Apple et Tesla : la course au débauchage

Mickaël Bazoge |

Le temps où les grandes entreprises de la Silicon Valley s'entendaient discrètement pour ne pas débaucher leurs employés est bien terminé (par une entente à 415 millions de dollars). Les talents sont rares, et il faut aligner les arguments pour les attirer. Apple et Tesla, le constructeur d'automobiles électriques, se sont lancés dans une course aux ingénieurs, chacun tentant de débaucher chez l'autre et vice-versa (lire : Tesla débauche à la tête de l'équipe Mac).

Elon Musk, le patron de Tesla, explique à Bloomberg que la philosophie des deux entreprises est assez proche, ce qui explique les tentatives pour piquer les têtes bien faites qui bûchent à Cupertino (lire : Pourquoi Apple n'achètera pas Tesla). Sur les 6 000 employés de Tesla, au moins 150 proviennent d'Apple, plus qu'aucune autre entreprise. La plupart de ces ingénieurs expliquent leur décision de quitter la Pomme par l'intérêt de développer des voitures (qui sont largement motorisées par des systèmes informatiques) et… le CEO. La réputation de Musk est assez proche de celle de Steve Jobs : obsession du détail et tempérament difficile, deux qualités qui visiblement, plaisent aux ingénieurs. Adam Jonas, analyste de Morgan Stanley spécialisé dans l'industrie automobile explique :

Elon m'a expliqué qu'il était facile pour lui d'embaucher quelqu'un venant d'Apple, parce que lors du processus d'embauche pour un ingénieur logiciel sérieux — un atout humain important — il rencontre la personne et il se prend pour un geek. Ils parlent de trucs logiciel et de codage.

En fait, Tesla attire les mêmes talents qu'Apple, et inversement. L'influence de la Pomme dans les produits du constructeur automobile se perçoit par exemple dans la tablette de 17 pouces qui fait office de tableau de bord tactile dans les véhicules de la marque. Le logiciel et son interface ont été développés par des anciens d'Apple : une Tesla ressemble plus à un iPhone qu'une Ford, explique, amusé, un consultant en design qui travaille pour les deux sociétés.

Au delà des produits en eux mêmes, l'influence d'Apple chez Tesla se voit aussi dans les magasins du constructeur auto, mais également dans d'autres aspects plus techniques comme l'installation de l'usine géante de batteries : Musk s'est intéressé à Mesa, dans l'Arizona, là même où Apple a investi dans l'usine de GT Advanced — qui va finalement se convertir en centre de données. Lors des rencontres avec les officiels de la ville, il n'a pas été nécessaire de rappeler le précédent avec Apple : l'équipe de Tesla en charge du dossier, constitué de plusieurs anciens de la Pomme, connaissait déjà parfaitement comment Apple avait négocié son installation.

L'intelligence se trouvant du côté de San Francisco et de la Silicon Valley, les constructeurs auto ont commencé à s'installer dans la Bay Area, ce qui fait grimper les enchères. Lors de l'ouverture d'un bureau dans le coin, Ford n'a pas manqué de faire savoir qu'il avait débauché un ingénieur d'Apple — il fallait faire courir le bruit dans la Silicon Valley que Ford était dans la place.

Apple n'est pas en reste pour débaucher les talents de Tesla. Le constructeur de Cupertino n'hésite pas à aligner les dollars, avec des bonus de 250 000$ et des augmentations de salaires de 60%. « Apple tente vraiment de recruter parmi le personnel de Tesla », explique Elon Musk. « Mais en fait ils n'ont pas recruté beaucoup de personnes chez nous ».

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