleurie. Il leur avait demandé leur assentiment et reçu leur feu vert. Seulement, ces derniers pensaient qu'il plaisantait…

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