Le lancement de l'iPhone 6 à Hong-Kong a été l'occasion d'une manifestation pour pointer du doigt les conditions de sa fabrication. L'association locale Sacom (Students and Scholars Against Corporate Misbehavior) a déployé une grande bâche sur la façade de l'immense Apple Store de l'IFC Mall. Ce magasin surplombe d'importantes voies de circulation, offrant une ample visibilité au message.

Celui-ci jouait sur le slogan d'Apple — iPhone 6 Bigger than Bigger — en le transformant en iSlave 6 Harsher and Harsher (dur, sévère…) et réaffirmant que ces téléphones étaient fabriqués dans de véritables « ateliers de misère ».

Sacom publie en parallèle un rapport qui fait le point sur les conditions de travail chez Pegatron [PDF]. C'est lui qui est accusé de manquer à ses obligations. Pegatron est l'un des assembleurs de l'iPhone, en appui pour Foxconn. Des observations et témoignages ont été recueillis auprès de 103 salariés, sur 3 sites, entre octobre 2013 et août 2014. Pegatron, explique Sacom, peut employer jusqu'à 80 000 personnes pendant les périodes de pointe, l'âge moyen des ouvriers allant de 18 à 25 ans.

Les critiques portent essentiellement sur 5 points.

• Les durées de travail : les ouvriers travaillent jusqu'à 10 semaines sans aucune interruption pour un jour de repos durant la haute saison. Ils travaillent souvent 12 à 15 heures par jour, voire 17 à 18 heures ;
• Sécurité : il a été relevé une absence parfois d'équipements de protection sur certains postes difficiles ou dangereux (environnement sonore élevé, manipulation de produits chimiques). Des cas d'évanouissements sur les lignes de production ont été rapportés.
• Frais indus : des candidats ont eu à payer leurs propres examens de santé lors de leur embauche, alors que l'employeur est tenu de le faire.
• Obstacles aux démissions : des salariés qui ont voulu démissionner devaient attendre au minimum 15 jours avant de recevoir une réponse de Pegatron, ce qui les a obligés à partir plus tôt, sans documents et en perdant le bénéfice salarial de ce temps compté mais non payé.
• Enfin, Pegatron dépasserait le quota autorisé des embauches à durée déterminée, plus favorables pour lui sur un plan économique. Au lieu de recourir à des emplois plus stables.

Cette intervention publique à Hong-Kong avait pour but de mettre en lumière ces constats et d'amener Apple à contrôler davantage encore son fournisseur. Sacom ne s'intéresse pas uniquement à l'iPhone, l'association a par exemple fustigé la manière dont étaient fabriqués les jeans de marques comme Hollister, Gap, Levi's ou H&M.