Apple v Samsung : d'où viennent les 2 milliards demandés par Apple ?

Mickaël Bazoge |

D'où viennent les 2 milliards de dollars réclamés par Apple dans le cadre de son nouveau procès contre Samsung ? Le constructeur de Cupertino a fait témoigner deux experts. Il y a Christopher Vellturo, économiste au MIT, qui a justement planché pour Apple sur le dédommagement que l'entreprise peut demander pour l'infraction aux cinq brevets reprochée à Samsung. Puis John Hauser, un vieux routier de la justice américaine (plus de 50 procès en qualité d'expert), qui avait déjà témoigné en 2012.

Le Galaxy SIII fait partie des smartphones Samsung qu'Apple accuse d'infraction à ses brevets.

La somme, qui est de précisément 2,191 milliards de dollars (1,58 milliard d'euros), a été calculée suivant deux sondages en ligne, réalisés par Hauser auprès de deux échantillons de consommateurs de produits Samsung : 507 utilisateurs de smartphones d'une part, 459 utilisateurs de tablettes de l'autre. Pour élaborer ces questionnaires, Hauser a utilisé une technique courante dans le milieu automobile, c'est à dire avec l'ajout de questions de « distraction » (21 en l'occurrence), portant sur des éléments techniques qui n'ont rien à voir avec ceux faisant l'objet des poursuites : modes de prises de vue pour les appareils photo, tailles d'écrans, fonction de conférence téléphonique…

Les résultats de ces sondages montrent que les consommateurs interrogés seraient prêts à payer de 32 à 102$ pour des fonctions comme la recherche universelle, la correction automatique des mots ou le glisser pour déverrouiller - ces trois fonctions sont justement au coeur des débats puisqu'ils font partie des brevets qu'Apple accuse Samsung d'enfreindre. Ces dépenses seraient étalées sur la durée de l'abonnement avec l'opérateur (jusqu'à 24 mois).

Le système de suggestion de mots d'iOS est une fonction pour laquelle les utilisateurs de produits Samsung seraient prêts à payer.

Au début du procès, Apple a expliqué vouloir récupérer de 33 à 40$ sur chacun des terminaux Samsung dans le box des accusés, vendus entre août 2011 et décembre 2013 (soit 37 millions de smartphones et de tablettes). Une période durant laquelle le marché a connu une forte croissance « parce que beaucoup de gens achetaient des smartphones, donc c'était une période particulièrement pertinente pour les infractions de Samsung », a déclaré Vellturo devant la cour. Des ventes réalisées par le constructeur coréen, et pas par Apple qui est à l'origine des fonctions plébiscitées par les clients de Samsung sondés.

Le groupe sud-coréen maintient toutefois que cette estimation est une « grossière exagération » de la valeur des brevets Apple. Rappelons que Samsung reproche à Cupertino l'infraction à deux de ses brevets, et réclame 6,9 millions de dollars. Vendredi, Apple en aura terminé avec l'exposé de ses arguments. Ce sera ensuite à Samsung de présenter les siens au jury.

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