Apple vs Samsung : les brevets opportunistes de Samsung

Mickaël Bazoge |

Samsung continue de déployer ses arguments dans le procès qui l'oppose à Apple. La ligne de défense du constructeur coréen est de tout faire pour démonétiser les cinq brevets d'Apple qu'il aurait enfreint, et pour lesquels la Pomme réclame 2,2 milliards de dollars de dommages et intérêts. Samsung a ainsi appelé à la barre Judith Chevalier, professeur de finance et d'économie à l'université de Yale, qui a expliqué en quoi Apple avait grossièrement surévalué la valeur de ses brevets (lire : Apple v Samsung : d'où viennent les 2 milliards demandés par Apple ?).

D'après cette spécialiste, les royalties demandées par Apple sur ses inventions utilisées indûment par Samsung devraient être de 1,75$ par terminal vendu, bien moins donc des 40$ estimés par Apple. Pour parvenir à ce résultat, elle a procédé à un calcul que d'aucuns qualifieront de baroque, en procédant à l'analyse de 66 tests parus dans 22 médias; les cinq brevets, qui recouvrent des fonctions comme le glisser pour déverrouiller ou la recherche universelle, y sont mentionnés à hauteur de 1,07%. « La valeur produite par ces brevets est négligeable », assène t-elle. En tout et pour tout, Apple ne devrait réclamer que 38,4 millions de dollars, bien loin donc des 2 milliards demandés.

Samsung reproche également à Apple d'avoir enfreint deux de ses brevets, pour lequel la société demande un dédommagement de 6,9 millions de dollars. Les avocats du constructeur sont passés à l'attaque dans ce volet du procès, en pointant d'abord du doigt FaceTime : d'après Samsung, chaque utilisateur iOS qui passe un appel vidéo avec FaceTime (sur un réseau cellulaire) se rend coupable d'infraction à un de ses brevets, tout comme celui qui envoie un message vidéo par Mail ou Message.

L'autre brevet en question concerne les galeries photo, notamment lorsque les images et vidéos sont regroupées au sein de dossiers et d'albums. Ce brevet a été inventé par Hitachi en 1997 et n'est la propriété de Samsung que depuis 2011 - le créateur des Galaxy n'a donc pas inventé la technologie en question. C'est aussi le cas du premier brevet acquis en 2010 pour 2,39 millions de dollars - coïncidence, c'est également la même année où Apple lançait FaceTime sur iPhone 4… Les avocats d'Apple n'ont pas manqué de souligner la rouerie de Samsung : il s'agit selon eux d'acquisitions opportunistes, uniquement destinées à muscler la défense du constructeur asiatique. Par contraste, deux des brevets d'Apple ont été déposés le jour même où Cupertino présentait l'iPhone, et sont des technologies maison.

Apple va continuer à répondre aux arguments de Samsung cette semaine; puis, à partir de lundi, les deux parties disposeront de deux heures chacune pour conclure leurs plaidoiries avant que le jury ne délibère.

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