Hadopi veut s’intégrer aux systèmes d’exploitation

Nicolas Furno |
Le dernier rapport de la Commission Hadopi devrait faire beaucoup de bruit. Ce rapport envisage plusieurs solutions de filtrage pour empêcher les internautes de se rendre sur les sites qui proposent du contenu illégal. Parmi ces solutions, l’installation d’un logiciel ou d’un simple plug-in est envisagée, mais comme elle resterait optionnelle, son efficacité est contestée. La meilleure solution envisagée est plus radicale : forcer les éditeurs de systèmes d’exploitation à intégrer eux-mêmes la solution de filtrage.

En clair, l’Hadopi voudrait forcer Microsoft pour Windows, Apple pour OS X, mais aussi Google pour Android et même les différents éditeurs de distributions Linux, à implémenter, dans leurs systèmes, un filtre. Ce dernier empêcherait l’utilisateur de visiter les sites placés sur une liste noire et comme ce filtre serait installé au cœur du système d’exploitation, les utilisateurs ne pourraient pas le contourner.

On retrouve ici l’idée et le fonctionnement de la liste anti-malware implantée désormais dans OS X et qu’Apple peut mettre à jour à distance pour bloquer l’ouverture de logiciels malveillants. Sauf que la liste ne servirait plus à éviter le lancement d’un malware, mais elle empêcherait l’utilisateur d’ouvrir certains sites, avec tous les risques de dérive que cela implique. Sans même parler de ce problème de contrôle par le pouvoir politique de ce que l’on peut, et ne peut pas, faire avec son ordinateur, cette mesure ne pénaliserait que ceux qui n’ont aucune connaissance en informatique.




Sauf à imposer en France des systèmes d’exploitation totalement fermés, un tel filtre pourra toujours être contourné et même supprimé totalement. Même la liste anti-malwares mise en place par Apple peut être supprimée et ses mises à jour désactivées. On voit mal l’Hadopi réussir à convaincre les éditeurs de mettre en place une solution plus contraignante et on ne parle même pas des distributions Linux, parfois développées non pas par un acteur unique, mais par des milliers de contributeurs anonymes qui ne peuvent pas être contrôlés.

D’après Numerama, cette suggestion ne fait pas l’unanimité au sein même de la Commission et le site rappelle au passage que ce rapport n’a pas encore été adopté officiellement. Même si le ridicule ne tue pas, souhaitons aux responsables de l’Hadopi qu’ils reviennent sur cette idée qui semble totalement farfelue…
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